La maison d'opéra de Maurice Xiberras programme en cette fin de mois deux œuvres de Jules Massenet. Ce sera "Manon", son grand œuvre, pour quatre représentations et sa suite moins connue (dont l'intrigue se situe trente ans après) avec "Le portrait de Manon", le 3 octobre, mettant en scène un Chevalier Des Grieux âgé de cinquante ans. Pour interpréter le jeune Des Grieux dans "Manon" - œuvre la plus appréciée avec "Werther" du compositeur français - pouvait-on rêver mieux que le ténor Sébastien Guèze ? Assurément non.
Christine Ducq : Comment les répétitions se passent-elles ?
Sébastien Guèze - Très bien ! Je suis arrivé il y a une semaine (début septembre NDLR) et j'ai répété toutes les scènes intimes entre Des Grieux et Manon en tête à tête avec Patrizia Ciofi. L'équipe des solistes est arrivée hier (le 7 septembre NDLR). C'est magique de jouer avec Patrizia !
Christine Ducq : Comment les répétitions se passent-elles ?
Sébastien Guèze - Très bien ! Je suis arrivé il y a une semaine (début septembre NDLR) et j'ai répété toutes les scènes intimes entre Des Grieux et Manon en tête à tête avec Patrizia Ciofi. L'équipe des solistes est arrivée hier (le 7 septembre NDLR). C'est magique de jouer avec Patrizia !
L'alchimie prend-elle entre vous deux ?
Sébastien Guèze - (Il rit). Si cela se passait toujours comme cela avec mes partenaires… Cela ne s'explique pas. Avec certaines chanteuses, il est inutile de discuter car nous nous comprenons immédiatement. Et, avec Patrizia, c'est le cas et c'est un vrai bonheur. Sur scène, je sens avant elle où elle va aller. Elle est tout de suite dans le personnage, dans ses intentions, dans ses regards. Et je suis très réceptif à cela. On peut vraiment parler d'alchimie, oui !
Comment appréhendez-vous le personnage de Des Grieux ? C'est une prise de rôle de surcroît.
Sébastien Guèze - C'est mon premier Massenet. C'est une étape importante dans ma carrière. Chaque année, je choisis un nouveau rôle assez dense. L'an dernier, c'était Hoffmann (dans "Les Contes d'Hoffmann" à Bonn et Wiesbaden NDLR).
Cette année, c'est donc Des Grieux. J'avance encore à tâtons. Bien entendu, je m'étais préparé quelques repères mais il faut maintenant le construire pas à pas et assurer la continuité du caractère sur scène. C'est la difficulté d'une prise de rôle. Je suis dans une phase de travail, je vois ce que je peux proposer vocalement et physiquement. En tout cas, ce rôle est très bien écrit. En ce qui concerne Des Grieux, comme pour tous ces personnages passionnants du grand répertoire, il faut rendre crédible son évolution sur cinq actes - qui est bien réelle. C'est d'abord un jeune homme sans histoires presque naïf qui rencontre le grand Amour - c'est aussi son premier amour. Il connaît ensuite une grande déception quand Manon le trahit pour suivre le financier Brétigny. Il rejette alors complètement la vie et montre la facette plus sombre de sa personnalité avant de renaître à la fin avec son adorée tel un phénix.
Il est passionnant d'interpréter ces différents états, de la légèreté du début à la passion. Puis survient la rage de l'abandon puis la colère dans l'acte des jeux - on pense à Don José à ce moment - jusqu'à la rédemption finale.
Sébastien Guèze - (Il rit). Si cela se passait toujours comme cela avec mes partenaires… Cela ne s'explique pas. Avec certaines chanteuses, il est inutile de discuter car nous nous comprenons immédiatement. Et, avec Patrizia, c'est le cas et c'est un vrai bonheur. Sur scène, je sens avant elle où elle va aller. Elle est tout de suite dans le personnage, dans ses intentions, dans ses regards. Et je suis très réceptif à cela. On peut vraiment parler d'alchimie, oui !
Comment appréhendez-vous le personnage de Des Grieux ? C'est une prise de rôle de surcroît.
Sébastien Guèze - C'est mon premier Massenet. C'est une étape importante dans ma carrière. Chaque année, je choisis un nouveau rôle assez dense. L'an dernier, c'était Hoffmann (dans "Les Contes d'Hoffmann" à Bonn et Wiesbaden NDLR).
Cette année, c'est donc Des Grieux. J'avance encore à tâtons. Bien entendu, je m'étais préparé quelques repères mais il faut maintenant le construire pas à pas et assurer la continuité du caractère sur scène. C'est la difficulté d'une prise de rôle. Je suis dans une phase de travail, je vois ce que je peux proposer vocalement et physiquement. En tout cas, ce rôle est très bien écrit. En ce qui concerne Des Grieux, comme pour tous ces personnages passionnants du grand répertoire, il faut rendre crédible son évolution sur cinq actes - qui est bien réelle. C'est d'abord un jeune homme sans histoires presque naïf qui rencontre le grand Amour - c'est aussi son premier amour. Il connaît ensuite une grande déception quand Manon le trahit pour suivre le financier Brétigny. Il rejette alors complètement la vie et montre la facette plus sombre de sa personnalité avant de renaître à la fin avec son adorée tel un phénix.
Il est passionnant d'interpréter ces différents états, de la légèreté du début à la passion. Puis survient la rage de l'abandon puis la colère dans l'acte des jeux - on pense à Don José à ce moment - jusqu'à la rédemption finale.
Est-il difficile de passer par tous ces sentiments ?
Sébastien Guèze - Oui, mais c'est aussi ce que j'adore chanter. Entre l'enlèvement de Manon à la fin de l'acte II et l'entrevue du séminaire de Saint-Sulpice à l'acte III, il se passe théoriquement deux ans. Il faut savoir amener les changements de registres du personnage de façon très discrète et qu'ils paraissent naturels. Je dois varier les couleurs et l'énergie selon les scènes. Tout est de toute façon déjà présent dès le début de l'opéra et une tension est au cœur de la vibration romantique du personnage. Massenet écrit remarquablement.
Allez-vous prochainement chanter "Werther".
Sébastien Guèze - Oui, c'est prévu en 2017.
Les critiques ont longtemps été condescendants avec Massenet et son opéra "Manon" a même été qualifié de "petit chef-d'œuvre" écrit par "un petit maître". Qu'en pensez-vous ?
Sébastien Guèze - (Il rit). Je veux bien avoir le dixième de son talent ! Ses opéras ont de surcroît longtemps fait peur aux maisons lyriques - même si "Manon" a toujours été un succès. Cela dit, ce sont des opéras difficiles à produire car ce sont des œuvres grandioses au contraire - qui nécessitent beaucoup de moyens en termes d'équipes, de décors et de costumes. Le "Manon" de Massenet, c'est trois heures de musique très belle - avec des passages sublimes même. Ce "petit chef-d'œuvre" va être joué ici à Marseille à guichets fermés !
J'en suis heureux car cette maison est la première à m'avoir fait confiance. J'ai chanté ici Gastone (de Létorières NDLR) dans "La Traviata" alors que j'étais encore étudiant au conservatoire à Paris. Je suis retourné ensuite à l'Opéra de Marseille à la fin de mes études pour chanter le rôle d'Arturo dans "Lucia di Lammermoor" de Donizetti. J'avais seulement une petite scène avec Patrizia Ciofi qui chantait Lucia et c'était ma première rencontre avec elle. Je me suis dit déjà à cette époque qu'elle était ébouriffante ! Elle arrivait et en un regard me saisissait. C'était terrible ! Je me disais alors que ce serait un vrai bonheur de partager plus de scènes avec elle. C'était il y a dix ans. Je mesure avec tendresse le chemin parcouru. Je suis vraiment très heureux de vivre cette aventure scénique avec elle aujourd'hui.
Sébastien Guèze - Oui, mais c'est aussi ce que j'adore chanter. Entre l'enlèvement de Manon à la fin de l'acte II et l'entrevue du séminaire de Saint-Sulpice à l'acte III, il se passe théoriquement deux ans. Il faut savoir amener les changements de registres du personnage de façon très discrète et qu'ils paraissent naturels. Je dois varier les couleurs et l'énergie selon les scènes. Tout est de toute façon déjà présent dès le début de l'opéra et une tension est au cœur de la vibration romantique du personnage. Massenet écrit remarquablement.
Allez-vous prochainement chanter "Werther".
Sébastien Guèze - Oui, c'est prévu en 2017.
Les critiques ont longtemps été condescendants avec Massenet et son opéra "Manon" a même été qualifié de "petit chef-d'œuvre" écrit par "un petit maître". Qu'en pensez-vous ?
Sébastien Guèze - (Il rit). Je veux bien avoir le dixième de son talent ! Ses opéras ont de surcroît longtemps fait peur aux maisons lyriques - même si "Manon" a toujours été un succès. Cela dit, ce sont des opéras difficiles à produire car ce sont des œuvres grandioses au contraire - qui nécessitent beaucoup de moyens en termes d'équipes, de décors et de costumes. Le "Manon" de Massenet, c'est trois heures de musique très belle - avec des passages sublimes même. Ce "petit chef-d'œuvre" va être joué ici à Marseille à guichets fermés !
J'en suis heureux car cette maison est la première à m'avoir fait confiance. J'ai chanté ici Gastone (de Létorières NDLR) dans "La Traviata" alors que j'étais encore étudiant au conservatoire à Paris. Je suis retourné ensuite à l'Opéra de Marseille à la fin de mes études pour chanter le rôle d'Arturo dans "Lucia di Lammermoor" de Donizetti. J'avais seulement une petite scène avec Patrizia Ciofi qui chantait Lucia et c'était ma première rencontre avec elle. Je me suis dit déjà à cette époque qu'elle était ébouriffante ! Elle arrivait et en un regard me saisissait. C'était terrible ! Je me disais alors que ce serait un vrai bonheur de partager plus de scènes avec elle. C'était il y a dix ans. Je mesure avec tendresse le chemin parcouru. Je suis vraiment très heureux de vivre cette aventure scénique avec elle aujourd'hui.
Qu'allez-vous chanter cette saison ?
Sébastien Guèze - Après "Manon" est prévu "Rigoletto" au Mexique - quasiment une prise de rôle puisque je l'ai chanté, il y a très longtemps, en remplacement d'un ténor souffrant. Après la reprise des "Mousquetaires au couvent" à Toulon, je chanterai Gaston de Béarn dans "Jérusalem" de Verdi à Bonn en janvier-février 2016. En avril, "Le Roi d'Ys" à Saint-Étienne, puis en mai "Roméo et Juliette" à Hong-Kong.
J'essaie de chanter au moins la moitié de l'année en France et de promouvoir une œuvre atypique ou nouvelle. L'an dernier, c'était "Un amour en guerre" à Metz, cette année, ce sera cet opéra mal connu de Verdi "Jérusalem".
Interview réalisée le 8 septembre 2015.
Sébastien Guèze - Après "Manon" est prévu "Rigoletto" au Mexique - quasiment une prise de rôle puisque je l'ai chanté, il y a très longtemps, en remplacement d'un ténor souffrant. Après la reprise des "Mousquetaires au couvent" à Toulon, je chanterai Gaston de Béarn dans "Jérusalem" de Verdi à Bonn en janvier-février 2016. En avril, "Le Roi d'Ys" à Saint-Étienne, puis en mai "Roméo et Juliette" à Hong-Kong.
J'essaie de chanter au moins la moitié de l'année en France et de promouvoir une œuvre atypique ou nouvelle. L'an dernier, c'était "Un amour en guerre" à Metz, cette année, ce sera cet opéra mal connu de Verdi "Jérusalem".
Interview réalisée le 8 septembre 2015.
Mardi 29 septembre, vendredi 2, mercredi 7 octobre 2015 à 20 h.
Dimanche 4 octobre 2015 à 14 h 30.
Opéra de Marseille,
2, rue Molière, Marseille 1er.
Tél. : 04 91 55 11 10 ou 04 91 55 20 43.
>> opera.marseille.fr
"Manon" (1884)
Opéra en cinq actes.
Musique de Jules Massenet.
Livret de H. Meilhac et P. Gilles d'après le roman de l'abbé Prévost.
Alexander Joël, direction musicale.
Renée Auphan et Yves Coudray, mise en scène.
Dimanche 4 octobre 2015 à 14 h 30.
Opéra de Marseille,
2, rue Molière, Marseille 1er.
Tél. : 04 91 55 11 10 ou 04 91 55 20 43.
>> opera.marseille.fr
"Manon" (1884)
Opéra en cinq actes.
Musique de Jules Massenet.
Livret de H. Meilhac et P. Gilles d'après le roman de l'abbé Prévost.
Alexander Joël, direction musicale.
Renée Auphan et Yves Coudray, mise en scène.
Patrizia Ciofi, Manon.
Sébastien Guèze, le Chevalier des Grieux.
Jennifer Michel, Pousette.
Jeanne-Marie Lévy, Rosette.
Antoinette Dennenfeld, Javotte.
Etienne Dupuis, Lescaut.
Nicolas Cavallier, le Comte Des Grieux.
Christophe Gay, De Brétigny.
Rodolphe Briand, Guillot de Morfontaine.
Patrick Delcour, L'hôtelier.
Orchestre et Chœur de l'Opéra de Marseille.
Compagnie Julien Lestel.
Retransmission en direct le 2 octobre 2015 sur Radio Classique.
Sébastien Guèze, le Chevalier des Grieux.
Jennifer Michel, Pousette.
Jeanne-Marie Lévy, Rosette.
Antoinette Dennenfeld, Javotte.
Etienne Dupuis, Lescaut.
Nicolas Cavallier, le Comte Des Grieux.
Christophe Gay, De Brétigny.
Rodolphe Briand, Guillot de Morfontaine.
Patrick Delcour, L'hôtelier.
Orchestre et Chœur de l'Opéra de Marseille.
Compagnie Julien Lestel.
Retransmission en direct le 2 octobre 2015 sur Radio Classique.