Une "Carmen" pour ouvrir la saison du Grand Théâtre de Genève - encore une, me direz-vous. Outre que l'on ne se lasse pas d'écouter et de réécouter cette superbe partition, la production de la chorégraphe Reinhild Hoffmann mérite aussi le détour. C'est un des derniers spectacles que l'on pourra voir (durant les quatre prochains mois) dans le joli théâtre éphémère en bois aux senteurs de pin (la structure appelée depuis deux ans Opéra des Nations a été rachetée à la Comédie Française pour accueillir les spectacles durant les travaux de restauration du Grand Théâtre commencés en 2016).
Le Grand Théâtre de Genève, dont la superbe restauration s'achève donc, rouvrira ses portes en février 2019 avec la tétralogie wagnérienne du Ring. Elle marquera le retour des spectacles dans le beau théâtre qui a ouvert ses portes en 1870 et qui a retrouvé son lustre premier en termes de décoration et d'architecture intérieure.
Pour cette nouvelle "Carmen", c'est la fougue et la jeunesse qui triomphent avec de séduisants chanteurs (le cast présentant dans l'ensemble des personnalités convenant parfaitement aux personnages). L'épure domine dans la belle mise en scène de la chorégraphe Reinhild Hoffmann, figure pionnière du Tanztheater. Elle impose d'abord un défi technique aux équipes du théâtre avec une idée magnifiquement réalisée : celle d'installer un gigantesque éventail bleu-nuit, qui se déploie à chaque début d'acte.
Le Grand Théâtre de Genève, dont la superbe restauration s'achève donc, rouvrira ses portes en février 2019 avec la tétralogie wagnérienne du Ring. Elle marquera le retour des spectacles dans le beau théâtre qui a ouvert ses portes en 1870 et qui a retrouvé son lustre premier en termes de décoration et d'architecture intérieure.
Pour cette nouvelle "Carmen", c'est la fougue et la jeunesse qui triomphent avec de séduisants chanteurs (le cast présentant dans l'ensemble des personnalités convenant parfaitement aux personnages). L'épure domine dans la belle mise en scène de la chorégraphe Reinhild Hoffmann, figure pionnière du Tanztheater. Elle impose d'abord un défi technique aux équipes du théâtre avec une idée magnifiquement réalisée : celle d'installer un gigantesque éventail bleu-nuit, qui se déploie à chaque début d'acte.
Cet éventail sert aussi d'écran pour des vidéos qui ponctuent les péripéties de cette tragédie : une rose dans l'éclat de sa beauté se fane ensuite avant de se répandre en pétales au sol - métaphorisant les stades de la passion liant Carmen et Don José. Le plateau, quant à lui, plongé dans des ténèbres quasi constante (sauf à l'acte IV pour la parade), se présente comme un espace débarrassé du superflu, plus ou moins occupé selon les actes par de grandes tables de bois clair servant de portes, d'estrades ou de murs d'arène et ce, sur un tapis sombre, sorte de tapis noir mêlé à un brillant mica du plus bel effet.
Les beaux costumes d'Andrea Schmidt-Futterer font le choix de l'atemporalité évoquant tout de même le style andalou. Les belles soieries, les corsets, les dentelles côtoient les habits sombres des bohémiens et du peuple. Pour les hommes, se partagent d'un côté les ensembles sombres rappelant l'élégance des hidalgos, et de l'autre des uniformes militaires contemporains. Leurs couleurs splendides rythment cette épure en noir et grège.
Le plateau nu a le mérite de focaliser notre attention sur les relations entre les personnages, dont les mouvements dessinent attractions et répulsions en un véritable ballet. Il semblerait d'ailleurs que Reinhild Hoffmann ait laissé une grande latitude de création aux artistes. L'ensemble dénote une grande compréhension des enjeux de l'œuvre avec un spectacle qui fait de Carmen le taureau de cette tragédie d'arène.
Les beaux costumes d'Andrea Schmidt-Futterer font le choix de l'atemporalité évoquant tout de même le style andalou. Les belles soieries, les corsets, les dentelles côtoient les habits sombres des bohémiens et du peuple. Pour les hommes, se partagent d'un côté les ensembles sombres rappelant l'élégance des hidalgos, et de l'autre des uniformes militaires contemporains. Leurs couleurs splendides rythment cette épure en noir et grège.
Le plateau nu a le mérite de focaliser notre attention sur les relations entre les personnages, dont les mouvements dessinent attractions et répulsions en un véritable ballet. Il semblerait d'ailleurs que Reinhild Hoffmann ait laissé une grande latitude de création aux artistes. L'ensemble dénote une grande compréhension des enjeux de l'œuvre avec un spectacle qui fait de Carmen le taureau de cette tragédie d'arène.
Côté distribution, on peut regretter les problèmes de prononciation de la langue française de certains artistes (et diablement dans les dialogues parlés de cet opéra-comique). Même la Carmen incendiaire de la mezzo russe Ekaterina Sergeeva n'est pas toujours exempte de reproches (avec l'habituel problème posé par les voyelles, consonnes et semi-consonnes nasales et orales), mais son tempérament volcanique, son engagement scénique et une voix bien projetée à l'ample tessiture emportent la partie.
Face à elle Sébastien Guèze est un juvénile Don José, lumineux et fragile. Son timbre solaire illumine la soirée. Et le ténor sait faire évoluer son personnage de l'indifférence souriante à une détermination mortifère, qui lui fera suivre le chemin aride d'un martyr de la passion se faisant assassin. Si le ténor a semblé parfois en proie au trac des premières avec ce léger problème fragilisant la ligne vocale : les E non muets avalés dans l'air "La fleur que tu m'avais jetée", par exemple. Il ose par le même temps des effets dynamiques fort réussis pour l'expressivité avec ce souffle piano qui se relance en un forte sensationnel dans le final de ce même air mythique. Dans le dernier acte, il se montre bouleversant : nul doute que le ténor se montrera parfait dans les prochaines soirées.
Face à elle Sébastien Guèze est un juvénile Don José, lumineux et fragile. Son timbre solaire illumine la soirée. Et le ténor sait faire évoluer son personnage de l'indifférence souriante à une détermination mortifère, qui lui fera suivre le chemin aride d'un martyr de la passion se faisant assassin. Si le ténor a semblé parfois en proie au trac des premières avec ce léger problème fragilisant la ligne vocale : les E non muets avalés dans l'air "La fleur que tu m'avais jetée", par exemple. Il ose par le même temps des effets dynamiques fort réussis pour l'expressivité avec ce souffle piano qui se relance en un forte sensationnel dans le final de ce même air mythique. Dans le dernier acte, il se montre bouleversant : nul doute que le ténor se montrera parfait dans les prochaines soirées.
Le Moralès de Jérôme Boutillier parvient à joliment exister dès la première scène (la relève de la garde). L'Escamillo d'Ildebrando d'Arcangelo est impressionnant de charisme et de charme. Non moins remarquable aussi le quatuor comique formé par la Frasquita de Melody Louledjan, la Mercédès de Carine Séchaye, le Dancaïre d'Ivan Thirion et le Remendado de Rodolphe Briand. Tous superbes chanteurs, ils colorent leurs personnages de façon unique. Mention à la labilité de l'orchestre transcendé par l'art du chef américain, John Fiore, et aux chœurs maison d'une précision et d'un à propos appréciables.
Spectacle du 10 au 27 septembre 2018.
Opéra des Nations. Grand Théâtre de Genève.
40, avenue de France, Genève (CH).
Tél. : + 41 22 322 50 50.
>> geneveopera.ch
Spectacle du 10 au 27 septembre 2018.
Opéra des Nations. Grand Théâtre de Genève.
40, avenue de France, Genève (CH).
Tél. : + 41 22 322 50 50.
>> geneveopera.ch
"Carmen"
Opéra-comique en 4 actes de Georges Bizet.
Livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, d’après la nouvelle "Carmen" de Prosper Mérimée.
Crée à Paris le 3 mars 1875, à l’Opéra Comique.
Nouvelle production.
Chanté en français avec surtitres anglais et français.
Durée : approx. 3 h 20 (incluant 1 entracte).
Direction musicale : John Fiore.
Mise en scène & scénographie : Reinhild Hoffmann.
Costumes : Andrea Schmidt-Futterer.
Lumières : Alexander Koppelmann.
Opéra-comique en 4 actes de Georges Bizet.
Livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, d’après la nouvelle "Carmen" de Prosper Mérimée.
Crée à Paris le 3 mars 1875, à l’Opéra Comique.
Nouvelle production.
Chanté en français avec surtitres anglais et français.
Durée : approx. 3 h 20 (incluant 1 entracte).
Direction musicale : John Fiore.
Mise en scène & scénographie : Reinhild Hoffmann.
Costumes : Andrea Schmidt-Futterer.
Lumières : Alexander Koppelmann.
© Magali Dougados.