La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Trib'Une

Le Local… Le peps de Sarah pour ouvrir le bal aux autrices

Après avoir donné la parole à Renato Ribeiro, programmateur chaleureux de la Scène Parisienne, c'est à Sarah Pèpe que je consacre cet instant clavier. Toute aussi radieuse que dynamique, elle est de ces artistes qu'on écoute, car son engagement est à la hauteur de son talent. C'est donc une chance que lui aient été laissées les clés du Local dans le quartier Belleville-Fontaine au Roi, à Paris.



© Le Local 2025.
© Le Local 2025.
Lieu dirigé depuis des années par Gabriel Debray qui, lui aussi, a mis toute son énergie et sa passion pour le spectacle dans le seul but de réunir, fédérer et partager de bons moments culturels. L'homme s'en va, la femme arrive. Gabriel quitte le bateau, arrive Sarah, tel un ange vivant du spectacle et des mots. Le Local va, sans nul doute, repartir de plus bel.

J'ai rencontré Sarah Pèpe lors de l'édition du festival d'Avignon 2023. Elle présentait sa création – un grand succès – intitulée "Celle qui ne dit pas a dit" au Théâtre des Lila's. Lieu qui, cette année-là, voyait arriver une nouvelle équipe bien décidée à laisser la place aux artistes féminines. Qu'elles soient actrices, metteures en scène ou autrices. Cette artiste aux multiples talents y a donc déposé ses bagages d'autrice, comédienne et metteure en scène de façon tout à fait logique et naturelle. C'est une habituée des lieux engagés. Et ce lieu dont elle prend les rênes, ne semble vouloir en aucun cas voir modifier ses idées. Réunir, fédérer, partager.

"Celle qui ne dit pas a dit" de Sarah Pèpe (à droite) © Clara Amsellem.
"Celle qui ne dit pas a dit" de Sarah Pèpe (à droite) © Clara Amsellem.
Le Local est une autre naissance pour Sarah Pèpe, elle prend la direction d'un site dans lequel elle est bien décidée à y voir déambuler les artistes femmes pour soutenir leurs créations. Qu'elles soient écrivaines, conteuses, chanteuses, metteures en scène et comédiennes. Elle souhaite du partage, des échanges, de la solidarité et surtout de voir un public nombreux affluer.

C'est un gros bébé, mais ses bras sont solides, il n'y a qu'à se fier à son parcours déjà bien rempli de spectacles et de livres pour le constater. Programmation théâtrale, apéro-lectures, ciné-club, événements particuliers, tout y sera organisé et les propositions ne cessent de lui être envoyées. "Nous", les artistes féminines, avons désormais un lieu où nous adresser en toute simplicité.

Le bal ouvre le 31 janvier avec une inauguration de saison déjà bien garnie. Sarah Pèpe n'a pas chômé, comme on dit. Lors de notre seconde rencontre, au sein même du Local, elle a pris de son temps pour tout m'expliquer. Difficile de tout retranscrire, le principal étant que dans ses yeux, brillants comme une enfant, se dessinait une réelle motivation à faire danser les corps et les visages en leur offrant tous les modes d'expression.

"Celle qui ne dit pas a dit" de Sarah Pèpe © Clara Amsellem.
"Celle qui ne dit pas a dit" de Sarah Pèpe © Clara Amsellem.
Le Local sera une adresse incontournable, je le pressens, je le devine. Donner les clés d'un lieu à une professionnelle qui connaît son sujet est un vrai luxe dont beaucoup devraient s'inspirer. Je pense notamment à celles et ceux qui, de la culture, sont en passe de la massacrer à coups de restriction de budgets. Sarah Pèpe, fraîchement nommée, saura donner le tempo à toutes celles qu'elle aura programmées. J'en mets ma parole d'autrice à couper.

Le lieu est bien placé, non loin du métro Belleville, et lorsque les beaux jours arriveront, se retrouver autour de chansons, de textes, de musique, savourant, après ou avant, un verre offert par la maison, attirera voisins et public curieux.

Le Local, un moment de partage à consommer sans modération dans la bonne humeur, la simplicité et surtout la passion.
Que le vent tourne sur Belleville,
Que la culture nous réunisse et que, de ce "Local", de nombreux spectacles fleurissent.
◙ Isabelle Lauriou

Le Local,
18, rue de l'Orillon, Paris 11ᵉ.
Tél. : 01 46 36 11 89.
Courriel : infos@le-local.net
>> le-local.net

Isabelle Lauriou
Jeudi 16 Janvier 2025

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024