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Avignon 2021

•Off 2021• Ah ! vous dirai-je mamans Sur le féminin chemin de la transmission

Mais quelle est donc cette mystérieuse valise qui se transmet de mère en fille au fil des générations et revêt un sens tout particulier au moment où la future maman va accoucher ? La maternité, point universel, originel et fondateur de l'espèce humaine, est abordée ici avec humour et poésie par Laura Elko, chevauchant avec impertinence la parabole générationnelle et féminine, pour effectuer un passage de la vie de petite fille à celle de femme… non dénué de saines interrogations !



© Alexandre Foulon.
© Alexandre Foulon.
La valise en question lui est transmise le jour des premières règles… Vide ! À remplir avec ? Laura l'ignore. Ce qui manque ? "Trouve et rapporte ce qui te manque fondamentalement, sans quoi tu ne pourras devenir mère à ton tour sans t'attirer un grand malheur." Injonction limite incantatoire, au contenu énigmatique, émise par la mère de la future mère.

Quelques années plus tard, Laura est enceinte, à quelques heures de l'accouchement, avec l'impossibilité récurrente - valable pour toutes les femmes depuis la nuit des temps - de ne jamais pouvoir en définir réellement le nombre… d'heures restant avant la résolution de l'heureux événement !

Dans cette urgence impossible donc à évaluer, reste la nécessité de préparer sa valise, avec ses affaires - les indispensables - plus celles du bébé. En main, la sacro-sainte liste qui conduit aux souvenirs de celles, scolaires et à la rythmique annuelle, qu'il fallait déjà appliquer. Mais c'est aussi se remémorer ces phrases transmises, parfois rituelles, à la petite fille par la maman, de celles qui seraient sans objet pour un garçon.

© Alexandre Foulon.
© Alexandre Foulon.
Dans cette mémoire réactivée, comme pour la valider une dernière fois avant de changer de vie, touchant la fois à l'intime et aux profondes mutations tant physiques que mentales (charge du même nom comprise !), Laura va sortir Adalbert de son coffre, son doudou, mais aussi son confident, son conseilleur !

Laura est ventriloque, et si la marionnette est son double, elle fait aussi office de miroir, de bonne conscience à la Jiminy Cricket. C'est le temps de revisiter ces étapes aux réflexions très féminines et d'aborder la relation avec sa mère. En faire un bilan au moment où on va le devenir.

Et concrétiser, accepter certaines interrogations à venir, spécifiques à la maman, du style : "Est-ce une fille ou un garçon ? Une fille. Un garçon aurait été plus simple, pas la même transmission. Et surtout, le père va adorer sa fille et ça va rendre la mère jalouse ; les enfants, quand ils rigolent, c'est toujours papa, quand ils pleurent, c'est toujours maman ; les bons côtés pour le père, les mauvais pour mère, etc." Questionner, se questionner pour trouver les bonnes raisons de devenir mère. Et ainsi, l'air de rien, la valise se remplit, avec les futures attentes d'une maman en devenir.

Laura Elko est une artiste étonnante aux multiples talents. Elle les a tous ou presque. Auteure, comédienne, chanteuse lyrique, ventriloque. Elle en use au cours de son "seule" en scène avec la mesure, l'élégante retenue des grandes artistes, sans jamais en faire trop… mais suffisamment pour imposer une belle présence sur scène, empreinte de sincérité et de générosité, et emporter le public dans les dédales interrogatifs de la maternité, sans s'y perdre… en concevant tout au long du spectacle son fil d'Ariane personnel.

Femme ou homme, chacun y trouvera le sien. Et si le propos est féministe, il reste ouvert, n'excluant à aucun moment la gent masculine… Surtout au moment (le 1er juillet) où la durée du congé paternité va être doublée !

In fine, s'éclaire pour Laura, sous les feux d'une approche subtilement humoristique et poétique - accompagnée avec intelligence par la metteure en scène Victoire Berger-Perrin -, le sens de la filiation, ce rapport si singulier de mère à fille sans cesse renouvelé, initiant ainsi le cheminement d'une future maman sur la longue route de la transmission… aux étapes parfois inattendues ou encore à inventer pour son propre enfant…

"Ah ! vous dirai-je mamans"

De Laura Elko.
Mis en scène : Victoire Berger-Perrin.
Avec : Laura Elko.
Concepteur lumières : Stéphane Baquet.
Créatrice sonore : Aude Baudassé.
Cie Lâche la proie pour l'ombre.
Durée : 1 h 15.
Spectacle tout public.

Dans le cadre du Phénix Festival
Du 10 juin au 19 juin 2021.
Lundi, Jeudi, Samedi à 19 h.
La Nouvelle Seine, Paris 5e, 01 43 54 08 08.

•Avignon Off 2021•
Du 7 au 31 juillet 2021.
Tous les jours à 16 h 35, relâche les 15 et 22 juillet.
L'Arto Théâtre, 3, rue du Râteau, Avignon.
Réservations : 04 90 82 45 61.
>> theatre-arto.fr

Gil Chauveau
Dimanche 20 Juin 2021

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
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© Betül Balkan.
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On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

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Gil Chauveau
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