Sauf que là, au-delà des intentions sans conteste louables, le projet semble ne pas atteindre son objectif. En effet, si la caricature a pour intérêt de grossir le trait sans en déformer l'esprit, c'est pour mieux donner à voir les caractéristiques d'un personnage ou d'une situation. Lorsque la caricature déborde de partout, accumulant les clichés empilés les uns sur les autres, on arrive vite à une saturation de l'espace rendant peu propice l'émergence de la moindre réflexion critique. Un peu comme dans certaines séries télévisées des années anciennes où les rires enregistrés ponctuaient l'enchaînement effréné des gags…
Les personnages, on en accepte l'augure, sont sans exception des stéréotypes, caricatures de leur caricature. D'abord, le couple de bobos confortablement installé dans leur existence et ayant envie d'émotions plus excitantes… Lui est médecin et aurait rêvé d'être "sans frontières" ; elle, faisant du crochet à la maison, aurait rêvé être artiste, aussi héberge-t-elle par procuration un cynique fat voulant révolutionner l'art à partir d'un concept domestique éminemment grotesque. Ensuite, le fils de la maison, un gentil bonhomme bourré d'hormones en gestation faisant qu'il n'a pas encore choisi s'il était garçon ou fille (oui la case est bien cochée, l'identité genrée trouve sa place), se baladant avec une perche à selfie dont il fait un usage "ciblé", toujours coiffé du même inénarrable bonnet Disneyland à oreilles.
Les personnages, on en accepte l'augure, sont sans exception des stéréotypes, caricatures de leur caricature. D'abord, le couple de bobos confortablement installé dans leur existence et ayant envie d'émotions plus excitantes… Lui est médecin et aurait rêvé d'être "sans frontières" ; elle, faisant du crochet à la maison, aurait rêvé être artiste, aussi héberge-t-elle par procuration un cynique fat voulant révolutionner l'art à partir d'un concept domestique éminemment grotesque. Ensuite, le fils de la maison, un gentil bonhomme bourré d'hormones en gestation faisant qu'il n'a pas encore choisi s'il était garçon ou fille (oui la case est bien cochée, l'identité genrée trouve sa place), se baladant avec une perche à selfie dont il fait un usage "ciblé", toujours coiffé du même inénarrable bonnet Disneyland à oreilles.
Enfin l'artiste (cf. plus haut) gardant à sa sortie de burn out - c'est très mode, voyez-vous, quand on est artiste d'être "surbooké torturé" - une suffisance à toutes épreuves pour délivrer à tout va des leçons existentielles, c'est à lui qu'échoit naturellement le rôle du vrai faux philosophe embarqué. Et, cerise sur le gâteau, Éros étant comme chacun sait la clef de voûte de l'énergie créatrice, ce cynique nique tout ce qui passe à sa portée y compris, on l'aura compris, la femme de son hôte.
Heureusement, une nouvelle femme de ménage (l'autre, dénommée Fatou et de surcroît malienne, une très gentille fille au demeurant, ayant dû être congédiée par Madame pour insuffisance d'image dommageable à l'image de la maisonnée, à contrecœur certes, tout le monde doit avoir sa chance) fait son entrée dans ce panier de névrosés haut de gamme… et sa présence va rebattre les cartes - qui l'eût cru !
De situations présentant autant de surprises que de voir la "bourge" bio sur le retour donner "habilement" à la femme de ménage ses robes offertes par son amant artiste lors de voyages à l'étranger pour "vernissâges" - ce qui ne plaît guère ni à l'artiste, ni au mari cocu -, le père s'emparer du téléphone portable du fils ayant filmé nue la femme de ménage se douchant dans la salle de bains (oui, les pauvres puent, c'est connu !), prenant tout son temps, lui le pater familia, pour se rincer l'œil, l'artiste partir dans un discours de haut vol sur la production de merde du système capitalo-machin chose, etc., etc., etc. - tout ça évidemment étant à prendre "au-se-cond-de-gré" (clin d'œil appuyé) -, on chemine cahin-caha vers la délivrance représentée par l'effondrement systémique de ce beau monde…
Heureusement, une nouvelle femme de ménage (l'autre, dénommée Fatou et de surcroît malienne, une très gentille fille au demeurant, ayant dû être congédiée par Madame pour insuffisance d'image dommageable à l'image de la maisonnée, à contrecœur certes, tout le monde doit avoir sa chance) fait son entrée dans ce panier de névrosés haut de gamme… et sa présence va rebattre les cartes - qui l'eût cru !
De situations présentant autant de surprises que de voir la "bourge" bio sur le retour donner "habilement" à la femme de ménage ses robes offertes par son amant artiste lors de voyages à l'étranger pour "vernissâges" - ce qui ne plaît guère ni à l'artiste, ni au mari cocu -, le père s'emparer du téléphone portable du fils ayant filmé nue la femme de ménage se douchant dans la salle de bains (oui, les pauvres puent, c'est connu !), prenant tout son temps, lui le pater familia, pour se rincer l'œil, l'artiste partir dans un discours de haut vol sur la production de merde du système capitalo-machin chose, etc., etc., etc. - tout ça évidemment étant à prendre "au-se-cond-de-gré" (clin d'œil appuyé) -, on chemine cahin-caha vers la délivrance représentée par l'effondrement systémique de ce beau monde…
… Le bouquet final de l'exposition culinairo-plastiquo-sociétal où, saouls comme pas un, tous "s'endorment" sous l'œil amusé de la femme de ménage n'étant pas pour rien dans cette hécatombe… Et encore, a-t-on fait grâce dans cet exposé rapide de procédés hilarants mâtinés de pincées de vulgarité gaillarde - il faut bien un peu s'encanailler comme les bourgeois de l'autre siècle, cher public averti - de l'artiste posant en pied, nu comme un ver sous son peignoir ouvert, si ce n'est le sexe et ses contrepoids naturels entourés de gros scotchs avec inscrit en gros - belle intention en direction des myopes - "Censure". Le même artiste décidément coquin, inscrira par la suite sur sa ceinture le nom de "Zemmour", on n'en revient pas devant un public "bogo", bourgeoisie gauchiste, d'avoir pu oser une telle hardiesse politique fustigeant le polémiste extrême droitier…
"Et pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour créer une comédie grinçante, voire explosive fustigeant…", etc. Faute d'avoir suffisamment approfondi sa "note d'intention", la compagnie s'est sans doute laissé déborder là par sa fougue oubliant un peu trop vite que le boulevard (sic) n'est pas un art aisé, sous peine de tomber dans un autre registre de programmation, dont deux théâtres pour le moins sur Avignon ont l'exclusivité (les deux commencent par les mêmes lettres, Pa pour les distraits). Ceci n'est donc aucunement une mise au pilori, mais une modeste invitation à revoir sa copie. Peut (sans nul doute) mieux faire que cette "ode à l'art qui se regarde elle-même, et se regardant, disparaît".
Vu le mardi 27 juillet au Théâtre Le 11 à Avignon.
"Et pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour créer une comédie grinçante, voire explosive fustigeant…", etc. Faute d'avoir suffisamment approfondi sa "note d'intention", la compagnie s'est sans doute laissé déborder là par sa fougue oubliant un peu trop vite que le boulevard (sic) n'est pas un art aisé, sous peine de tomber dans un autre registre de programmation, dont deux théâtres pour le moins sur Avignon ont l'exclusivité (les deux commencent par les mêmes lettres, Pa pour les distraits). Ceci n'est donc aucunement une mise au pilori, mais une modeste invitation à revoir sa copie. Peut (sans nul doute) mieux faire que cette "ode à l'art qui se regarde elle-même, et se regardant, disparaît".
Vu le mardi 27 juillet au Théâtre Le 11 à Avignon.
"Pièce en plastique"
Texte : Marius von Mayenburg.
Traduction : Mathilde Sobotche.
Mise en scène : Adrien Popineau.
Avec : Constance Carrelet, Julien Muller, Charles Morillon, Alexiane Torres, Auguste Yvon.
Scénographie : Fanny Laplane.
Création lumière : François Leneveu.
Création vidéo : Colin Bernard.
Création musicale : James Champel.
Régie : Léo Delorme.
Par la Compagnie Les messagers.
À partir de 12 ans.
Durée : 1 h 25.
•Avignon Off 2021•
A été représenté du 7 au 29 juillet 2021.
Tous les jours à 13 h 20, relâche les 12, 19 et 26 juillet.
Théâtre Le 11, Salle 3, 11, boulevard Raspail, Avignon.
Réservations : 04 84 51 20 10 .
>> 11avignon.com
Traduction : Mathilde Sobotche.
Mise en scène : Adrien Popineau.
Avec : Constance Carrelet, Julien Muller, Charles Morillon, Alexiane Torres, Auguste Yvon.
Scénographie : Fanny Laplane.
Création lumière : François Leneveu.
Création vidéo : Colin Bernard.
Création musicale : James Champel.
Régie : Léo Delorme.
Par la Compagnie Les messagers.
À partir de 12 ans.
Durée : 1 h 25.
•Avignon Off 2021•
A été représenté du 7 au 29 juillet 2021.
Tous les jours à 13 h 20, relâche les 12, 19 et 26 juillet.
Théâtre Le 11, Salle 3, 11, boulevard Raspail, Avignon.
Réservations : 04 84 51 20 10 .
>> 11avignon.com