S'il y a bien une comédie musicale connue de toutes et de tous, au moins par le titre, par l'une de ses chansons, par un tableau, par un personnage ou pour avoir été vue une ou à de multiples reprises, c'est "West Side Story". Créée le 26 septembre 1957 au Winter Garden Theatre de Broadway sur une musique de Leonard Bernstein (1918-1990) avec comme parolier Stephen Sondheim (1930-2021) et comme librettiste Arthur Laurents (1917-2011), l'adaptation cinématographique a été réalisée en 1961 par Robert Wise (1914-2005) et Jerome Robbins (1918-1998) qui a permis de donner à l'œuvre une notoriété autant internationale que transgénérationnelle.
Défi de mise en scène d'autant plus lourd à porter en 2023 sauf si la distribution est remarquable. Ce qu'elle est. Un orchestre de vingt musiciens, dirigé par le chef d'orchestre et compositeur Grant Sturiale, est situé dans la fosse, donnant ainsi à l'œuvre, un aspect "Opéra" que l'on retrouve dans les chants lyriques, même si la construction artistique en est tout autre.
Défi de mise en scène d'autant plus lourd à porter en 2023 sauf si la distribution est remarquable. Ce qu'elle est. Un orchestre de vingt musiciens, dirigé par le chef d'orchestre et compositeur Grant Sturiale, est situé dans la fosse, donnant ainsi à l'œuvre, un aspect "Opéra" que l'on retrouve dans les chants lyriques, même si la construction artistique en est tout autre.
La mise en scène de Lonny Price fait des décors un personnage, avec des changements à vue qui plonge la représentation dans une ambiance soit festive, soit intime, soit conflictuelle. Théâtre, danse et chants sont équitablement répartis. Chacun apporte sa propre respiration en proposant à chaque fois un nouveau cadre dramaturgique. Ainsi, la comédie musicale se construit sur différents tempos. Les chorégraphies de Julio Monge sont soit dans des ruptures de jeu, soit dans des ouvertures de scènes, soit dans les dénouements, faisant d'elles le ressort rythmique du spectacle. Elles sont menées avec des mouvements aussi bien élancés, fermes, souples que sensuels. Chacune donne une identité au protagoniste et au groupe avec parfois des moments de synchronisation entre les comédiens danseurs donnant une impression réussie de liberté, comme si la gestuelle était libre d'elle-même. Elles sont l'expression même des deux gangs rivaux de l'Upper West Side de New York, les Jets et les Sharks.
Les premiers sont nés aux USA et ont des origines polonaises quand les seconds sont des portoricains immigrés aux États-Unis et considérés comme des intrus indésirables. Des attitudes et certains propos aux relents racistes par, entre autres, le lieutenant Schrank (Stuart Dowling/Bret Tuomi) peignent aussi un pays aux relents racistes persistants encore aujourd'hui, du fait, entre autres, de sa création liée à une conquête coloniale exterminatrice des Indiens d'Amérique et de son rapport à l'esclavage des noirs qui a laissé de fortes traces dans son Histoire.
Les premiers sont nés aux USA et ont des origines polonaises quand les seconds sont des portoricains immigrés aux États-Unis et considérés comme des intrus indésirables. Des attitudes et certains propos aux relents racistes par, entre autres, le lieutenant Schrank (Stuart Dowling/Bret Tuomi) peignent aussi un pays aux relents racistes persistants encore aujourd'hui, du fait, entre autres, de sa création liée à une conquête coloniale exterminatrice des Indiens d'Amérique et de son rapport à l'esclavage des noirs qui a laissé de fortes traces dans son Histoire.
La scénographie d'Anna Louizos plante un décor dans une couleur marbrée avec de vieux immeubles marqués par le temps mais solides dans leurs fondations. Elle reste dans une tonalité des plus sobres avec deux immeubles, côtés cour et jardin, souvent en vis-à-vis, comme se regardant de biais, à l'image des deux bandes ennemies. C'est New York avec sa couleur brute, mate et ocre et ses escaliers extérieurs. L'appartement de Maria (Melanie Sierra) est central, sans vis-à-vis, face public, et semble être symboliquement le point de jonction des deux camps opposés. Comme aussi ce magasin de boissons tenu par Doc (Darren Matthias), lui aussi à la porte ouverte et au centre de la scène, alors que pour l'ensemble des autres immeubles, tout est fermé et sans vie. La mort rôde dans son obscurité quand la vie montre son intérieur avec ses discussions, ses engueulades et ses déclarations d'amour.
Tout est mêlé dans cette comédie musicale inspirée de "Roméo et Juliette" (1597), entre une histoire d'amour d'un membre des Jets, Tony (Jadon Webster) pour Maria, la sœur du leader des Sharks, Bernardo (Antony Sanchez). Toutes les composantes théâtrales, vocales et chorégraphiques sont présentes de façon bien répartie. Cet équilibre est apporté par une présence scénique de haute tenue où les comédiens danseurs campent des personnages maniant une approche corporelle très marquée autant dans leur posture que dans leurs déplacements.
Tout est mêlé dans cette comédie musicale inspirée de "Roméo et Juliette" (1597), entre une histoire d'amour d'un membre des Jets, Tony (Jadon Webster) pour Maria, la sœur du leader des Sharks, Bernardo (Antony Sanchez). Toutes les composantes théâtrales, vocales et chorégraphiques sont présentes de façon bien répartie. Cet équilibre est apporté par une présence scénique de haute tenue où les comédiens danseurs campent des personnages maniant une approche corporelle très marquée autant dans leur posture que dans leurs déplacements.
Pour les premières, les corps sont bien ancrés au sol, la gestuelle laissant transparaître une force dans les mouvements, la posture symbolisant une identité dans un pré-carré scénique. Ainsi ceux-là sont un marqueur théâtral, chaque personnage s'illustrant scéniquement par son corps, sa voix et sa gestique. Le chant qui l'accompagne souvent devient le dénominateur commun d'un rapport à l'autre, amoureux quand il s'agit de Maria et Tony, ou collectif, voire grégaire, car lié à la bande, quand les danses sont de groupe.
La voix est le porte-drapeau de sentiments, d'émotions ou d'attachements, quand le corps est dans un rapport frontal à l'autre pour marquer son périmètre et sa frontière. Quand le premier se rattache à une personne, un groupe ou un quartier, le second en dessine sa délimitation. L'un inclut, quand l'autre exclut. Ce qui donne un mariage de toute beauté entre force et poésie, lyrisme et combat.
Le geste devient ainsi un visage à la Janus qui peut être autant de vies que de mort, comme celui de Tony, amoureux de Maria et tuant le frère de celle-ci, chef des Sharks. Les protagonistes peuvent se regrouper en trois thématiques, ceux de l'amour avec Maria et Tony, de la violence avec Bernardo et Riff (Taylor Harley) le chef des Jets, et de la modération avec Doc vis-à-vis de ce gang.
Dans cette comédie musicale qui mêle faits sociaux, rivalité et histoire d'amour, c'est tout un pan des relations humaines qui est décliné de façon très réussie grâce à sa riche distribution artistique qui fait toujours briller, plus de soixante-cinq ans après sa création, une œuvre devenue un mythe.
La voix est le porte-drapeau de sentiments, d'émotions ou d'attachements, quand le corps est dans un rapport frontal à l'autre pour marquer son périmètre et sa frontière. Quand le premier se rattache à une personne, un groupe ou un quartier, le second en dessine sa délimitation. L'un inclut, quand l'autre exclut. Ce qui donne un mariage de toute beauté entre force et poésie, lyrisme et combat.
Le geste devient ainsi un visage à la Janus qui peut être autant de vies que de mort, comme celui de Tony, amoureux de Maria et tuant le frère de celle-ci, chef des Sharks. Les protagonistes peuvent se regrouper en trois thématiques, ceux de l'amour avec Maria et Tony, de la violence avec Bernardo et Riff (Taylor Harley) le chef des Jets, et de la modération avec Doc vis-à-vis de ce gang.
Dans cette comédie musicale qui mêle faits sociaux, rivalité et histoire d'amour, c'est tout un pan des relations humaines qui est décliné de façon très réussie grâce à sa riche distribution artistique qui fait toujours briller, plus de soixante-cinq ans après sa création, une œuvre devenue un mythe.
"West Side Story"
En anglais surtitré en français.
Metteur en scène : Lonny Price.
Chorégraphe : Julio Monge.
Superviseur musical et chef d'orchestre : Grant Sturiale.
Créatrice des décors : Anna Louizos.
Créateur des costumes : Alejo Vietti.
Créateur des lumières : Fabrice Kebour.
Designer sonore : Tom Marshall.
Assistant à la mise en scène : Matt Cowart.
Assistant à la chorégraphie : Dale Elston.
Assistante aux auditions de danse : Kyra Sorce.
Assistant aux décors : Craig Napoliello.
Directeurs de casting : Jason Styres, Richard Glover.
Producteur exécutif : Martin Flohr.
Durée : 2 h 40 avec entracte.
Du 20 octobre au 31 décembre 2023.
Du mardi au vendredi à 20 h, samedi et dimanche à 15 h et 20 h.
Théâtre du Châtelet, Grande Salle, Paris 1er, 01 40 28 28 40.
>> chatelet.com
Metteur en scène : Lonny Price.
Chorégraphe : Julio Monge.
Superviseur musical et chef d'orchestre : Grant Sturiale.
Créatrice des décors : Anna Louizos.
Créateur des costumes : Alejo Vietti.
Créateur des lumières : Fabrice Kebour.
Designer sonore : Tom Marshall.
Assistant à la mise en scène : Matt Cowart.
Assistant à la chorégraphie : Dale Elston.
Assistante aux auditions de danse : Kyra Sorce.
Assistant aux décors : Craig Napoliello.
Directeurs de casting : Jason Styres, Richard Glover.
Producteur exécutif : Martin Flohr.
Durée : 2 h 40 avec entracte.
Du 20 octobre au 31 décembre 2023.
Du mardi au vendredi à 20 h, samedi et dimanche à 15 h et 20 h.
Théâtre du Châtelet, Grande Salle, Paris 1er, 01 40 28 28 40.
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