Après "Jenùfa" créé en 1904 - que l'Opéra de Rennes a présenté en 2011 - Léos Janàcek compose "Kàtia Kabanovà" entre 1918 et 1921, un opéra magistral dont Vincence Cervinka écrit le livret d'après un roman d'A. Ostrovski. Depuis 1917, date de sa rencontre avec la jeune Kamila Stösslovà, le compositeur vient d'entamer la décade la plus prolifique de son œuvre, celle des chefs-d’œuvre. Avec "Kàtia Kobanovà" - ce drame familial étouffant où s'affrontent la vie, l'amour et les conventions, la haine, l'hypocrisie par le biais de personnages formant les membres ou les proches des Kabanov.
Janàcek y tutoie la perfection par une maîtrise absolue de ses moyens, tant dramatiques que musicaux. En moins de deux heures, la tragédie de Kàtia, femme sensible mal mariée au faible Tikhon et tyrannisée par sa terrible belle-mère, Marfa, court le fil inexorable d'un sort malheureux et d'un drame intime, celui de la culpabilité. D'une puissance et d'un raffinement orchestral évidents, la partition est un prodige d'efficacité - que l'Orchestre Symphonique de Bretagne dirigé par le chef Jaroslav Kyzlink ne donne à entendre qu'imparfaitement dans toute sa beauté. L'ouverture peine à installer une vraie tension mais le tapis des cordes d'un lyrisme superbe nous emporte en peignant subtilement la psyché de l'héroïne.
Avec les autres pupitres (dont l'harmonie et les percussions), elles sauront ensuite enluminer de couleurs mélancoliques cette fresque au climat ténébreux, traversée des coups du destin.
Janàcek y tutoie la perfection par une maîtrise absolue de ses moyens, tant dramatiques que musicaux. En moins de deux heures, la tragédie de Kàtia, femme sensible mal mariée au faible Tikhon et tyrannisée par sa terrible belle-mère, Marfa, court le fil inexorable d'un sort malheureux et d'un drame intime, celui de la culpabilité. D'une puissance et d'un raffinement orchestral évidents, la partition est un prodige d'efficacité - que l'Orchestre Symphonique de Bretagne dirigé par le chef Jaroslav Kyzlink ne donne à entendre qu'imparfaitement dans toute sa beauté. L'ouverture peine à installer une vraie tension mais le tapis des cordes d'un lyrisme superbe nous emporte en peignant subtilement la psyché de l'héroïne.
Avec les autres pupitres (dont l'harmonie et les percussions), elles sauront ensuite enluminer de couleurs mélancoliques cette fresque au climat ténébreux, traversée des coups du destin.
La mise en scène de Franck van Laecke a la simplicité et le mystère des tableaux de Magritte, dont il reprend, dès le lever de rideau (pendant l'ouverture), la vision des hommes en melon symbolisant l'ordre inhumain et conventionnel. Cet ordre qui va broyer Kàtia Kabanovà, dès lors passablement tourmentée - celui-là même qui régnait et règne encore dans ces petites villes de province du bord de la Volga ou d'ailleurs.
Le fleuve, omniprésent au fond, voit se rejouer avant que le drame ne commence le suicide de l'héroïne, dédoublée par la danseuse Ursa Vidmar. Forte idée, d'une très belle conséquence. Des panneaux obtureront ensuite le plateau dans un cadre carcéral idoine pour les tableaux d'intérieur. Ils ne disparaîtront que pour le duo nocturne d'amour du deuxième acte et la terrible scène finale.
C'est bien le drame d'un étouffement des vies et de la déréliction des âmes (celles de Kàtia et de Boris) dont il s'agit, transcendé par les très belles lumières de F. van Laecke et Jasmin Sehic. Le metteur en scène belge fait aussi le choix d'une direction attentive des chanteurs, soulignant judicieusement les caractères comme leurs enjeux relationnels. Une réussite - pour un Franck van Laecke qui se voit comme un humble artisan (des plus doués) au service des œuvres, au théâtre comme à l'opéra.
Le fleuve, omniprésent au fond, voit se rejouer avant que le drame ne commence le suicide de l'héroïne, dédoublée par la danseuse Ursa Vidmar. Forte idée, d'une très belle conséquence. Des panneaux obtureront ensuite le plateau dans un cadre carcéral idoine pour les tableaux d'intérieur. Ils ne disparaîtront que pour le duo nocturne d'amour du deuxième acte et la terrible scène finale.
C'est bien le drame d'un étouffement des vies et de la déréliction des âmes (celles de Kàtia et de Boris) dont il s'agit, transcendé par les très belles lumières de F. van Laecke et Jasmin Sehic. Le metteur en scène belge fait aussi le choix d'une direction attentive des chanteurs, soulignant judicieusement les caractères comme leurs enjeux relationnels. Une réussite - pour un Franck van Laecke qui se voit comme un humble artisan (des plus doués) au service des œuvres, au théâtre comme à l'opéra.
Du côté des chanteurs fins connaisseurs de l'œuvre, tous issus de la troupe de l'Opéra-Ballet de Ljubljana en Slovénie (coproducteur), la réussite est aussi au rendez-vous. Tous prisonniers d'une société mesquine, esclaves ou bourreaux, ils piétinent dans la boue et ne peuvent s'en extraire, hommes lâches et velléitaires ou femmes frustrées.
Sasa Cano est un Dikoï impressionnant en ogre aviné et brutal. Vlatka Orsanic, marâtre de conte maléfique, est une Marfa supérieurement terrifiante (au chant sachant étriller) tandis que la Varvara de Irena Parlov s'impose par son allègre conviction. Martina Zadro en Kàtia est tout simplement phénoménale. Elle est cette jeune femme un peu folle, suicidaire, victime d'elle-même comme de cette famille dysfonctionnelle. Son chant exalté ou désolé - toujours juste - son engagement total bouleversent. Janàcek féministe ? Peut-être. Un peintre de la psyché féminine sans pareil ? Certainement.
Du 5 au 11 février 2018.
Sasa Cano est un Dikoï impressionnant en ogre aviné et brutal. Vlatka Orsanic, marâtre de conte maléfique, est une Marfa supérieurement terrifiante (au chant sachant étriller) tandis que la Varvara de Irena Parlov s'impose par son allègre conviction. Martina Zadro en Kàtia est tout simplement phénoménale. Elle est cette jeune femme un peu folle, suicidaire, victime d'elle-même comme de cette famille dysfonctionnelle. Son chant exalté ou désolé - toujours juste - son engagement total bouleversent. Janàcek féministe ? Peut-être. Un peintre de la psyché féminine sans pareil ? Certainement.
Du 5 au 11 février 2018.
Opéra de Rennes.
Place de la Mairie, Rennes (35).
Tél. : 02 23 62 28 28.
>> opera-rennes.com
"Kàtia Kabanovà" (1921).
Opéra en trois actes.
Musique de Léos Janàcek (1854-1928).
Livret de Vincence Cervinka.
En langue tchèque surtitrée en français.
Durée : 1 h 50 sans entracte.
Jaroslav Kyzlink, direction musicale.
Franck van Laecke, mise en scène.
Philippe Miesch, scénographie.
Place de la Mairie, Rennes (35).
Tél. : 02 23 62 28 28.
>> opera-rennes.com
"Kàtia Kabanovà" (1921).
Opéra en trois actes.
Musique de Léos Janàcek (1854-1928).
Livret de Vincence Cervinka.
En langue tchèque surtitrée en français.
Durée : 1 h 50 sans entracte.
Jaroslav Kyzlink, direction musicale.
Franck van Laecke, mise en scène.
Philippe Miesch, scénographie.
Belinda Radulovic, costumes.
Franck van Laecke, Jasmin Sehic, lumières.
F. van Laecke, Monika Dedovic, chorégraphie.
Sasa Cano, Savoil Profofyevitch Dikoï.
Aljaz Farasin, Boris Grigoryevich.
Vlatka Orsanic, Marfa Ignatyevna Kabanova.
Rusmir Redzic, Tickhon.
Martina Zadro, Kàtia Kabanovà.
Irena Parlov, Varvara.
Orchestre symphonique de Bretagne.
Chœur de l'Opéra de Rennes.
Éléonore Le Lamer, Chef de chœur.
Franck van Laecke, Jasmin Sehic, lumières.
F. van Laecke, Monika Dedovic, chorégraphie.
Sasa Cano, Savoil Profofyevitch Dikoï.
Aljaz Farasin, Boris Grigoryevich.
Vlatka Orsanic, Marfa Ignatyevna Kabanova.
Rusmir Redzic, Tickhon.
Martina Zadro, Kàtia Kabanovà.
Irena Parlov, Varvara.
Orchestre symphonique de Bretagne.
Chœur de l'Opéra de Rennes.
Éléonore Le Lamer, Chef de chœur.