La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Superbe "Tristesse" ou comment le soleil et la mort se regardent en face… - 10/02/2014

Par moment, c’est insoutenable. Ça frôle même l’indécence, tellement ça bouleverse et ça retourne. Silvia Berutti-Ronelt, la traductrice, Guy Delamotte, le metteur en scène, parlent à la fois "d’effroi" et de "fascination". Nordey, qui l’avait monté en 2012, en avait été très ému. De "Tristesse animal noir", l’auteur allemand, Anja Hilling dit l’indicible. Avec son équipe du Panta-Théâtre, Guy...  

Un Marivaux porté avec naturel et élégance par Isabelle Huppert et Bulle Ogier dans la mise en scène de Bondy - 03/02/2014

La machine théâtrale de Marivaux est réglée comme une horlogerie de précision. Dans "Les Fausses Confidences", l’histoire est présentée de manière néo-contemporaine avec simplicité, naturel et, osons le dire, élégance, par Luc Bondy, sans frivolités, marivaudages ou coquetteries. C’est l’histoire d'Araminte, veuve et richissime, assiégée par tous les membres de son entourage qui veulent asseoir,...  

Le Godot de Noyelle et Coutris... Fusion burlesque de l'élégance du désespoir et de la poétique de la cruauté - 28/01/2014

Entre le jeu burlesque où s'écrit sans fin le rapport équilibre/déséquilibre, donnant naissance à ces silences incongrus du clown qui font jaillir les rires, et la représentation du non-théâtre beckettien (non-sens d'un théâtre vidé de sa substance/structure) se trouve la partition originale, singulière et bicolore - entre bleu et rouge extérieur et noir et blanc intérieur - composée par Marion...  

"En attendant Godot" Fusion burlesque de l'élégance du désespoir et de la poétique de la cruauté - 23/01/2020

Entre le jeu burlesque où s'écrit sans fin le rapport équilibre/déséquilibre, donnant naissance à ces silences incongrus du clown qui font jaillir les rires, et la représentation du non-théâtre beckettien (non-sens d'un théâtre vidé de sa substance/structure) se trouve la partition originale, singulière et bicolore - entre bleu et rouge extérieur et noir et blanc intérieur - composée par Marion...  

Satire d’une critique théâtrale française pour "une satire de la vie culturelle française" - 22/01/2014

Très chers Dramaticules, Voilà un dernier spectacle que vous avez écrit tout sauf réjouissant. Même si le rire fuse dans la salle du théâtre de Châtillon, je suis très en colère de ce que vous osez dénoncer. Oh non, je n’ai absolument pas ri et ne rirai jamais d’une telle création, qui porte parfaitement son titre : "Affreux, bêtes et pédants". D’ailleurs, Je pense que je vais finir par écrire à...  

Un récit imaginaire singulier à la lisière ethnologique de "Tintin au Congo" ! - 20/01/2014

La tête pleine du rêve des grands voyageurs, farci d’érudition et bardé de poncifs sur la supériorité de sa civilisation, Rodolphe, jeune ethnologue abruti par le voyage, parvient aux confins du monde connu. Il accompagne, dans la monotonie des jours, la vie du grand chasseur, du "tireur occidental", et tient, dans le journal de son quotidien, le futur récit de ses exploits. Vue, et entendue par...  

"Chantier Beckett"... pour passer d'un théâtre de l’éphémère à celui du saisissement - 14/01/2014

C’est au lointain comme un mur, sous la limite. Là où le passant devient ombre. Là où l’ombre semble se détacher du mur. Est-ce une trace ? Est-ce une empreinte ? Que sont ces ombres sculptées de lumière ? Pantins désaccordés, pauvres hères errants, tâtonnants. Dont la présence semble inquiétante. Marionnettes d’eux-mêmes. La proposition scénique de Katia Hernandez pour Beckett s’intéresse à des...  

"Le Crocodile trompeur/Didon et Enée"… Un opéra baroque bousculé ! - 06/01/2014

Dans un rapport décalé à l’opéra de Purcell, les scènes s’enchaînent comme des histoires, des fables qui se rencontrent, se bousculent entre mime, théâtre, chant et opéra. L’humour habille de ses plus beaux effets le spectacle qui se nourrit d’un naturel de jeu. Lumières sur scène et dans le public. Un personnage arrive et démarre, comme par effraction, un monologue nourri de naturel, d’une forme...  

"Entre-temps, j’ai continué à vivre"… Une plongée dans un quotidien théâtral - 17/12/2013

Ce sont neuf histoires qui se recoupent et s’imbriquent, tissées par des liens sociaux, humains et familiaux, neuf petites histoires qui forment une grande histoire, celui de familles, d’amis autour d’un puits qui va fermer, la "Marie-Christine". Neuf scènes comme neuf tranches de vie qui se découpent au sécateur comme ils pourraient se découper avec un fil à couper le beurre. Les scènes...  

Épître dédicatoire à Madame, au sujet du "Don Juan" mis en scène par Gilles Bouillon - 12/12/2013

Madame, je suis la plus embarrassée femme au monde lors qu’il me faut parler d’une œuvre tel ce "Don Juan". Je ne compte plus les mises en scène qu’il m’a été données de voir, et pourtant je ne m’en lasse point. Lorsqu’elle est bien faite, cette pièce devient un exercice de style. Figurez-vous que cette fois, il s’agit d’une proposition de notre illustre Bouillon, et illustre il s’est montré !...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024