La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Le Pain dur" Dans les éblouissantes ténèbres des passions violentes - 15/02/2022

Une tension perceptible dès les premières secondes envahit la scène. Une jeune femme enfoncée dans une redingote rouge feu, dont le col remonte jusqu'à son menton, braque une arme sur une autre jeune femme en train d'allumer les bougies d'un grand chandelier. Feu, contre-feu. Mais cette tension n'est pas vraiment causée par cette arme, cette menace, ce danger. Cette intensité naît ailleurs. Elle...  

"Gloucester Time, Matériau Shakespeare, Richard III" Crimes et machinations, une histoire de rois… interprétée "royalement" - 14/02/2022

D'abord le souffle puissant d'un dramaturge d'exception, William Shakespeare, pour s'emparer au XVIe siècle des combats fratricides opposant trente ans durant la famille des York à celle des Lancaster, avant que l'un d'eux, Richard duc de Gloucester, ne les surpasse en perfidie machiavélique… Puis un metteur en scène, Matthias Langhoff, pour, à la fin du XXe siècle, monter ce drame atemporel…...  

"Même"… Complètement déjanté et au pluriel ! - 11/02/2022

Autour d'une comédie musicale loufoque, Pierre Rigal, avec le groupe Microréalité, propose une vision décalée des rapports humains au travers d'une succession de répétitions à chaque fois différente. Danse, théâtre et musique forment un trio où le pareil prend une résonance autre. Nous sommes dans un lieu de répétition. À l'entame du spectacle, sur un grand écran est inscrit qu'il y a neuf...  

"Premier Amour" Un lunaire clochard céleste ressuscite Beckett… - 07/02/2022

Parfois on croit connaître une œuvre pour l'avoir entendue à nombre de reprises. "Premier Amour" est de celle-ci, surtout lorsqu'un acteur emblématique comme Samy Frey l'a inscrite à son répertoire… Et puis, un saltimbanque aux semelles de vent, dont on ne distingue au départ que le dos courbé surmonté d'un chapeau, apparaît dans l'écrin du studio Marie Bell du Théâtre du Gymnase plongé dans une...  

"Que viennent les barbares" Le regard de l'autre - 04/02/2022

Toutes les enquêtes journalistiques, les témoignages, les actions en immersion d'association comme SOS racisme et toutes les confidences d'amis, d'amies et toutes les statistiques n'y feront rien : le regard porté en France sur tous ceux dont la couleur de peau, la culture ou la religion sont différentes, est un regard d'aveugle. La République ne voit pas la réalité, elle ne voit que les grands...  

"Les Forteresses" Trois femmes fragiles et puissantes dans l'Iran déchiré… - 03/02/2022

Comme dans le roman de Marie Ndiaye où "Trois femmes puissantes", originaires du Sénégal, étaient confrontées au mal endémique incarné par des hommes, les trois femmes des "Forteresses" sont elles aussi issues d'un même pays, l'Iran. Celui du gouvernement autoritaire du Shah, auquel d'autres régimes tyranniques ont succédé. Ainsi, en plus d'avoir eu à subir l'humiliation liée à leur condition...  

"La Pêche du jour"… Dialogue cruel et poignant sur les migrants et la honte de l'Europe ! - 03/02/2022

Il faut de l'humanité et un vrai sens artistique et des responsabilités pour écrire, comme l'a fait Éric Fottorino, un dialogue sur l'Europe, avec sa cruauté et son cynisme, entre un pêcheur de "migrants" et une femme visitant son "activité". Jacques Weber et Lola Blanche donnent un visage des plus criants et tragiques d'une actualité qui ne compte plus ses morts et qui disparaît peu à peu de...  

"Mon amour de grillage" Dire, partager la réalité de "l'arène carcérale" en 3D - 31/01/2022

Valérie Durin, diplômée d'État de l'enseignement du théâtre, est chargée, de cours à l'Institut des Études Théâtrales (IET) Sorbonne Nouvelle. Autrice, comédienne depuis 1985 et metteuse en scène, elle crée ses propres pièces (une quinzaine) et répond à des commandes d'écriture. À la découverte des hommes, des femmes, des événements déterminants, son théâtre s'accroche au réel avant tout....  

"Grand Reporterre #5" Faut-il séparer l'homme de l'artiste ? - 27/01/2022

Voilà la cinquième étape de ce concept inventé par les deux directeurs du Théâtre du Point du Jour de Lyon, Angélique Clairand et Éric Massé. L'idée phare de ces créations éphémères est l'envie de ne pas attendre les chroniques, les rétrospectives, ni l'oubli, mais de battre le fer de l'actualité tant qu'il est chaud et prendre, le temps d'une représentation, un moment pour poser les faits, les...  

"Nostalgie 2175" L'esthétique au service d'une science-fiction post anéantissement climatique - 26/01/2022

Le récit qui s'adresse à cet enfant à venir, comme une lettre testamentaire, se déroule en l'an post-christique 2175. Dans cet avenir proche, la terre et l'univers ont connu la destruction presque totale : le soleil disparu du ciel, les températures à la surface stagnant à 60° et les survivants devenus stériles ne peuvent compter que sur la procréation artificielle pour faire croître et prospérer...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024