Le "seul en scène" s'apparente souvent à un exercice de haute voltige dans lequel le comédien se lance sans filet, tel un acrobate. Audacieuse, la performance n'en est que plus admirable. Le 4e mur se voit, de facto, aboli et la complicité avec le public, démultipliée. Ces seuls en scène nous offrent alors des interprétations magistrales que nous ne sommes pas prêts d'oublier. Nathalie Lucas et Serge Paumier, les directeurs du tout nouveau théâtre des Gémeaux Parisiens, ont eu la belle idée de créer un festival du Seul(e) en Scène (SenS) dont la première édition, parrainée par le comédien et metteur en scène William Mesguich, se déroulera du 1er au 31 mai.
William Mesguich y présentera d'ailleurs son adaptation à succès du récit autobiographique de Sylvain Tesson, "Dans les forêts de Sibérie". L'écrivain-aventurier a alors choisi de s'isoler du monde et, dans une cabane au bord du lac Baïkal, par moins 30° C, expérimente une existence solitaire en lien avec la nature, faite de lenteur et de simplicité. Ses seules occupations consistent à pêcher pour se nourrir et à couper du bois pour se chauffer.
William Mesguich y présentera d'ailleurs son adaptation à succès du récit autobiographique de Sylvain Tesson, "Dans les forêts de Sibérie". L'écrivain-aventurier a alors choisi de s'isoler du monde et, dans une cabane au bord du lac Baïkal, par moins 30° C, expérimente une existence solitaire en lien avec la nature, faite de lenteur et de simplicité. Ses seules occupations consistent à pêcher pour se nourrir et à couper du bois pour se chauffer.
Entouré de ses livres, il s'adonne à un salutaire exercice d'introspection. Et c'est avec conviction que nous partageons la vie d'ermite du personnage et l'écoutons laisser libre cours à ses pensées, tant William Mesguich se montre sobre et sensible dans son jeu. Un très joli décor – une installation de rondins entrelacés de livres, éclairée par des lumières chaudes et délicates – vient parachever la beauté de ce spectacle. Mesguich père sera aussi de la partie et reprendra un grand classique de la littérature : "L'Arlésienne" d'Alphonse Daudet (1840-1897).
Côté classiques, la savoureuse Isabelle Andréani reprendra, quant à elle, son merveilleux solo "Un cœur simple", d'après un conte de Flaubert (1821-1880). Cette adaptation scénique, dans une mise en scène de Xavier Lemaire, lui vaut depuis quelques années un beau succès. La comédienne y interprète Félicité, une servante au grand cœur vivant dans la Normandie du XIXe siècle. C'est avec énergie, finesse et bonhomie qu'Isabelle Andréani incarne cette âme charitable. Autour d'elle coexiste toute une pléiade de personnages auxquels la comédienne elle-même donne vie : sa patronne, les enfants de celle-ci, un amoureux de jeunesse, le neveu Victor, le perroquet Loulou…
Une mise en scène au cordeau, simple et astucieuse, et un jeu inventif font de ce spectacle une véritable réussite. Isabelle Andréani présentera également une création, avant son exploitation cet été au Festival d'Avignon, "Madeleine Béjart, une femme libre", une fable écrite par Pierre-Olivier Scotto et mise en scène, là encore, par Xavier Lemaire. Gageons que la comédienne se montrera tout aussi exceptionnelle dans le rôle de la compagne de Molière.
Franck Desmedt, qui excelle dans l'art du "seul en scène littéraire", abandonnera son rôle de Joseph Kessel pour endosser de nouveau, le temps de deux représentations, celui d'un autre de ses grands succès : Romain Gary (1914-1980) dans "La Promesse de l'aube" (et avant d'incarner cet été, en Avignon, Saint-Exupéry). Cette "Promesse de l'aube" est un régal ! "Il n'est pas bon d'être tellement aimé si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais." Ce spectacle est à voir et revoir tant le comédien s'y montre juste, profond et sensible.
Côté classiques, la savoureuse Isabelle Andréani reprendra, quant à elle, son merveilleux solo "Un cœur simple", d'après un conte de Flaubert (1821-1880). Cette adaptation scénique, dans une mise en scène de Xavier Lemaire, lui vaut depuis quelques années un beau succès. La comédienne y interprète Félicité, une servante au grand cœur vivant dans la Normandie du XIXe siècle. C'est avec énergie, finesse et bonhomie qu'Isabelle Andréani incarne cette âme charitable. Autour d'elle coexiste toute une pléiade de personnages auxquels la comédienne elle-même donne vie : sa patronne, les enfants de celle-ci, un amoureux de jeunesse, le neveu Victor, le perroquet Loulou…
Une mise en scène au cordeau, simple et astucieuse, et un jeu inventif font de ce spectacle une véritable réussite. Isabelle Andréani présentera également une création, avant son exploitation cet été au Festival d'Avignon, "Madeleine Béjart, une femme libre", une fable écrite par Pierre-Olivier Scotto et mise en scène, là encore, par Xavier Lemaire. Gageons que la comédienne se montrera tout aussi exceptionnelle dans le rôle de la compagne de Molière.
Franck Desmedt, qui excelle dans l'art du "seul en scène littéraire", abandonnera son rôle de Joseph Kessel pour endosser de nouveau, le temps de deux représentations, celui d'un autre de ses grands succès : Romain Gary (1914-1980) dans "La Promesse de l'aube" (et avant d'incarner cet été, en Avignon, Saint-Exupéry). Cette "Promesse de l'aube" est un régal ! "Il n'est pas bon d'être tellement aimé si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais." Ce spectacle est à voir et revoir tant le comédien s'y montre juste, profond et sensible.
Dans un univers littéraire tout autre, mais tout aussi sublime, Agathe Quelquejay renouera avec la langue populaire haute en couleur du poète Jehan-Rictus (1867-1933) et son "seule" en scène "Rossignol à la langue pourrie". Il s'agit d'histoires issues du recueil "Le Cœur populaire". Dans une scénographie d'une belle épure, où de multiples bougies, du plus bel effet, confient au lieu une dimension quasi spirituelle, la comédienne incarne avec une vérité bouleversante des personnages du peuple (prostituée, enfant battu, petit malfrat…) et remet sur le devant de la scène les laissés-pour-compte de la société. Sublime !
Katia Ghanty reprendra également ses "Les frottements du cœur" tirés de son histoire personnelle. À 29 ans, suite à une grippe, la jeune comédienne se retrouve, le cœur très affaibli, entre la vie et la mort. Opérée d'urgence, puis raccordée à un appareil de circulation extracorporel, elle vit un enfer. Et c'est cet enfer, entre rechutes et surveillance, services de réanimation, cardiologie et soins intensifs, qu'elle nous raconte, avec sensibilité et humour.
Dans une scénographie épurée, avec, pour tout décor, trois grands rideaux blancs sur lesquels viennent jouer les lumières, elle interprète la malade et tous les personnages qui tourbillonnent autour de son lit d'hôpital. La pièce, merveilleusement interprétée, alterne les moments d'émotion, de poésie et de franche rigolade.
S'il est impossible de mentionner ici tous ces seuls(es) en scène, notez également "Cache Cache" avec Vanessa Aiffe-Ceccaldi, "Le livre oublié" (Jean-Pierre Bouvier), "La Fleur au fusil" (Lionel Cecilio), "Madame Marguerite", (Émilie Chevrillon) et "Zoom" (Pamela Ravassard).
Bon festival !
◙ Isabelle Fauvel
Katia Ghanty reprendra également ses "Les frottements du cœur" tirés de son histoire personnelle. À 29 ans, suite à une grippe, la jeune comédienne se retrouve, le cœur très affaibli, entre la vie et la mort. Opérée d'urgence, puis raccordée à un appareil de circulation extracorporel, elle vit un enfer. Et c'est cet enfer, entre rechutes et surveillance, services de réanimation, cardiologie et soins intensifs, qu'elle nous raconte, avec sensibilité et humour.
Dans une scénographie épurée, avec, pour tout décor, trois grands rideaux blancs sur lesquels viennent jouer les lumières, elle interprète la malade et tous les personnages qui tourbillonnent autour de son lit d'hôpital. La pièce, merveilleusement interprétée, alterne les moments d'émotion, de poésie et de franche rigolade.
S'il est impossible de mentionner ici tous ces seuls(es) en scène, notez également "Cache Cache" avec Vanessa Aiffe-Ceccaldi, "Le livre oublié" (Jean-Pierre Bouvier), "La Fleur au fusil" (Lionel Cecilio), "Madame Marguerite", (Émilie Chevrillon) et "Zoom" (Pamela Ravassard).
Bon festival !
◙ Isabelle Fauvel
SenS, 1er festival parisien du seul(e) en scène
Théâtre des Gémeaux Parisiens, 15, rue du Retrait, Paris 20e.
Réservations : 01 87 44 61 11.
Courriel : contactgemeauxparisiens@gmail.com
>> theatredesgemeauxparisiens.com
"Cache Cache" de Vanessa Aiffe-Ceccaldi
Mise en scène : Régis Romele.
Samedi 24 mai à 20 h 15, vendredi 30 à 19 h et samedi 31 à 18 h 45.
"Un cœur simple" de Gustave Flaubert avec Isabelle Andréani.
Adaptation : Isabelle Andréani.
Mise en scène : Xavier Lemaire.
Samedi 3 mai et dimanche 4 à 18 h 30, vendredi 9 à 20 h 45 et dimanche 11 à 19 h.
"Madeleine Béjart, une femme libre", une fable de Pierre Olivier Scotto avec Isabelle Andréani.
Mise en scène : Xavier Lemaire.
Samedi 24 mai et jeudi 29 à 18 h 30, samedi 31 à 17 h.
"Le livre oublié" de Jean-Philippe Arrou-Vignod avec Jean-Pierre Bouvier.
Mise en scène : Jean-Pierre Bouvier.
Samedi 3 mai à 15 h, samedi 10 à 20 h 15, samedi 17 à 17 h et dimanche 18 à 16 h 45.
"La fleur au fusil" de et avec Lionel Cecilio.
Mise en scène : Jean-Philippe Daguerre.
Samedi 3 mai à 16 h 45, samedi 10 mai et 17 à 18 h 30, vendredi 23 à 19 h.
"Madame Marguerite" de Roberto Athayde avec Émilie Chevrillon.
Mise en scène : Michel Giès.
Vendredi 9 mai à 19 h, dimanche 18 à 15 h, vendredi 23 à 20 h 45 et jeudi 29 à 20 h 15.
"La promesse de l'aube" de Romain Gary avec Franck Desmedt.
Adaptation : Franck Desmedt.
Mise en scène : Stéphane Laporte.
Dimanche 11 mai à 15 h et dimanche 25 à 19 h 15.
"Les frottements du cœur" de et avec Katia Ghanty.
Mise en scène : Éric Bu.
Jeudi 1er mai à 18 h 45, vendredi 2 à 20 h 30, dimanche 11 à 17 h et samedi 17 à 15 h.
Réservations : 01 87 44 61 11.
Courriel : contactgemeauxparisiens@gmail.com
>> theatredesgemeauxparisiens.com
"Cache Cache" de Vanessa Aiffe-Ceccaldi
Mise en scène : Régis Romele.
Samedi 24 mai à 20 h 15, vendredi 30 à 19 h et samedi 31 à 18 h 45.
"Un cœur simple" de Gustave Flaubert avec Isabelle Andréani.
Adaptation : Isabelle Andréani.
Mise en scène : Xavier Lemaire.
Samedi 3 mai et dimanche 4 à 18 h 30, vendredi 9 à 20 h 45 et dimanche 11 à 19 h.
"Madeleine Béjart, une femme libre", une fable de Pierre Olivier Scotto avec Isabelle Andréani.
Mise en scène : Xavier Lemaire.
Samedi 24 mai et jeudi 29 à 18 h 30, samedi 31 à 17 h.
"Le livre oublié" de Jean-Philippe Arrou-Vignod avec Jean-Pierre Bouvier.
Mise en scène : Jean-Pierre Bouvier.
Samedi 3 mai à 15 h, samedi 10 à 20 h 15, samedi 17 à 17 h et dimanche 18 à 16 h 45.
"La fleur au fusil" de et avec Lionel Cecilio.
Mise en scène : Jean-Philippe Daguerre.
Samedi 3 mai à 16 h 45, samedi 10 mai et 17 à 18 h 30, vendredi 23 à 19 h.
"Madame Marguerite" de Roberto Athayde avec Émilie Chevrillon.
Mise en scène : Michel Giès.
Vendredi 9 mai à 19 h, dimanche 18 à 15 h, vendredi 23 à 20 h 45 et jeudi 29 à 20 h 15.
"La promesse de l'aube" de Romain Gary avec Franck Desmedt.
Adaptation : Franck Desmedt.
Mise en scène : Stéphane Laporte.
Dimanche 11 mai à 15 h et dimanche 25 à 19 h 15.
"Les frottements du cœur" de et avec Katia Ghanty.
Mise en scène : Éric Bu.
Jeudi 1er mai à 18 h 45, vendredi 2 à 20 h 30, dimanche 11 à 17 h et samedi 17 à 15 h.
"L'Arlésienne" d'Alphonse Daudet avec Daniel Mesguich.
Mise en scène : Daniel Mesguich.
Vendredi 2 mai à 19 h, samedi 10 à 16 h 45, dimanche 25 à 17 h 15 et vendredi 30 à 20 h 45.
"Dans les forêts de Sibérie" d'après le livre de Sylvain Tesson avec William Mesguich.
Adaptation : Charlotte Escamez.
Mise en scène : William Mesguich.
Jeudi 1er mai à 15 h, samedi 3 à 20 h 30, dimanche 18 à 18 h 30 et samedi 31 à 15 h.
Rossignol à la langue pourrie", textes de Jehan-Rictus (issus du recueil "Le cœur populaire") avec Agathe Quelquejay.
Mise en scène : Guy-Pierre Couleau.
Jeudi 1er mai à 17 h, dimanche 4 à 16 h 45, samedi 10 à 15 h et samedi 17 à 20 h 15.
"Zoom" de Gilles Granouillet avec Pamela Ravassard.
Mise en scène : Pamela Ravassard.
Vendredi 16 mai à 19 h et dimanche 25 à 15 h.
Mise en scène : Daniel Mesguich.
Vendredi 2 mai à 19 h, samedi 10 à 16 h 45, dimanche 25 à 17 h 15 et vendredi 30 à 20 h 45.
"Dans les forêts de Sibérie" d'après le livre de Sylvain Tesson avec William Mesguich.
Adaptation : Charlotte Escamez.
Mise en scène : William Mesguich.
Jeudi 1er mai à 15 h, samedi 3 à 20 h 30, dimanche 18 à 18 h 30 et samedi 31 à 15 h.
Rossignol à la langue pourrie", textes de Jehan-Rictus (issus du recueil "Le cœur populaire") avec Agathe Quelquejay.
Mise en scène : Guy-Pierre Couleau.
Jeudi 1er mai à 17 h, dimanche 4 à 16 h 45, samedi 10 à 15 h et samedi 17 à 20 h 15.
"Zoom" de Gilles Granouillet avec Pamela Ravassard.
Mise en scène : Pamela Ravassard.
Vendredi 16 mai à 19 h et dimanche 25 à 15 h.