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Cirque & Rue

"Projet Faille" Spectacle de jeunes circassiens accueilli par la Cie Jérôme Thomas dans les jardins d'un hôpital psychiatrique

Depuis décembre 2020 jusqu'en novembre 2021, en espérant plus, la compagnie ARMO dirigée par Jérôme Thomas a installé le chapiteau Lili dans le vaste parc de l'hôpital psychiatrique La Chartreuse… Pour un partenariat inédit. Le but de cette implantation va consister en un échange entre le monde du cirque et les patients en soin à l'hôpital. Des ateliers d'écriture, de jeu, de jonglerie sont proposés aux malades qui auront la chance de pouvoir expérimenter leurs créations sur la piste du chapiteau, tandis que de jeunes compagnies sont invitées en résidences pour travailler et présenter leurs créations. Un échange susceptible d'enrichir les deux parties.



© Trio Faille.
© Trio Faille.
C'est à l'initiative de l'artiste jongleur Jérôme Thomas que cette structure se met en place, dans un lieu où le directeur François Martin laisse une large place à la création et à la culture. Dans ce grand espace que constitue l'hôpital avec ses différents bâtiments, l'ancienne Hostellerie des Chartreux est devenue depuis plusieurs années un lieu d'exposition des Arts Singuliers et est en passe de devenir une référence. Cette implication culturelle permet à la structure hospitalière d'ouvrir les portes sur l'extérieur, de favoriser un flux constant avec le monde via la culture et en particulier via les arts circassiens en ce qui concerne la compagnie ARMO.

C'est donc le premier spectacle en résidence dont nous avons pu voir une répétition le 10 février dernier. Il y aura d'autres résidences au fil des prochains mois. Trois jeunes circassiens fraîchement issus de l'école du CNAC (Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne) y travaillent leur première création : "Projet Faille". Après avoir partagé quelques projets d'école, l'envie de créer leur propre spectacle s'est imposé.

© Trio Faille.
© Trio Faille.
Ce spectacle "homemade" pour trois circassiens, un trapèze et un portique coréen, se penche sur la question du corps, des corps. Le théâtre et le jeu ont ici une part considérable, surtout la création des personnages que les trois interprètes vont faire vivre sur la piste. L'idée originelle du trio d'artistes était de poser la question du physique, et particulièrement de fouiller, grâce au travail sur le corps que pratiquent les circassiens, les capacités physiques exceptionnelles que ceux-ci développent. Une sorte de monstruosité qui dérange, qui fascine. Les trois jeunes circassiens cherchent à "s'emparer de nos corps pour exprimer nos contradictions, nos doutes, nos batailles, nos victoires et nos échecs".

L'un est très grand, porteur, jongleur, Johannes Holm Veje impressionne par la puissance qu'il génère. L'autre plus petite, trapéziste, violoncelliste et chanteuse, Léa Leprêtre oscille entre créature vénéneuse et caricature de la secrétaire folle. Le troisième, frêle comme un Ariel, voltigeur et chanteur, Martin Richard fait de son corps une poupée de chiffon ou une catapulte. L'univers ainsi créé par ces personnages hors normes, hors normalité, révèle l'ambivalence des êtres : parfois aériens, voltigeurs, légers, poétiques, parfois mécaniques brisées, traînant au sol une errance sans but.

Le spectacle se présente pour l'instant sous forme d'une mécanique encore mal ajustée, mais certains éléments de cette narration - qui mêlent habilement cirque, jeu et musique - donnent une belle idée de ce que sera le spectacle final : mélange vivifiant de prouesse et de poésie.

"Projet Faille"

© Christophe Raynaud de Lage.
© Christophe Raynaud de Lage.
Autrice et auteurs : Léa Leprêtre, Johannes Holm Veje, Martin Richard. Creation
Interprètes : Léa Leprêtre, Johannes Holm Veje, Martin Richard.
Lumière : Victor Munoz .
Création sonore et musicale : Étienne Arnaud.
Collaborations artistiques : Florent Bergal, Gilles et Corinne Benizio.
Production déléguée : Armo/Compagnie Jérôme Thomas.
Durée : 50 minutes.

Résidence à l'Hôpital psychiatrique La Chartreuse, Dijon (21).

Tournée
Du 15 au 27 mars 2021 : résidence à l'Espace Périphérique, Paris 19e.
Avril 2021 : résidence de création de la version "rue", Le Carré Magique - Pôle national des arts du cirque en Bretagne, Lannion (22).
8 avril 2021 : création au Festival SPRING, Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie, Cherbourg (50) et Elbeuf (76).
16 et 17 avril 2021 : Festival Prise de CirQ’, Dijon (21).

Bruno Fougniès
Mercredi 17 Février 2021

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"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
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© Pierre Gondard.
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© DR.
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