Ce seront donc les corps, ces corps féminins que l'on mutile sciemment, qui vont être les témoins, les avocats et les guerriers mobilisés ici pour crier l'indignation. Six femmes circassiennes, accompagnées de trois porteurs et d'un acrobate, s'invitent sur un plateau presque vide, hormis neuf parpaings disposés sur tout l'espace, debout. Des parpaings ordinaires : inégaux, rugueux, du gris béton, avec des brisures par endroit. Symboles de la bétonisation que subit tout le continent africain. Symboles de la pression sociale, du poids des traditions et du coupant telle une lame de rasoir qu'il va falloir mettre en cause ici.
Poids qu'il faut porter d'abord, toutes, le fardeau de ce parpaing qu'elles tiennent en équilibre, faisant ronde, marchant, dansant malgré le poids malcommode de ces traditions, avancer malgré tout, vivre malgré cela, voilà la première image, le premier tableau qui ouvre le spectacle. Un tableau qui s'achève par l'accumulation des parpaings supportés par ces cous, ces chevilles aux allures si fragiles… jusqu'à la chute. Jusqu'à la révolte.
Les différents tableaux vont s'amuser à montrer cette force, cette volonté invulnérable des femmes guinéennes face à la dureté de cette société qui non seulement les veut mutilées, mais qui leur demande également de travailler, de subvenir aux besoins de leurs familles. De voltigeuses, les voilà devenues porteuses, pour de bon, qui, au lieu d'un parpaing, sera un acrobate que l'une d'entre elles sera obligée de tenir sur son crâne. Ce seront aussi des piles humaines, dont le socle est l'une de ces artistes des cirques, ses huit camarades se hissant sur ses épaules, ses bras, ses jambes, sa tête pour finir dans un écroulement qui donne bien la mesure de cette charge.
Poids qu'il faut porter d'abord, toutes, le fardeau de ce parpaing qu'elles tiennent en équilibre, faisant ronde, marchant, dansant malgré le poids malcommode de ces traditions, avancer malgré tout, vivre malgré cela, voilà la première image, le premier tableau qui ouvre le spectacle. Un tableau qui s'achève par l'accumulation des parpaings supportés par ces cous, ces chevilles aux allures si fragiles… jusqu'à la chute. Jusqu'à la révolte.
Les différents tableaux vont s'amuser à montrer cette force, cette volonté invulnérable des femmes guinéennes face à la dureté de cette société qui non seulement les veut mutilées, mais qui leur demande également de travailler, de subvenir aux besoins de leurs familles. De voltigeuses, les voilà devenues porteuses, pour de bon, qui, au lieu d'un parpaing, sera un acrobate que l'une d'entre elles sera obligée de tenir sur son crâne. Ce seront aussi des piles humaines, dont le socle est l'une de ces artistes des cirques, ses huit camarades se hissant sur ses épaules, ses bras, ses jambes, sa tête pour finir dans un écroulement qui donne bien la mesure de cette charge.
Les deux créateurs de "Yongoyély", Kerfalla Camara et Yann Ecauvre, ne se contentent pas de dénoncer cette pratique barbare et meurtrière, à l'aide, entre autres, de témoignages vocaux diffusés à intervalles réguliers, ils élargissent le spectre de leur questionnement à toute la société guinéenne, ils la mettent également en question avec courage et clairvoyance. Et les scènes parviennent à montrer que masculins et féminins ne sont pas plus, pas moins capables. Les rôles ici s'intervertissent en permanence. Et femmes et hommes portent et voltigent à égalité.
Elles chantent aussi, ils chantent, dansent. Tout le spectacle est traversé de chants à capella. Chants qui semblent des chants traditionnels, avec des reprises en chœur, des danses fortes où les membres sont animés de transes haletantes. On regrette, quand on ne connaît pas la langue utilisée dans ces chants, de ne pas en comprendre la signification, mais l'on ressent l'énergie farouche et déterminée, la colère et la révolte que ces chants et ces danses portent en elles.
Pour agrès, ce sont encore ces parpaings qui vont servir de socles dans lesquels les mâts chinois vont être fichés. Des mâts dont toute la stabilité sera assurée par les bras des artistes, pour que les acrobates y grimpent. Ces mêmes mâts, taillés dans le bois flexible et solide dont on taillait les arcs, seront des barres russes sur lesquels les voltiges périlleuses se succèderont ainsi que les défis, comme clins d'œil à l'enfance, celle qui sourd en permanence dans l'art circassien, ce rire qui finit toujours par triompher des drames les plus sanglants.
Pourtant, même si le rôle des trois hommes du spectacle est volontairement mis "comme sous un éteignoir" et s'ils supportent tant bien que mal moqueries et rires féminins, l'esprit du spectacle n'est pas au règlement de compte, mais au contraire à la volonté de travailler de concert comme dans la plupart des scènes réalisées ici. Un appel à une unité de justice plutôt qu'à une rupture entre les genres.
◙ Bruno Fougniès
Vu le 11 janvier 2025 dans le cadre de la BIAC 2025, Friche Belle de Mai, Marseille.
Elles chantent aussi, ils chantent, dansent. Tout le spectacle est traversé de chants à capella. Chants qui semblent des chants traditionnels, avec des reprises en chœur, des danses fortes où les membres sont animés de transes haletantes. On regrette, quand on ne connaît pas la langue utilisée dans ces chants, de ne pas en comprendre la signification, mais l'on ressent l'énergie farouche et déterminée, la colère et la révolte que ces chants et ces danses portent en elles.
Pour agrès, ce sont encore ces parpaings qui vont servir de socles dans lesquels les mâts chinois vont être fichés. Des mâts dont toute la stabilité sera assurée par les bras des artistes, pour que les acrobates y grimpent. Ces mêmes mâts, taillés dans le bois flexible et solide dont on taillait les arcs, seront des barres russes sur lesquels les voltiges périlleuses se succèderont ainsi que les défis, comme clins d'œil à l'enfance, celle qui sourd en permanence dans l'art circassien, ce rire qui finit toujours par triompher des drames les plus sanglants.
Pourtant, même si le rôle des trois hommes du spectacle est volontairement mis "comme sous un éteignoir" et s'ils supportent tant bien que mal moqueries et rires féminins, l'esprit du spectacle n'est pas au règlement de compte, mais au contraire à la volonté de travailler de concert comme dans la plupart des scènes réalisées ici. Un appel à une unité de justice plutôt qu'à une rupture entre les genres.
◙ Bruno Fougniès
Vu le 11 janvier 2025 dans le cadre de la BIAC 2025, Friche Belle de Mai, Marseille.
"Yongoyély - L'Exciseuse"
Création collective Circus Baobab.
Disciplines : Barre Russe, Fouet, Banquine, Mât Chinois, Portés acrobatiques Main à Main, Acrobaties au sol, Danses traditionnelles et Contemporaines, Krump.
Direction artistique : Kerfalla Camara.
Mise en cirque et scénographie : Yann Ecauvre.
Avec 6 artistes de cirque guinéennes, 2 porteurs et 1 voltigeur guinéens : Kadiatou Camara, Mamadama Camara, Yarie Camara, Sira Conde, Mariama Ciré Soumah, M'Mah Soumah, Djibril Coumbassa, Amara Tambassa, Mohamed Touré.
Intervenants cirque : Julie Delaire & Mehdi Azéma.
Création musicale : Yann Ecauvre et Mehdi Azéma.
Chorégraphie collective : Yann Ecauvre, Mehdi Azéma, Julie Delaire et les artistes.
Création de costumes : Solenne Capmas.
Production déléguée : Richard Djoudi R'en Cirque.
Tout public.
Durée : 1 h.
Tournée
Du 12 février au 2 mars 2025 : Théâtre La Scala, Paris 10ᵉ.
8 mars 2025 : Scène de Bayssan, Béziers (34).
22 mars 2025 : Dieppe Scène nationale, Dieppe (76).
25 mars 2025 : Centre culturel Jacques Prévert, Villeparisis (77).
30 mars 2025 : Théâtre Le Reflet, Vevey (Suisse).
2 avril 2025 : Théâtre du Passage, Neuchâtel (Suisse).
5 et 6 avril 2025 : Points Communs - Scène Nationale, Cergy-Pontoise (95).
8 avril 2025 : Théâtre, Colombes (92).
10 avril 2025 : Théâtre, Rungis (94).
13 et 14 juin 2025 : Festspielhaus, St Pölten (Autriche).
27 et 28 juin 2025 : Festival de Wiltz, Wiltz (95).
3 juillet 2025 : Festival des 7 Collines, Saint-Étienne (42).
6ᵉ édition de la Biennale Internationale des Arts du Cirque, Marseille et toute la région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Un mois de cirque en région Sud.
Du 9 janvier au 9 février 2025.
Renseignements et réservations sur le site de la BIAC :
>> biennale-cirque.com
Disciplines : Barre Russe, Fouet, Banquine, Mât Chinois, Portés acrobatiques Main à Main, Acrobaties au sol, Danses traditionnelles et Contemporaines, Krump.
Direction artistique : Kerfalla Camara.
Mise en cirque et scénographie : Yann Ecauvre.
Avec 6 artistes de cirque guinéennes, 2 porteurs et 1 voltigeur guinéens : Kadiatou Camara, Mamadama Camara, Yarie Camara, Sira Conde, Mariama Ciré Soumah, M'Mah Soumah, Djibril Coumbassa, Amara Tambassa, Mohamed Touré.
Intervenants cirque : Julie Delaire & Mehdi Azéma.
Création musicale : Yann Ecauvre et Mehdi Azéma.
Chorégraphie collective : Yann Ecauvre, Mehdi Azéma, Julie Delaire et les artistes.
Création de costumes : Solenne Capmas.
Production déléguée : Richard Djoudi R'en Cirque.
Tout public.
Durée : 1 h.
Tournée
Du 12 février au 2 mars 2025 : Théâtre La Scala, Paris 10ᵉ.
8 mars 2025 : Scène de Bayssan, Béziers (34).
22 mars 2025 : Dieppe Scène nationale, Dieppe (76).
25 mars 2025 : Centre culturel Jacques Prévert, Villeparisis (77).
30 mars 2025 : Théâtre Le Reflet, Vevey (Suisse).
2 avril 2025 : Théâtre du Passage, Neuchâtel (Suisse).
5 et 6 avril 2025 : Points Communs - Scène Nationale, Cergy-Pontoise (95).
8 avril 2025 : Théâtre, Colombes (92).
10 avril 2025 : Théâtre, Rungis (94).
13 et 14 juin 2025 : Festspielhaus, St Pölten (Autriche).
27 et 28 juin 2025 : Festival de Wiltz, Wiltz (95).
3 juillet 2025 : Festival des 7 Collines, Saint-Étienne (42).
6ᵉ édition de la Biennale Internationale des Arts du Cirque, Marseille et toute la région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Un mois de cirque en région Sud.
Du 9 janvier au 9 février 2025.
Renseignements et réservations sur le site de la BIAC :
>> biennale-cirque.com