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Avignon 2022

•Off 2022• "Mademoiselle Gazole" Dans un avenir proche, l'enfance… comme un manque à combler

Dans un futur proche ou peut-être dans un autre monde… quoi qu'il en soit, dans un temps et un univers où les enfants n'appartiennent plus aux parents pour la vie, ceux-ci sont devenus des agents un peu spéciaux que des entreprises spécialisées louent à l'heure, à la journée ou à la semaine pour partager quelques moments de pseudo vie familiale, un anniversaire, une histoire avant de se coucher, une participation à un "chat perché", etc.



© Simon Larvaron.
© Simon Larvaron.
Dans cette humanité singulière, aux allures de sombre fiction, se trouve une petite fille de huit ans, Mademoiselle, la meilleure des agents de l'Agence, une douée dans ce domaine. Elle assure, avec panache et réussite, toutes sortes de "missions" pour des clients très différents tant par leur appartenance à une catégorie sociale donnée que par leur "profil de vie" (couple, famille, célibataire, déprimé, en quête affective, etc.). Et elle est protégée, entraînée, par son majordome, Gazole (Georges Vauraz), un coach bienveillant, protecteur, quoique mystérieux.

Au fil de leur collaboration, de cette étrange association, des questionnements de Mademoiselle, portés par l'impertinence, l'audace et la naïveté de son âge, des relations plus profondes vont se nouer en quête de la compréhension de l'origine de cette société où l'enfance est devenu un sinistre commerce, palliatif provisoire et éphémère à la disparition de la sphère familiale. À eux deux, ils vont ainsi partir à la découverte de ce que pourrait être une enfance qui s'appartient encore, en faisant des découvertes stupéfiantes qui vont gripper la machine de L'Agence.

© Simon Larvaron.
© Simon Larvaron.
La fonction parentale n'existe donc plus. Il semblerait que plus personne n'ait des enfants - problème de reproduction/fertilité, on ne le saura pas - et ne puisse plus, de ce fait, assumer un rôle de parents. Alors l'Agence loue filles et garçons de différents âges. Dans celle-ci, Mademoiselle a des rôles de petite fille de 7 à 10 ans. Elle est notamment experte en jeu de cache-cache et travaille beaucoup, car très bien notée et logiquement très demandée. Le prêt de l'enfant n'est possible que pour un jour, une semaine, un mois, mais jamais pour une année.

Petit à petit, Mademoiselle amène Gazole à lui parler du passé, du temps où on pouvait encore avoir une maman et un papa. Qu'était-ce qu'une famille ? C'est aussi pour elle essayer de percer le secret de Gazole qui fut, lui aussi, enfant, un agent loué pour ces services si particuliers… étant même le premier de l'agence. Tout cela aboutira – et laissons aux futurs spectateurs le plaisir de le découvrir – à ce que Mademoiselle devienne Mademoiselle Gazole !

L'étrangeté, l'artificialisation, de cette étonnante, voire inquiétante société, est astucieusement appuyée par l'utilisation d'une marionnette pour le personnage de Mademoiselle et d'un décor rempli de caches "tiroirs" à tirants ou pivotant d'où divers accessoires apparaissent, posant l'aspect somme toute ludique de l'univers enfantin.

© Simon Larvaron.
© Simon Larvaron.
Visuellement très riche avec de courtes séquences oniriques d'une grande beauté, empreinte d'une touche de merveilleux - féerique apparition d'une maisonnette aux fenêtres éclairée dans la nuit - et d'une pointe de poésie, notamment celle où Mademoiselle s'envole… suspendue à un ballon dans la nuit étoilée… cela n'étant pas sans rappeler l'univers créatif d'un Philippe Genty.

Pour le spectateur, la complicité entre le comédien et la marionnette ne fait aucun doute. Et l'astucieuse mise en scène développée, la transparente et discrète présence de la manipulatrice (Laura Zauner), l'ingénieux "escalier armoire" aux multiples "cachettes" permettent de nombreuses combinaisons scénographiques, rendant vivant, crédible, les multiples espaces créés dans ce petit monde aux allures de dystopie où l'imaginaire est la "force de vente" de l'enfance.

"Mademoiselle Gazole" est une création colorée et vive, riche de mille trouvailles, interprétée avec finesse par Georges Vauraz et une marionnette pleine de sagacité - habitée par la voix de Laura Zauner -, qui interpelle tant les petits que les parents sur des sujets aussi beaux que simples que sont l'importance de la filiation, de la parentalité et de la relation affective unissant un être humain à ses ascendants.

Vu en juin 2022 dans le cadre du Phénix Festival.

"Mademoiselle Gazole"

© Simon Larvaron.
© Simon Larvaron.
Texte : Nicolas Turon.
Mise en scène : Laura Zauner, Georges Vauraz.
Avec : Laura Zauner, Georges Vauraz.
Lumières : Denis Koransky.
Musique : Luca Gaigher.
Scénographie : Georges Vauraz.
Conception marionnette : Francesca Testi.
Régie Plateau : Flavien Rousselet.
Régie : Mélanie Wojylac.
Par la Compagnie Ito Ita.
Spectacle tout public à partir de 7 ans.
Durée : 20 minutes.

•Avignon Off 2022•
Du 7 au 30 juillet 2022.
Tous les jours à 10 h, relâche le mardi (19 et 26 juillet).
Théâtre La Luna, Salle 1, Quartier La Luna, 1, rue Séverine, Avignon.
Réservations : 04 90 86 96 28.
>> theatre-laluna.fr

Gil Chauveau
Mercredi 27 Juillet 2022

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

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© Betül Balkan.
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On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

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© Philippe Hanula.
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Gil Chauveau
26/03/2024