Être continûment confronté au regard dévalorisant des autres, au point de "faire corps" avec l'image d'un ridicule fini qu'ils renvoient de votre personne, constitue une expérience mettant à mal l'ego, frappé de sidération. Cela peut aller jusqu'à déclencher une pulsion auto-destructrice afin d'en finir une fois pour toutes avec l'abjection de soi collant à la peau. Mais quand - miracle divin -, dans un rêve euphorisant, la réalité se met à "exister" sous une forme lumineuse, le sujet renaît des cendres auxquelles il était destiné.
Fiodor Dostoïewski, l'auteur de cette nouvelle fantastique, était un homme torturé, écartelé entre l'attirance pour un socialisme progressiste, où la question du libre arbitre était centrale, et un penchant mystique très prégnant traversant son œuvre monumentale. Dès lors, rien d'étonnant qu'il ait pu produire à l'état de veille ce récit qui cristallise en lui les formations inconscientes échappant à son contrôle.
Les limites labiles entre veille et sommeil, réalité et rêves, ces limbes indistincts où séjournent les âmes de ceux que la réalité ne reconnaît pas, sont sources de révélations conduisant à modifier profondément l'angle d'attaque du réel. Ainsi, à cet homme qui était prêt à passer de l'autre côté du miroir pour fuir son image dégradée, il lui suffit ce soir-là que son chemin croise une petite fille éplorée pour que le rêve, "voie royale qui mène à l'inconscient", produise ses effets performatifs.
Fiodor Dostoïewski, l'auteur de cette nouvelle fantastique, était un homme torturé, écartelé entre l'attirance pour un socialisme progressiste, où la question du libre arbitre était centrale, et un penchant mystique très prégnant traversant son œuvre monumentale. Dès lors, rien d'étonnant qu'il ait pu produire à l'état de veille ce récit qui cristallise en lui les formations inconscientes échappant à son contrôle.
Les limites labiles entre veille et sommeil, réalité et rêves, ces limbes indistincts où séjournent les âmes de ceux que la réalité ne reconnaît pas, sont sources de révélations conduisant à modifier profondément l'angle d'attaque du réel. Ainsi, à cet homme qui était prêt à passer de l'autre côté du miroir pour fuir son image dégradée, il lui suffit ce soir-là que son chemin croise une petite fille éplorée pour que le rêve, "voie royale qui mène à l'inconscient", produise ses effets performatifs.
Lui qui avait préparé l'arme pour se donner la mort, revolver posé sur la table face à lui, s'endort dans son fauteuil Voltaire… Et là, les images oniriques qui le gagnent, l'entraînent à voguer en état d'apesanteur en compagnie d'un être inconnu l'ayant tiré du cercueil où il avait été enseveli. Il y aurait donc - dans les rêves - une vie après la mort ?
Tout n'est que beauté et amour dans ce monde rêvé. Cette sensation de plénitude, de faire corps avec le cosmos… Et soudain, il hurle, la musique se déchaîne, devient criarde, les traits du visage se tordent et le corps du rêveur est traversé par des transes. La beauté et la bonté insupportables se sont muées en leur inverse sous l'effet de l'homme pervertissant tout ce qu'il approche.
Au réveil, l'homme ayant éprouvé dans sa chair l'expérience du bien et du mal, sait ce qu'il doit prêcher. Un sens est donné à son existence, sans lequel elle s'abîmait dans le ridicule jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Récit "illuminé" de Fiodor Dostoïewski, rendu lumineux sous l'effet de l'incarnation saisissante proposée par Jean-Paul Sermadiras, qui se coule à s'y confondre dans le costume du protagoniste torturé, puis exalté par sa nouvelle condition d'homme exhortant à la concorde.
Tout n'est que beauté et amour dans ce monde rêvé. Cette sensation de plénitude, de faire corps avec le cosmos… Et soudain, il hurle, la musique se déchaîne, devient criarde, les traits du visage se tordent et le corps du rêveur est traversé par des transes. La beauté et la bonté insupportables se sont muées en leur inverse sous l'effet de l'homme pervertissant tout ce qu'il approche.
Au réveil, l'homme ayant éprouvé dans sa chair l'expérience du bien et du mal, sait ce qu'il doit prêcher. Un sens est donné à son existence, sans lequel elle s'abîmait dans le ridicule jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Récit "illuminé" de Fiodor Dostoïewski, rendu lumineux sous l'effet de l'incarnation saisissante proposée par Jean-Paul Sermadiras, qui se coule à s'y confondre dans le costume du protagoniste torturé, puis exalté par sa nouvelle condition d'homme exhortant à la concorde.
"Le Rêve d'un homme ridicule"
Texte : Fiodor Dostoïevski.
Traduction : André Markowicz.
Adaptation : Jean-Paul Sermadiras.
Mise en scène : Olivier Ythier.
Avec : Jean-Paul Sermadiras.
Collaboration artistique : Gilles David, sociétaire de la Comédie-Française.
Scénographie et lumières : Jean-Luc Chanonat.
Création sonore : Pascale Salkin.
Costumes : Cidalia Da Costa.
Cie Le PasSage.
À partir de 9 ans.
Durée : 1 h.
•Avignon Off 2022•
Du 7 au 30 juillet 2022.
Tous les jours à 17 h 25, relâche le mardi.
Théâtre de l'Étincelle, 14, place des Études, Avignon.
Réservation : 04 90 85 43 91.
>> festivaloffavignon.com
Traduction : André Markowicz.
Adaptation : Jean-Paul Sermadiras.
Mise en scène : Olivier Ythier.
Avec : Jean-Paul Sermadiras.
Collaboration artistique : Gilles David, sociétaire de la Comédie-Française.
Scénographie et lumières : Jean-Luc Chanonat.
Création sonore : Pascale Salkin.
Costumes : Cidalia Da Costa.
Cie Le PasSage.
À partir de 9 ans.
Durée : 1 h.
•Avignon Off 2022•
Du 7 au 30 juillet 2022.
Tous les jours à 17 h 25, relâche le mardi.
Théâtre de l'Étincelle, 14, place des Études, Avignon.
Réservation : 04 90 85 43 91.
>> festivaloffavignon.com