La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Avignon 2022

•Off 2022• "Famadine Van Gogh" Réanimer Van Gogh : de mots en tableaux renaît son esprit et, sur scène, un talent surgit

Est-ce un heureux hasard d'assister à ce conte théâtral autour du peintre Vincent Van Gogh aux Lila's ? Est-ce possible que l'artiste peintre ait envoyé à Laurent Lafuma, talentueux interprète, un poil de pinceau de l'au-delà ?



© Romane Bernard.
© Romane Bernard.
Dans ce lieu fort agréable, il se pourrait qu'il y ait comme un fantôme qui rôde. Mieux, comme un esprit savoureux qui se pose une heure quinze sur votre épaule.

Ce spectacle n'en est pas un tel qu'on l'imagine. Ici, nous est conté, tel un griot dont on savoure la voix enchanteresse, un pan de la vie de Vincent Van Gogh. Une correspondance.

Autour de quatre lettres - deux écrites à son frère Théo puis deux autres à son grand ami Émile Bernard -, le comédien nous rend compte d'un autre talent du peintre : l'écriture impeccable de ses lettres, comme une toile dont on suit le chemin.

Laurent Lafuma rend hommage au mort. Un vrai cérémonial issu de la culture malgache introduit ce spectacle faisant renaître les pensées du peintre à travers la voix, le corps et la légère fantaisie du comédien. Ce cérémonial existe, c'est la Famadine. D'où le titre de ce bijou reposant et enrichissant au cœur du festival.

© Rosalie Lust.
© Rosalie Lust.
C'est un moment suspendu dans la cité. L'écoute est intense. Chaque mot écrit par le peintre résonne dans ce théâtre. C'était un "fou" de peinture et un curieux de la vie autour. Un aventurier de la précision et un passionné de la couleur et des sensations.
Un artiste dans ce qu'il a de plus pur avec la poésie comme autre amie.

Inutile de connaître l'œuvre de l'artiste peintre pour profiter chaleureusement (mais dans une salle climatisée) de ce spectacle original. Ce que je retiens, c'est l'immense sensibilité de ce créateur. Cet homme vivait la peinture et dansait avec les couleurs. Il partageait cette passion intrinsèque avec ses proches et ses lettres sont des esquisses de roman.

Laurent Lafuma nous embarque et, avec lui, le voyage est doux et délicat. Il s'adresse parfois au public pour mieux se reconnecter au monde et puis repart dans sa traversée, élégamment habillé.

Est-ce un heureux hasard d'assister à ce conte théâtral autour du peintre Vincent Van Gogh aux Lila's ?
Je ne crois pas. Voilà pourquoi il faut y aller.

"Famadine Van Gogh"

© Rosalie Lust.
© Rosalie Lust.
Seule en scène.
Textes : Vincent Van Gogh.
Avec l'aimable autorisation de "Vincent van Gogh - Les Lettres".
Édition critique complète illustrée (6 volumes), 2009.
Sous la direction de Leo Jansen, Hans Luijten, Nienke Bakker.
Van Gogh Museum, Huygens ING, Actes Sud.
Mise en scène : Salomé Laloux-Bard.
Avec : Laurent Lafuma.
Régisseuse : Fanny Delort.
Passage production.
Tout public.
Durée : 1 h 15.

•Avignon Off 2022•
Du 7 au 26 juillet 2022.
Tous les jours à 15 h 30, relâche le mercredi.
Théâtre des Lila's, entrée rue Rateau (angle rue Londe), Avignon.
Réservations : 04 90 33 89 89.
>> festivaloffavignon.com

Isabelle Lauriou
Dimanche 17 Juillet 2022

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024