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Pièce du boucher

Lettre ouverte à un monsieur tout gris

Vous trouvez que la culture coûte cher ? Essayez l’ignorance…

Je suis par hasard tombée sur un article du quotidien "Le Progrès", en date du 13 novembre 2015, dans lequel Laurent Wauquiez proposait, dans le cadre des élections régionales, de "fermer les formations fantaisistes comme celles des métiers du cirque et des marionnettistes"... Je n'ai pas pu m'empêcher de réagir face aux propos de Monsieur Wauquiez...



Extrait de l'article publié le 13 novembre 2015 dans le quotidien "Le Progrès".
Extrait de l'article publié le 13 novembre 2015 dans le quotidien "Le Progrès".
Jusqu’à quand allons-nous devoir répéter que la Culture rapporte bien plus à la France que son industrie automobile en devises pures ? Et là-dedans ne comptons même pas le tourisme (dont le paramètre "culturel" est fondateur tant en matière de spectacles que de patrimoine) dont nous sommes les premiers bénéficiaires mondiaux (7,4 % du PIB en 2014, premier rang mondial en 2014 avec 83,8 millions d’arrivées de touristes internationaux, et le troisième rang avec 43,2 milliards d’euros de recettes)... Et ce n'est pas qu'à cause de notre climat !

Je propose à Laurent d'aller lui-même exiger des grands industriels qu'ils essaient désormais de vendre leur camelote sans l'aide d'aucun artiste ni musicien ni vidéaste ni graphiste ni rien. "Les mecs, dorénavant, vous allez vendre vos "kinder surprise" brut de décoffrage dans du papier kraft : on a décidé la rupture de stock totale sur les créateurs, graphistes et artistes toutes disciplines confondues dans le pays". Je serais curieuse de voir comment il se fera recevoir !

Voici le programme que je propose pour les prochaines élections : fermer les filières dangereuses, amorales, antisociales et prédatrices comme celles qui orientent vers la politique, la finance, le commerce, l'armement, l'alcool et les drogues pharmaceutiques, le luxe et la prostitution... Toutes ces choses dont de nombreux hommes politiques sont malheureusement la synthèse vivante aujourd'hui. Hein, qu’en pensez-vous ?

En attendant, la meilleure réponse qu’on puisse lui apporter est de continuer à parler du spectacle sous toutes ses formes et surtout de continuer à y aller. Ce qui est dommage, c’est qu’aujourd’hui se rendre dans une salle se spectacle, c’est devenu souvent un acte militant.


© C. Elies.
© C. Elies.
Je m’interroge alors… J’emmène mon fils de trois ans à l’Espace Cirque d’Anthony voir un spectacle de voltige. Est-ce donc un acte militant ? Est-ce être engagé que d’apprécier la musique et la poésie de ces merveilleux artistes qui depuis trente ans se consacrent à leur art, avec toute la difficulté et l’exigence que cela suppose ? Ici, avec le cirque équestre de la famille Pagnozoo, il pleut des flocons de neige, de grandes voiles claquent au vent et au rythme d’étalons superbes et puissants.

Ne vous en déplaise Monsieur Wauquiez, mais au moins moi je sais que ce soir je vais voir un "Vrai" spectacle, avec de "Vrais" gens. Et surtout, je sais que j’aurai montré à mon petit garçon les facettes de la vie les plus belles pour que le jour où il voudra parcourir le monde et qu'il verra ses atrocités, il puisse à son tour ne pas perdre la foi en la beauté et l'amour parce qu'il en aura lui-même été pleinement nourri… Ce qui à mon avis n’est pas votre cas.

"Emmène-moi"

© C. Elies.
© C. Elies.
Cirque Pagnozoo.
11 chevaux, 6 voltigeurs et 3 musiciens.
Scénographie et mise en scène : Clair Arthur.
Avec : Calou, Jacques, Caro, Alice, Nolwen, Mina, Étienne, Olivier, Marc, Thibaut.
Costumes : Stéphane Thomas.
Musique : Marc Goujot, Olivier Tuaillon, Thibaut Chipot.
Lumières : Jean-Luc Malavesi.
Durée : 1 h 05.

Du 4 au 21 décembre 2015.
Théâtre Firmin Gémier-La Piscine, Espace Cirque,
rue Georges Suant, Antony (92).
Tél. : 01 41 87 20 84.
>> theatrefirmingemier-lapiscine.fr

Références et sources :

http://www.rtl.fr/actu/politique/elections-regionales-2015-en-auvergne-rhone-alpes-les-professionnels-du-cirque-en-colere-contre-laurent-wauquiez-7780736557

http://www.leprogres.fr/politique/2015/11/14/wauquiez-aider-ceux-qui-ont-envie-de-travailler-et-lutter-contre-l-assistanat

Culture Chiffres clés 2015 :
En 2014 […] 23 millions d’entrées pour les spectacles de variétés et musiques actuelles dont près de 5 millions dans les différents festivals qui se déroulent partout en France. 2,3 millions de spectateurs pour les opéras, ballets et concerts des théâtres lyriques. Plus de 1 000 théâtres, dont 5 théâtres nationaux, plus de 70 lieux labellisés scènes nationales, 115 scènes conventionnées, près de 40 centres dramatiques, des théâtres de ville, des théâtres privés.

460 conservatoires de musique, danse et art dramatique qui contribuent à l’éducation artistique des jeunes mais aussi des adultes. 16 300 bibliothèques et lieux de lecture publique qui permettent à plus de 80 % des Français un accès au livre dans leur commune. […]

En librairie depuis le 25 mars 2015.
Diffusion La Documentation française,
ISBN 978-2-11-28157-8.
Prix : 12 €

Vendredi 4 Décembre 2015


1.Posté par jean le 05/12/2015 20:08
les marionnettes tout comme les clowns entrent dans les programmes thérapiques des prisons ,des hôpitaux .
Ces arts et ces pratiques devraient être, n'en déplaise à monsieur Wauquier, déclarées d'utilité publique.
Les polytraumatisés des attentats ont besoin des clowns et des marionnettes et des contes pour tenter de se reconstruire psychiquement.
Et de plus pour ce qui concerne les bourreaux elles devraient entrer dans lesprogrammes de déradicalisation.

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Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
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Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

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"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

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© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024