Curieux orchestre que ce collectif de musiciens solistes et chambristes à géométrie variable (soixante-dix musiciens ce 6 octobre) sans chef d'orchestre mais avec une âme et un fondateur-compagnon de route le violoniste David Grimal. Plutôt jeune et réunissant des musiciens issus de diverses formations françaises et étrangères, l'orchestre fonctionne sur le principe des affinités électives et de la liberté. Les membres des Dissonances (1) se choisissent par cooptation et décident ensemble du choix des œuvres et du programme. Dix ans que dure cette utopie collaborative et participative où chacun doit trouver sa place sans chef d'orchestre à la baguette et ce, au service d'œuvres qu'il s'agit de faire redécouvrir et qui sont de fait réinterprétées.
Surprenante vision donc ce jour-là pour l'habitué(e) des concerts : un orchestre sur la belle scène de la Philharmonie, sans estrade ni chef, avec un espace central libéré en attendant d'accueillir David Grimal, soliste pour le Concerto pour violon de Beethoven. Mais n'allons pas si vite. Le poème symphonique "La Mer" de Claude Debussy a été choisi pour ouvrir la soirée et c'est la première fois depuis sa création en 1905 par l'Orchestre Lamoureux qu'il sera joué sans chef. Un défi qui laisse un peu perplexe tant la chose est inédite.
Ce chef-d'œuvre à l'orchestration opulente peut-il être joué ainsi ? Oui. L'interprétation ne décevra pas. Les riches coloris de ce manifeste musical impressionniste sont bien rendus, tous les pupitres excellent à enluminer détails et lignes jusqu'à la tempête finale - vrai prestige subtil de cette écriture qui opère en touches éphémères par fusion ou juxtaposition des motifs. On sait que la fameuse estampe d'Hokusaï "La Vague" reproduite sur la partition d'origine en est l'allégorie.
Surprenante vision donc ce jour-là pour l'habitué(e) des concerts : un orchestre sur la belle scène de la Philharmonie, sans estrade ni chef, avec un espace central libéré en attendant d'accueillir David Grimal, soliste pour le Concerto pour violon de Beethoven. Mais n'allons pas si vite. Le poème symphonique "La Mer" de Claude Debussy a été choisi pour ouvrir la soirée et c'est la première fois depuis sa création en 1905 par l'Orchestre Lamoureux qu'il sera joué sans chef. Un défi qui laisse un peu perplexe tant la chose est inédite.
Ce chef-d'œuvre à l'orchestration opulente peut-il être joué ainsi ? Oui. L'interprétation ne décevra pas. Les riches coloris de ce manifeste musical impressionniste sont bien rendus, tous les pupitres excellent à enluminer détails et lignes jusqu'à la tempête finale - vrai prestige subtil de cette écriture qui opère en touches éphémères par fusion ou juxtaposition des motifs. On sait que la fameuse estampe d'Hokusaï "La Vague" reproduite sur la partition d'origine en est l'allégorie.
Avec des percussions, des vents et cordes au sommet, la cohésion de l'orchestre fait plaisir à voir. Heureux d'être là et de jouer ensemble, très attentifs les uns aux autres, les musiciens tout en complicité, sourires et précision constituent un tout organique qui rend possible cette gageure sous le regard bienveillant et attentif du premier violon Hans-Peter Hofmann, un des membres de la première heure (2).
Le bonheur cette idée neuve dans un orchestre ? L'impression sera confirmée par ces beaux moments que constitue l'écoute de ces hits absolus de la musique que sont le Concerto pour violon et la cinquième symphonie de Beethoven. Seul l'orchestre les Dissonances pouvait sans doute nous donner l'impression de les entendre pour la première fois. Romantique en diable, le concerto pour violon et orchestre en ré majeur opus 61 retrouve avec David Grimal ses sonorités pures, sa déraison maîtrisée, son lyrisme très intériorisé. L'amitié - vertu toute aristotélicienne - entre un orchestre resserré et le soliste porte haut la jubilation et l'émotion.
Très à l'aise aussi dans les formes très architecturales de la Symphonie n°5 opus 67 (célèbre pour son thème initial du destin frappant à la porte du compositeur avec ses quatre notes dramatiques), les cors, les hautbois, les cordes et les vents des Dissonances (et un David Grimal premier violon veillant tendrement sur ses partenaires) n'ont pas besoin d'une baguette pour exalter passion, tendresse et fureur façon Sturm und Drang jusqu'à l'apothéose finale. Enthousiaste le public a réservé un triomphe mérité à une telle joie de faire de la musique hors des chemins balisés.
Le bonheur cette idée neuve dans un orchestre ? L'impression sera confirmée par ces beaux moments que constitue l'écoute de ces hits absolus de la musique que sont le Concerto pour violon et la cinquième symphonie de Beethoven. Seul l'orchestre les Dissonances pouvait sans doute nous donner l'impression de les entendre pour la première fois. Romantique en diable, le concerto pour violon et orchestre en ré majeur opus 61 retrouve avec David Grimal ses sonorités pures, sa déraison maîtrisée, son lyrisme très intériorisé. L'amitié - vertu toute aristotélicienne - entre un orchestre resserré et le soliste porte haut la jubilation et l'émotion.
Très à l'aise aussi dans les formes très architecturales de la Symphonie n°5 opus 67 (célèbre pour son thème initial du destin frappant à la porte du compositeur avec ses quatre notes dramatiques), les cors, les hautbois, les cordes et les vents des Dissonances (et un David Grimal premier violon veillant tendrement sur ses partenaires) n'ont pas besoin d'une baguette pour exalter passion, tendresse et fureur façon Sturm und Drang jusqu'à l'apothéose finale. Enthousiaste le public a réservé un triomphe mérité à une telle joie de faire de la musique hors des chemins balisés.
Une raison supplémentaire de les aimer ? Les Dissonances et leurs invités organisent une "Autre Saison" parallèle gratuite pour les sans-abris et dont les bénéfices (ces concerts sont ouverts à tous) financent des programmes d'aide aux démunis. La classe !
Notes :
(1) Le nom de l'orchestre est un hommage au quatuor de Mozart du même nom.
(2) Membre fondateur du quatuor Les Dissonances avec David Gaillard, Xavier Phillips et David Grimal.
Programme complet 2015-2016 :
>> les-dissonances.eu
Petite sélection des prochains concerts :
23 janvier 2016 : Opéra de Dijon (Les Dissonances y sont en résidence depuis 2008), Dijon (21).
26 janvier 2016 : Le Volcan, Scène nationale du Havre, Le Havre (76).
17 avril 2016 : Théâtre des Champs-Elysées (Paris 8e).
"L'Autre Saison des Dissonances"
Église Saint-Leu-Saint-Gilles.
92 rue Saint-Denis Paris 1er.
11 décembre 2015 : avec le chœur Aedes, Mathieu Romano (direction).
8 janvier 2016 : Quatuor Les Dissonances.
● "The 5 Violin Concertos - W.A. Mozart".
Les Dissonances - David Grimal.
CD-DVD sorti en février 2015.
Label : Les Dissonances.
Distribution : Harmonia Mundi.
Notes :
(1) Le nom de l'orchestre est un hommage au quatuor de Mozart du même nom.
(2) Membre fondateur du quatuor Les Dissonances avec David Gaillard, Xavier Phillips et David Grimal.
Programme complet 2015-2016 :
>> les-dissonances.eu
Petite sélection des prochains concerts :
23 janvier 2016 : Opéra de Dijon (Les Dissonances y sont en résidence depuis 2008), Dijon (21).
26 janvier 2016 : Le Volcan, Scène nationale du Havre, Le Havre (76).
17 avril 2016 : Théâtre des Champs-Elysées (Paris 8e).
"L'Autre Saison des Dissonances"
Église Saint-Leu-Saint-Gilles.
92 rue Saint-Denis Paris 1er.
11 décembre 2015 : avec le chœur Aedes, Mathieu Romano (direction).
8 janvier 2016 : Quatuor Les Dissonances.
● "The 5 Violin Concertos - W.A. Mozart".
Les Dissonances - David Grimal.
CD-DVD sorti en février 2015.
Label : Les Dissonances.
Distribution : Harmonia Mundi.