Imaginé en 1991 par Martin Engstroem (1) sur le modèle du Festival d'Aspen (Colorado), le Verbier Festival rencontre un succès toujours croissant (42 500 festivaliers cette année) grâce à sa situation unique - une série de manifestations en pleine nature dans le cadre enchanteur des montagnes du Valais - et à la mission qui lui a été dévolue dès sa création : réunir les grands noms de la musique mondiale et les artistes en devenir. Un maître mot donc, transmettre la passion de la musique, en encourager la pratique en aidant les plus jeunes (et futurs grands) à acquérir une expérience de haut niveau.
Avec ses quatre concerts par jour pendant deux semaines, ses événements hors concerts, ses master-classes et son académie d'une quarantaine de jeunes solistes sélectionnés dans le monde entier, l'édition de 2016 n'a pas déçu. Avec deux opéras mis en espace (la "Carmen" de la mezzo Kate Aldrich dirigée par le directeur musical du Verbier Festival Orchestra, Charles Dutoit et le "Falstaff" de Bryn Terfel sous la direction de Jesùs Lopez-Cobos), et des concerts symphoniques réunissant la crème des musiciens d'aujourd'hui tels Daniil Trifonov ou Christian Tetzlaff (avec des chefs comme Paavo Järvi, Gàbor Takàcs-Nagy, Michael Tilson Thomas) dont une "Symphonie Alpestre" de Richard Strauss donnée au lever du soleil à 3300 mètres en haut du Mont-Fort, les émotions fortes n'ont pas manqué à un public particulièrement chaleureux.
Avec ses quatre concerts par jour pendant deux semaines, ses événements hors concerts, ses master-classes et son académie d'une quarantaine de jeunes solistes sélectionnés dans le monde entier, l'édition de 2016 n'a pas déçu. Avec deux opéras mis en espace (la "Carmen" de la mezzo Kate Aldrich dirigée par le directeur musical du Verbier Festival Orchestra, Charles Dutoit et le "Falstaff" de Bryn Terfel sous la direction de Jesùs Lopez-Cobos), et des concerts symphoniques réunissant la crème des musiciens d'aujourd'hui tels Daniil Trifonov ou Christian Tetzlaff (avec des chefs comme Paavo Järvi, Gàbor Takàcs-Nagy, Michael Tilson Thomas) dont une "Symphonie Alpestre" de Richard Strauss donnée au lever du soleil à 3300 mètres en haut du Mont-Fort, les émotions fortes n'ont pas manqué à un public particulièrement chaleureux.
Des solistes de renom comme Andràs Schiff, Joshua Bell ou la chanteuse de Jazz Dianne Reeves ont côtoyé la jeune garde montante (Emöke Barath, le Quatuor Ebène, Lukas Geniusas), comme un prodige de quinze ans, le violoniste Daniel Lozakovitj. Car les très jeunes ne sont pas oubliés : le Verbier Junior Orchestra formés de musiciens de quinze à dix-huit ans a donné deux concerts (2) en juillet.
Une soirée inoubliable réunissait le 4 août le Verbier Festival Orchestra (3), le chef et compositeur hongrois Ivàn Fischer et la grande soprano Nina Stemme pour une soirée consacrée à Richard Wagner. Un de ces (rares) concerts qu'on trouve toujours trop courts. Le fondateur du Budapest Festival Orchestra avait choisi de grandes pages des opéras du compositeur allemand : l'Ouverture des "Maîtres chanteurs de Nüremberg", "L'enchantement du Vendredi Saint" au début du troisième acte de "Parsifal", le Prélude du "Tristan et Isolde", le "Voyage sur le Rhin" et la "Marche Funèbre" de Siegfried dans "Le Crépuscule des Dieux". Deux monologues chantées par la soprano suédoise concluaient les deux parties du concert : le "Liebestod" du final de "Tristan" et l'ultime scène du "Crépuscule", celle du sacrifice de Brünnhilde.
Une soirée inoubliable réunissait le 4 août le Verbier Festival Orchestra (3), le chef et compositeur hongrois Ivàn Fischer et la grande soprano Nina Stemme pour une soirée consacrée à Richard Wagner. Un de ces (rares) concerts qu'on trouve toujours trop courts. Le fondateur du Budapest Festival Orchestra avait choisi de grandes pages des opéras du compositeur allemand : l'Ouverture des "Maîtres chanteurs de Nüremberg", "L'enchantement du Vendredi Saint" au début du troisième acte de "Parsifal", le Prélude du "Tristan et Isolde", le "Voyage sur le Rhin" et la "Marche Funèbre" de Siegfried dans "Le Crépuscule des Dieux". Deux monologues chantées par la soprano suédoise concluaient les deux parties du concert : le "Liebestod" du final de "Tristan" et l'ultime scène du "Crépuscule", celle du sacrifice de Brünnhilde.
Et le charme opéra, même dans ce dispositif un peu artificiel d'enchaînement d'extraits d'œuvres aux climats très différents. L'énergie et l'enthousiasme des jeunes musiciens (qui n'ont que peu de répétitions en définitive) rencontraient sans peine ceux du chef, très à l'écoute et en même temps sereinement impérieux. Chaque pupitre, galvanisé, donnait le meilleur de soi (avec des vents et des bois d'une couleur et d'un éclat superbes) et les quelques passages imparfaits n'entamaient pas un propos particulièrement savoureux. C'était le triomphe de la jeunesse (le motif d'Elsa et de Walther des "Maîtres" et de Siegfried), du renouveau printanier ("Parsifal") et la grandeur héroïque qui emportent tout.
Malgré une configuration complexe pour Nina Stemme, obligée de chanter sur scène quasiment au milieu d'une petite centaine de musiciens, sa vaillance renommée était au rendez-vous. Un peu limitée dans le "Liebestod" d'Isolde, sa Brünnhilde fut d'une présence remarquable. Nuances des sentiments et jeu des regards, maîtrise d'interminables phrases, les qualités habituelles de son chant (étendue, projection, rondeur) se déployèrent dans les registres attendus de grandeur mais aussi de l'humain du personnage. Cette Brünnhilde-là méritait vraiment l'ovation passionnée du public qu'elle obtint.
Malgré une configuration complexe pour Nina Stemme, obligée de chanter sur scène quasiment au milieu d'une petite centaine de musiciens, sa vaillance renommée était au rendez-vous. Un peu limitée dans le "Liebestod" d'Isolde, sa Brünnhilde fut d'une présence remarquable. Nuances des sentiments et jeu des regards, maîtrise d'interminables phrases, les qualités habituelles de son chant (étendue, projection, rondeur) se déployèrent dans les registres attendus de grandeur mais aussi de l'humain du personnage. Cette Brünnhilde-là méritait vraiment l'ovation passionnée du public qu'elle obtint.
(1) L'interview réalisée en juin 2016 du fondateur et directeur général du festival est à écouter ci-dessous.
(2) Le futur chef de l'Orchestre de Paris, Daniel Harding, en est le directeur musical. Il a dirigé un des deux concerts de cette très jeune formation.
(3) Le Verbier Festival Orchestra, composé de musiciens de dix-huit à vingt-huit ans, est renouvelé tous les ans d'un tiers (sur audition dans chaque pays). Chacun des musiciens de l'orchestre rejoindra ensuite un orchestre réputé grâce à l'expérience acquise.
Du 22 juillet au 7 août 2016.
Trente des concerts de cette 23e édition sont disponibles gratuitement en replay sur la chaîne Medici.tv jusqu'au 30 octobre 2016.
Prochaine édition du 21 juillet au 6 août 2017.
(2) Le futur chef de l'Orchestre de Paris, Daniel Harding, en est le directeur musical. Il a dirigé un des deux concerts de cette très jeune formation.
(3) Le Verbier Festival Orchestra, composé de musiciens de dix-huit à vingt-huit ans, est renouvelé tous les ans d'un tiers (sur audition dans chaque pays). Chacun des musiciens de l'orchestre rejoindra ensuite un orchestre réputé grâce à l'expérience acquise.
Du 22 juillet au 7 août 2016.
Trente des concerts de cette 23e édition sont disponibles gratuitement en replay sur la chaîne Medici.tv jusqu'au 30 octobre 2016.
Prochaine édition du 21 juillet au 6 août 2017.
ITV_Martin Engstroem_juin 2016.mp3 (15.39 Mo)
© Nicolas Brodard.