La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Concerts

Le Festival "Pianos, Pianos" au Théâtre des Bouffes du Nord

Les 16 et 17 décembre 2018, le Festival "Pianos, Pianos" propose d'enrichir notre regard sur l'histoire d'un instrument et celle des interprétations des œuvres qui lui ont été dédiées de l'ère romantique à l'époque contemporaine.



Edoardo Torbianelli, Piano Pleyel 1842 © DR.
Edoardo Torbianelli, Piano Pleyel 1842 © DR.
Fruit d'une collaboration entre la Fondation Royaumont et la Médiathèque Musicale Mahler, le Festival "Pianos, Pianos", qui se déroulera au Théâtre des Bouffes du Nord, mettra à l'honneur un instrument apparu à la fin du XVIIIe siècle. Depuis lors, ses possibilités expressives et sonores ont sans cesse été améliorées par les facteurs et les compositeurs.

Ce festival mettra également en lumière la passion de quelques artistes qui se proposent de faire entendre de nouvelles approches d'interprétation en récital. En offrant aussi des concerts-ateliers au public afin que ce dernier n'ignore plus rien du piano-jouet, du piano romantique (des facteurs Erard, Streicher ou Pleyel), du piano - ce monde symphonique - tout simplement.

En résidence à la Fondation Royaumont jusqu'en 2019, Edoardo Torbianelli est l'infatigable arpenteur du répertoire romantique et joue donc sur des pianos d'époque restaurés. La Fondation accompagne en effet depuis trois décades les musiciens qui entendent réinventer le jeu des grandes œuvres, tel que cet artiste - on se souvient de son travail au pianoforte dans son dernier disque consacré à Chopin.

Claudia Chan © DR.
Claudia Chan © DR.
Il sera accompagné au festival par trois de ses élèves, des représentants de la génération suivante engagés dans la même quête : Laura Fernandez Granero, Luca Montebugnoli et Benjamin d'Aufray (tous trois lauréats de la Fondation Royaumont).

Tous, en compagnie des pianistes Claudia Chan - en résidence à la Médiathèque Musicale Mahler - et Nicolas Hodges (tous deux maîtres du répertoire contemporain) ont pu s'appuyer sur un fonds documentaire d'une grande richesse.

Edoardo Torbianelli a, par exemple, pu travailler pour ses interprétations historiquement informées à partir des archives de la Bibliothèque Musicale François Lang de Royaumont et du fonds Alfred Cortot (et ses milliers de partitions annotées, entre autres) acquis par Henry-Louis de La Grange (dont la totalité du legs constitue la MMM).

La consultation du Fonds Claude Hellfer (ce grand ancêtre du piano contemporain) de la Médiathèque Musicale Mahler enrichira de surcroît le jeu en concert de Claudia Chan pendant les deux jours du festival.

Piano Johann Baptist Streicher © DR.
Piano Johann Baptist Streicher © DR.
Nicolas Hodges et Claudia Chan s'attacheront ainsi à faire (re)découvrir au public la révolution opérée par les compositeurs des XXe et XXIe siècles quant aux ressources renouvelées de l'instrument (ces fameux pianos préparés permettant de jouer avec ses composantes) nécessitant une virtuosité trempée aux nouveaux défis techniques lancés aux interprètes.

Edoardo Torbianelli et ses disciples livreront des concerts centrés sur Chopin et les compositeurs de son temps parfois trop peu ou pas joués (Alkan, Moscheles, Weber). Ces deux univers pianistiques se marieront pour le meilleur lors du dernier concert donné par tous les artistes le 17 décembre (à 20 h 30) avec entre autres Xenakis, Czerny et Chopin.

Concerts et ateliers le 16 décembre de 14 h à 20 h 30
et le 17 décembre 2018 à partir de 19 h 30
.
Festival "Pianos, Pianos"
Théâtre des Bouffes du Nord.
37 bis, boulevard de la Chapelle, Paris 10e.
Tél. : 01 46 07 34 50.
>> festival-pianos-pianos

Christine Ducq
Mardi 11 Décembre 2018

Nouveau commentaire :

Concerts | Lyrique







À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024