Essentiellement composée entre 1892 et 1894, mais avec des emprunts à son œuvre dès 1888, Gustav Mahler poursuit avec sa deuxième symphonie sa quête de révolution musicale dans une "ère nouvelle", celle qu'a ouverte le génie beethovénien. Après la "Titan", la "Résurrection" pose les bases d'une trilogie qui définira la symphonie de l'avenir. Celle qui doit exprimer "les conflits intérieurs, la nature qui nous entoure et l'effet qu'elle a sur nous, l'humour et les idées poétiques" (1).
Après quasiment cinq ans de luttes, Mahler ébauche à l'été 1893 les deuxième et troisième mouvements, réécrit sa "Totenfeier" (Marche funèbre) pour une symphonie-monde qui en comportera cinq. Il pense avoir réussi enfin à exister après le climax beethovénien et sa Neuvième symphonie. Mahler envisage donc un effectif orchestral inédit alors (avec sept percussions, un orgue et tous les pupitres renforcés), le recours à la voix de deux solistes (alto et soprano) et un chœur. Dans les salles modernes de concerts, le compositeur sait qu'"il (lui) faut faire un grand bruit" (2).
Après quasiment cinq ans de luttes, Mahler ébauche à l'été 1893 les deuxième et troisième mouvements, réécrit sa "Totenfeier" (Marche funèbre) pour une symphonie-monde qui en comportera cinq. Il pense avoir réussi enfin à exister après le climax beethovénien et sa Neuvième symphonie. Mahler envisage donc un effectif orchestral inédit alors (avec sept percussions, un orgue et tous les pupitres renforcés), le recours à la voix de deux solistes (alto et soprano) et un chœur. Dans les salles modernes de concerts, le compositeur sait qu'"il (lui) faut faire un grand bruit" (2).
Il utilisera ainsi certains de ses lieder des "Knaben Wunderhorn" dont les saisissants "Urlicht" et "Fischpredigt", en attendant de découvrir un poème de Friedrich Klopstock en 1894 "Auferstehung" (Résurrection) qui sera utilisé dans l'impressionnant final de la symphonie d'une durée inédite (entre 1 h 10 et 1 h 20).
La version qu'a livrée cette semaine l'Orchestre de Paris et son chœur dirigés par un Daniel Harding vif-argent fera date. Le chef anglais colore chaque épisode de cette fresque grandiose et déchirante avec une intelligence rare et un sens dramatique qui engage l'être entier (musiciens et auditeurs) minute après minute. La quête existentielle du compositeur se dessine en coupes claires avec des entrées mordantes pour le premier mouvement et son avertissement solennel. Un silence d'une minute dans le noir (demandée par Mahler) renvoie l'auditeur aux ténèbres de sa conscience.
Du tableau joyeux de la vie facile aux accents caressants - le deuxième mouvement Andante moderato - aux sarcasmes du troisième, puis l'explosion désespérée du quatrième se dissolvant dans les réminiscences de la Bohême natale de Mahler, l'orchestre reconstruit magnifiquement ce monument édifié au génie musical de son auteur (3). Et c'est passionnant. Quand l'entrée de l'alto Wiebke Lehmkuhl retouche de lumière originelle ("Urlicht") ce sombre tableau, le moment est tout simplement sublime (tel le "O Mensch" de la Troisième symphonie) comme l'entrée pianissimo du chœur dans le Finale - un cinquième mouvement magistral.
La version qu'a livrée cette semaine l'Orchestre de Paris et son chœur dirigés par un Daniel Harding vif-argent fera date. Le chef anglais colore chaque épisode de cette fresque grandiose et déchirante avec une intelligence rare et un sens dramatique qui engage l'être entier (musiciens et auditeurs) minute après minute. La quête existentielle du compositeur se dessine en coupes claires avec des entrées mordantes pour le premier mouvement et son avertissement solennel. Un silence d'une minute dans le noir (demandée par Mahler) renvoie l'auditeur aux ténèbres de sa conscience.
Du tableau joyeux de la vie facile aux accents caressants - le deuxième mouvement Andante moderato - aux sarcasmes du troisième, puis l'explosion désespérée du quatrième se dissolvant dans les réminiscences de la Bohême natale de Mahler, l'orchestre reconstruit magnifiquement ce monument édifié au génie musical de son auteur (3). Et c'est passionnant. Quand l'entrée de l'alto Wiebke Lehmkuhl retouche de lumière originelle ("Urlicht") ce sombre tableau, le moment est tout simplement sublime (tel le "O Mensch" de la Troisième symphonie) comme l'entrée pianissimo du chœur dans le Finale - un cinquième mouvement magistral.
Fanfares, apocalypse, appel divin (et son deuxième orchestre derrière la scène), certitude d'une "Résurrection" qu'assure la création, cet "acte essentiellement mystique" pour Mahler qui commente au-dessus de Klopstock "Je mourrai pour vivre !". Le chœur, doté d'une cohésion remarquable avec ses entrées toutes saisissantes, se lève pour un tutti orchestral et vocal final à couper le souffle.
(1) Lettre à Gisela Tolney-Witt.
(2) Lettre à une amie.
(3) "Mes deux symphonies expriment ma vie toute entière. J'y ai versé tout ce que j'ai vécu et souffert, elles sont vérité et poésie devenues musique." (ib.)
Concert entendu le 24 mai 2017.
À réécouter sur le site de la Philharmonie :
>> philharmoniedeparis.fr
Symphonie n°2 "Résurrection" en ut mineur pour soprano, alto, chœur et orchestre (1895).
De Gustav Mahler (1860 - 1911).
Daniel Harding, direction.
Christiane Karg, soprano.
Wiebke Lehmkuhl, alto.
Chœur de l'Orchestre de Paris.
Lionel Sow, chef de chœur.
Orchestre de Paris.
Roland Daugareil, violon solo. Concert entendu le 24 mai 2017.
(1) Lettre à Gisela Tolney-Witt.
(2) Lettre à une amie.
(3) "Mes deux symphonies expriment ma vie toute entière. J'y ai versé tout ce que j'ai vécu et souffert, elles sont vérité et poésie devenues musique." (ib.)
Concert entendu le 24 mai 2017.
À réécouter sur le site de la Philharmonie :
>> philharmoniedeparis.fr
Symphonie n°2 "Résurrection" en ut mineur pour soprano, alto, chœur et orchestre (1895).
De Gustav Mahler (1860 - 1911).
Daniel Harding, direction.
Christiane Karg, soprano.
Wiebke Lehmkuhl, alto.
Chœur de l'Orchestre de Paris.
Lionel Sow, chef de chœur.
Orchestre de Paris.
Roland Daugareil, violon solo. Concert entendu le 24 mai 2017.