Toujours au rendez-vous, Ariane Mnouchkine, assistée d'Hélène Cixous dans une œuvre collective du Théâtre du Soleil, est fidèle à ses combats, à sa vision du 6ᵉ art et à son exigence artistique où est narrée, sur les planches, une grande épopée historique avec ses décors somptueux, son style de jeu, dans une première époque intitulée "Ici sont les dragons", et qui en comportera d'autres.
Pour celle-ci, le spectre temporel s'étale entre 1916 et janvier 1918, diversement situé au Pas-de-Calais, en Picardie, à Kiev, à Petrograd, en Allemagne et en Ukraine de l'Ouest. La pièce relate les événements juste avant et pendant la Révolution russe de 1917, avec la chute du tsar Nicolas II (1868-1918) qui a donné lieu à l'éveil de la démocratie, suivi rapidement par la prise de pouvoir de Lénine (1870-1924) et de sa dictature.
La scénographie découvre un front de guerre avec son terrain recouvert de nappes givrées et de neige qui tombe par un mécanisme à dessein visible, où un comédien, côté cour, actionne une corde qui fait bouger en hauteur un long plateau fin pour la faire descendre. Situées côté cour, les coulisses du spectacle sont visibles durant toute la représentation. Dans celles-ci, une chorale de chanteurs entonne, durant un moment, un très beau chant. Il y a du théâtre dans le théâtre à de très nombreuses reprises avec la protagoniste principale, la metteure en scène (Hélène Cinque en alternance avec Dominique Jamblet), qui monte parfois sur les planches pour diriger les interprètes.
Pour celle-ci, le spectre temporel s'étale entre 1916 et janvier 1918, diversement situé au Pas-de-Calais, en Picardie, à Kiev, à Petrograd, en Allemagne et en Ukraine de l'Ouest. La pièce relate les événements juste avant et pendant la Révolution russe de 1917, avec la chute du tsar Nicolas II (1868-1918) qui a donné lieu à l'éveil de la démocratie, suivi rapidement par la prise de pouvoir de Lénine (1870-1924) et de sa dictature.
La scénographie découvre un front de guerre avec son terrain recouvert de nappes givrées et de neige qui tombe par un mécanisme à dessein visible, où un comédien, côté cour, actionne une corde qui fait bouger en hauteur un long plateau fin pour la faire descendre. Situées côté cour, les coulisses du spectacle sont visibles durant toute la représentation. Dans celles-ci, une chorale de chanteurs entonne, durant un moment, un très beau chant. Il y a du théâtre dans le théâtre à de très nombreuses reprises avec la protagoniste principale, la metteure en scène (Hélène Cinque en alternance avec Dominique Jamblet), qui monte parfois sur les planches pour diriger les interprètes.
La pièce est découpée en douze tableaux avec des décors changeants. Nous sommes en plein cœur d'un processus créateur artistique, la loge de la metteure en scène est située sous l'avant-scène, seul élément fixe dans la scénographie. Autour d'elle, il y a des manuscrits et des livres mettant en exergue un travail de recherche fait pour cette création. Elle doit choisir, ne pouvant tout montrer, comme elle le dit à l'un des personnages, soldat de son statut, qui l'interpelle lors d'une scène, car souhaitant qu'elle fasse référence à Karl Kautsky (1854-1938), homme politique germano-autrichien et théoricien marxiste, et à Nestor Makhno (1888-1934), révolutionnaire ukrainien.
Qui parle de Karl Kautsky et de Nestor Makhno ? Le comédien, citoyen de son art et porteur de l'engagement politique du Théâtre du Soleil, ou le combattant incarné luttant pour la souveraineté de son pays et militant auprès de Nestor Makhno ? L'interprète, soucieux de ce qu'il joue ou le personnage ? Le 6ᵉ art est mis en abyme sur ce qui relève de l'incarnation, de sa construction et de ses valeurs. Nous sommes ainsi situés dans un entre-deux de ce qui est théâtre dans le théâtre et théâtre dans son propos, de ce qui est joué et de ce qui est dit, les seconds termes bousculant toujours les premiers.
Qui parle de Karl Kautsky et de Nestor Makhno ? Le comédien, citoyen de son art et porteur de l'engagement politique du Théâtre du Soleil, ou le combattant incarné luttant pour la souveraineté de son pays et militant auprès de Nestor Makhno ? L'interprète, soucieux de ce qu'il joue ou le personnage ? Le 6ᵉ art est mis en abyme sur ce qui relève de l'incarnation, de sa construction et de ses valeurs. Nous sommes ainsi situés dans un entre-deux de ce qui est théâtre dans le théâtre et théâtre dans son propos, de ce qui est joué et de ce qui est dit, les seconds termes bousculant toujours les premiers.
Autour de Churchill, Kerenski, Lénine, Staline et Trotski, une multitude de protagonistes apparaissent, dont beaucoup oubliés par l'Histoire. Les comédiens portent des masques pour incarner ces figures historiques. Ces accessoires font qu'ils ont un aspect froid et distant entre eux. L'expressivité faciale est donc absente, les humeurs et émotions ne pouvant transparaître. Le jeu verbal semble toujours en décalage entre le dit et le manifesté, mettant en exergue des hommes animés uniquement de calculs politiques. Elle montre ainsi le visage froid et implacable de l'Histoire.
En arrière-fond, la trame sonore du spectacle est basée sur des enregistrements en langues anglaise, russe et ukrainienne. Sauf pour la metteure en scène, le français est utilisé à de rares exceptions. Elles deviennent le lien essentiel qui relie les événements aux hommes qui les ont décidés. Elles sont ainsi supports d'immixtion d'une période dont elles sont le repère pour être au plus proche des faits. La langue devient ainsi un élément d'authenticité.
Dans ce rapport à l'autre que les comédiens entretiennent avec leurs personnages, tout passe par la présence physique et le jeu corporel. La fable, dans le cadre d'une optique baignée d'imagination, est ainsi mise en retrait par rapport aux faits réels. Le 6ᵉ art devient témoin historique permettant de combattre mensonges et "faits alternatifs*". C'est ce qui est mis en exergue dans la première scène, quand la metteure en scène stoppe directement une interview télévisée de Poutine, projetée en arrière-scène, qui raconte sa "vérité", en tordant les faits.
En arrière-fond, la trame sonore du spectacle est basée sur des enregistrements en langues anglaise, russe et ukrainienne. Sauf pour la metteure en scène, le français est utilisé à de rares exceptions. Elles deviennent le lien essentiel qui relie les événements aux hommes qui les ont décidés. Elles sont ainsi supports d'immixtion d'une période dont elles sont le repère pour être au plus proche des faits. La langue devient ainsi un élément d'authenticité.
Dans ce rapport à l'autre que les comédiens entretiennent avec leurs personnages, tout passe par la présence physique et le jeu corporel. La fable, dans le cadre d'une optique baignée d'imagination, est ainsi mise en retrait par rapport aux faits réels. Le 6ᵉ art devient témoin historique permettant de combattre mensonges et "faits alternatifs*". C'est ce qui est mis en exergue dans la première scène, quand la metteure en scène stoppe directement une interview télévisée de Poutine, projetée en arrière-scène, qui raconte sa "vérité", en tordant les faits.
Dans le dernier tableau, elle filme, avec son téléphone portable, le palais d'hiver de Petrograd où la démocratie avait pris ses quartiers pendant quelques mois. La projection est faite en même temps sur grand écran, nostalgique d'une courte période en URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques) que l'on souhaiterait voir aujourd'hui en Russie, comme dans de nombreux pays sous égide dictatoriale et ailleurs où elle est de plus en plus malmenée par les fake news.
◙ Safidin Alouache
* "Alternative facts" (en V.O.), expression utilisée par la conseillère du président américain Donald Trump, Kellyanne Conway, le 22 janvier 2017, pour minimiser les impacts de l'appréciation à dessein erronée de Sean Spicer, porte-parole de la Maison-Blanche, du nombre de participants, la veille, à l'investiture du président.
◙ Safidin Alouache
* "Alternative facts" (en V.O.), expression utilisée par la conseillère du président américain Donald Trump, Kellyanne Conway, le 22 janvier 2017, pour minimiser les impacts de l'appréciation à dessein erronée de Sean Spicer, porte-parole de la Maison-Blanche, du nombre de participants, la veille, à l'investiture du président.
"Ici sont les dragons"
Première époque, 1917 : La Victoire était entre nos mains.
Création collective du Théâtre du Soleil, en harmonie avec Hélène Cixous.
Dirigée par Ariane Mnouchkine.
Musique composée par Clémence Fougea, jouée à chaque représentation avec Ya-Hui Liang.
Compositions musicales : Dimitri Chostakovitch, Sergueï Prokoviev et Yevhen Adamtsevytch, Ilia Chatrov, Fritz Cohen, César Franck, Reinhold Glière, Gustav Holst, Mykola Leontovytch, Edmund Meisel et Richard Wagner.
Comédiens : Hélène Cinque, Dominique Jambert, Nirupama Nityanandan, Aline Borsari, Alice Milléquant, Omid Rawendah, Sébastien Brottet-Michel, Seear Kohi, Andréa Marchant Fernandez, Andréa Formantel Riquelme, Agustin Letelier, Farid Joya, Élise Salmon, Ève Doe-Bruce, Vincent Mangado, Samir Abdul Jabbar Saed, Judit Jancsó, Pamela Marin Munoz, Vincent Martin, Seietsu Onochi, Vijayan Panikkaveettil, Reza Rajabi, Jean Schabel, Shaghayegh Beheshti, Xevi Ribas, Dimitri Leroy, Duccio Bellugi-Vannuccini, Ariane Hime, Maurice Durozier, Astrid Grant, Tomaz Nogueira da Gama, Sava Lolov, Clémence Fougea.
Voix : Ira Verbitskaya, Egor Morozov, Judit Jancsó, Martin Vaughan Lewis, Brontis Jodorowsky, Arman Saribekyan, Judit Jancsó, Alexey Dedoborsch, Cyril Boutchenik, Rainer Sievert, Johannes Hamm, Sacha Bourdo, Yuriy Zavalnyouk, Anna Kuzina.
Musiciens de l'orchestre : Agustin Letelier, Ya-Hui Liang (percussions), Andréa Marchant Fernandez (saxophone), Vincent Martin (piano), Xevi Ribas (clarinette), Elise Salmon (basse).
Durée : 2 h 45 avec l'entracte.
Création collective du Théâtre du Soleil, en harmonie avec Hélène Cixous.
Dirigée par Ariane Mnouchkine.
Musique composée par Clémence Fougea, jouée à chaque représentation avec Ya-Hui Liang.
Compositions musicales : Dimitri Chostakovitch, Sergueï Prokoviev et Yevhen Adamtsevytch, Ilia Chatrov, Fritz Cohen, César Franck, Reinhold Glière, Gustav Holst, Mykola Leontovytch, Edmund Meisel et Richard Wagner.
Comédiens : Hélène Cinque, Dominique Jambert, Nirupama Nityanandan, Aline Borsari, Alice Milléquant, Omid Rawendah, Sébastien Brottet-Michel, Seear Kohi, Andréa Marchant Fernandez, Andréa Formantel Riquelme, Agustin Letelier, Farid Joya, Élise Salmon, Ève Doe-Bruce, Vincent Mangado, Samir Abdul Jabbar Saed, Judit Jancsó, Pamela Marin Munoz, Vincent Martin, Seietsu Onochi, Vijayan Panikkaveettil, Reza Rajabi, Jean Schabel, Shaghayegh Beheshti, Xevi Ribas, Dimitri Leroy, Duccio Bellugi-Vannuccini, Ariane Hime, Maurice Durozier, Astrid Grant, Tomaz Nogueira da Gama, Sava Lolov, Clémence Fougea.
Voix : Ira Verbitskaya, Egor Morozov, Judit Jancsó, Martin Vaughan Lewis, Brontis Jodorowsky, Arman Saribekyan, Judit Jancsó, Alexey Dedoborsch, Cyril Boutchenik, Rainer Sievert, Johannes Hamm, Sacha Bourdo, Yuriy Zavalnyouk, Anna Kuzina.
Musiciens de l'orchestre : Agustin Letelier, Ya-Hui Liang (percussions), Andréa Marchant Fernandez (saxophone), Vincent Martin (piano), Xevi Ribas (clarinette), Elise Salmon (basse).
Durée : 2 h 45 avec l'entracte.
Jusqu'au 27 avril 2025.
Du mercredi au vendredi à 19 h 30, samedi à 15 h et dimanche à 13 h 30.
Relâches exceptionnelles : 25 décembre 2024, puis du 1ᵉʳ au 7 janvier 2025 inclus.
Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes, Paris 12ᵉ, 01 43 74 24 08.
>> theatre-du-soleil.fr
Du mercredi au vendredi à 19 h 30, samedi à 15 h et dimanche à 13 h 30.
Relâches exceptionnelles : 25 décembre 2024, puis du 1ᵉʳ au 7 janvier 2025 inclus.
Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes, Paris 12ᵉ, 01 43 74 24 08.
>> theatre-du-soleil.fr