Elle arrive du public pour aller sur les planches, habillée de laine blanche des pieds à la tête. Elle se déshabille peu à peu de son costume durant toute la représentation. Elle, c'est Sophie Cadieux qui incarne les deux personnages de la dernière création de Sarah Kane (1971-1999), la dramaturge britannique qui a bouleversé en quelques années la scène théâtrale britannique et mondiale, et ce, dès sa première pièce, "Blasted" ("Anéantis").
"4.48 Psychose" (4.48 Psychosis), qui fut terminée peu avant qu'elle ne se suicide à l'âge de 28 ans, est une œuvre forte, notamment par le thème traité, portée par une poésie qui ne recule devant aucun tourment pour lancer ses cris. C'est une mise à nu imagée, reflet de l'expression du tréfonds psychique d'un personnage, sans nom, qui peut être de tout sexe, face à lui-même et à un autre caractère, médecin de l'âme peut-être. Autour d'un impossible dialogue, les répliques sont comme des gâchettes qui fusent.
Dans ce verbe, qui sait se faire aussi corporel, la protagoniste, qui se dédouble dans le jeu entre les deux caractères qui portent respectivement sa maladie et sa possible résurrection, est à fleur de peau. La poésie s'écorche dans une gestuelle qui est parfois brutale, souvent profonde, car intérieure, la voix se faisant l'écho des tourments de celle-ci.
"4.48 Psychose" (4.48 Psychosis), qui fut terminée peu avant qu'elle ne se suicide à l'âge de 28 ans, est une œuvre forte, notamment par le thème traité, portée par une poésie qui ne recule devant aucun tourment pour lancer ses cris. C'est une mise à nu imagée, reflet de l'expression du tréfonds psychique d'un personnage, sans nom, qui peut être de tout sexe, face à lui-même et à un autre caractère, médecin de l'âme peut-être. Autour d'un impossible dialogue, les répliques sont comme des gâchettes qui fusent.
Dans ce verbe, qui sait se faire aussi corporel, la protagoniste, qui se dédouble dans le jeu entre les deux caractères qui portent respectivement sa maladie et sa possible résurrection, est à fleur de peau. La poésie s'écorche dans une gestuelle qui est parfois brutale, souvent profonde, car intérieure, la voix se faisant l'écho des tourments de celle-ci.
Elle sait qu'elle est définitivement seule et pourtant s'anime en elle des forces contraires où vient se nourrir un appel lancé derrière une porte fermée, comme cadenassée par un désespoir profond que rien ne peut conforter. Elle est tiraillée par une force qui la questionne sur son rapport au monde, aux autres et à soi. Et ces interrogations la font tenir debout. Comme un dernier cri jusqu'au drame final afin de trouver la clé cassée qui pourrait ouvrir une porte sans serrure.
Tout s'anime avec une voix et un corps, éléments de rupture, marqués par des évolutions et des transformations en écho à une parole écorchée. De ce personnage sur lequel semble s'écouler tout le désespoir d'une force ayant pour seul horizon un raccrochement à la vie qui glisse vers de sombres abîmes, c'est le combat d'un être devant l'existence. La dernière œuvre de Sarah Kane a été écrite quelques semaines avant qu'elle ne se suicide avec ses lacets dans les toilettes d'un hôpital.
Dramaturge brillante dont les critiques et exégèses commencent aujourd'hui à comprendre l'unicité et la qualité de son œuvre, sa poésie est à la fois douce, onctueuse et violente, car habillée d'une dynamique stylistique que les mots rassasient en étant colportés par un rythme heurté qui la sous-tend. Sophie Cadieux en est le flambeau. Elle est rayonnante de talent dans son interprétation.
Tout s'anime avec une voix et un corps, éléments de rupture, marqués par des évolutions et des transformations en écho à une parole écorchée. De ce personnage sur lequel semble s'écouler tout le désespoir d'une force ayant pour seul horizon un raccrochement à la vie qui glisse vers de sombres abîmes, c'est le combat d'un être devant l'existence. La dernière œuvre de Sarah Kane a été écrite quelques semaines avant qu'elle ne se suicide avec ses lacets dans les toilettes d'un hôpital.
Dramaturge brillante dont les critiques et exégèses commencent aujourd'hui à comprendre l'unicité et la qualité de son œuvre, sa poésie est à la fois douce, onctueuse et violente, car habillée d'une dynamique stylistique que les mots rassasient en étant colportés par un rythme heurté qui la sous-tend. Sophie Cadieux en est le flambeau. Elle est rayonnante de talent dans son interprétation.
Sa voix interpelle, prend des directions différentes, quand le corps bouscule le décor, repousse une chaise et ouvre un rideau de chaîne dorée. Seule, elle embrasse toute la scène par sa présence. Unique et profonde, elle incarne les mots de Sarah Kane qui s'envolent en fuyant toute banalité. Cette envolée n'est pas que poétique, elle est surtout le reflet de ce qui pose question, presque existentielle, d'un rapport à soi et à l'autre. Chaque mot est un cri, sa poésie, une revendication contre soi, pour parler de soi, devant elle-même et face à un autre, bien qu'elle sache qu'elle ne peut être entendue.
Sophie Cadieux est dans un rapport scénique où son corps, silencieux, fait place à une voix caverneuse et profonde. Celui-ci intervient ainsi en premier, de façon silencieuse, puis beaucoup plus brutale, accompagné d'une parole de plus en plus animée, pour finir avec un corps physiquement inerte et une parole absente. Dans ce va-et-vient entre silence, rupture et tension, le personnage incarné par Sophie Cadieux est sur une ligne de crête entre la vie et la mort.
C'est superbe et intense !
◙ Safidin Alouache
Sophie Cadieux est dans un rapport scénique où son corps, silencieux, fait place à une voix caverneuse et profonde. Celui-ci intervient ainsi en premier, de façon silencieuse, puis beaucoup plus brutale, accompagné d'une parole de plus en plus animée, pour finir avec un corps physiquement inerte et une parole absente. Dans ce va-et-vient entre silence, rupture et tension, le personnage incarné par Sophie Cadieux est sur une ligne de crête entre la vie et la mort.
C'est superbe et intense !
◙ Safidin Alouache
"4.48 Psychose"
Texte français : Guillaume Corbeil.
Mise en scène : Florent Siaud.
Assistante à la mise en scène : Valéry Drapeau.
Avec : Sophie Cadieux.
Scénographie, costumes : Romain Fabre.
Lumières : Nicolas Descôteaux.
Vidéo : David B. Ricard.
Conception sonore : Julien Éclancher.
Compagnie Les songes turbulents.
Durée : 1 h.
La pièce s'est jouée du 27 novembre au 7 décembre 2024 au Théâtre Paris-Villette, Paris.
Tournée
10 et 11 décembre : l'Espace Jean Legendre, Compiègne (60).
28 et 29 janvier : Théâtre de la Ville - Sarah Bernhardt, Paris 4e.
Mise en scène : Florent Siaud.
Assistante à la mise en scène : Valéry Drapeau.
Avec : Sophie Cadieux.
Scénographie, costumes : Romain Fabre.
Lumières : Nicolas Descôteaux.
Vidéo : David B. Ricard.
Conception sonore : Julien Éclancher.
Compagnie Les songes turbulents.
Durée : 1 h.
La pièce s'est jouée du 27 novembre au 7 décembre 2024 au Théâtre Paris-Villette, Paris.
Tournée
10 et 11 décembre : l'Espace Jean Legendre, Compiègne (60).
28 et 29 janvier : Théâtre de la Ville - Sarah Bernhardt, Paris 4e.