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Avignon Off 2024 >> "Jean Zay, l'homme complet"

1940. Après un simulacre de procès, Jean Zay, ministre de l'Éducation Nationale et des Beaux-Arts du Front Populaire, franc-maçon et cible des antisémites, est incarcéré à Riom. Il sera assassiné par la Milice en 1944. Le témoignage que Jean Zay écrit en prison, "Souvenirs et Solitude", nous offre un éclairage précieux sur son action visionnaire et son destin exceptionnel, celui d'un homme en lutte contre l'anéantissement moral. Une formidable leçon de présence au monde. Succès Avignon 2022 et 2023 !



© Laurent Lafuma.
© Laurent Lafuma.
La voix qui se fait entendre dans "Souvenirs et solitude" est à ce point sensible et incarnée qu'elle nous permet un retour dans le temps d'une saisissante netteté. Jean Zay nous offre ses yeux, son cœur et son corps pour vivre les déchirures et les retournements de l'Histoire.

À la lecture de son ouvrage, on a le sentiment immédiat de rencontrer une conscience exemplaire, une conscience repère, une conscience amie permettant de prendre la mesure de toutes choses. Jean Zay fut l'un des bâtisseurs méconnus du Front Populaire, un fervent démocrate à qui l'on doit nombre d'institutions aujourd'hui piliers de la Vᵉ République, l'un des fondateurs aussi de l'éducation populaire. Il représente la figure-même du serviteur de l'État, portant haut les valeurs citoyennes, un humaniste doué de raison n'ayant d'autre horizon que l'intérêt public. La force de son témoignage est de nous révéler que la vertu de l'homme politique peut coïncider avec celle de l'homme tout court. Grâce à lui, nous pouvons croire en cette merveilleuse cohérence.

© David Ruellan.
© David Ruellan.
Son attention aux autres, au monde qui l'entoure, ne faiblit jamais, tournée vers la quête sans ego et sans peur de ce qui peut représenter en toute occasion l'expression d'une vérité. Élégance, courage, rigueur et esprit de compassion, tels sont les termes qui pour moi caractérisent son récit de captivité. Car, même quand Jean Zay parle de lui-même (comment faire autrement quand il s'agit de solitude), c'est avec le souci du partage, de la lisibilité d'une réflexion placée à un endroit d'intelligence commune, sans pathos, ni acrimonie. Son regard est en ce sens intimement politique. Au sens noble du terme.

Autant dire qu'une telle parole résonne aujourd'hui de manière salutaire, pour nous, citoyens d'une époque où le politique est en crise, dévoyé par tant de jeux de masques et de stratégies du mensonge. Simone Veil nous a offert l'exemple d'une femme politique intègre. Jean Zay pourrait être son frère. Leurs figures sont ô combien précieuses.

C'est cet endroit de conscience aigüe – de notre condition historique et de notre condition humaine – que nous avons tenté d'atteindre : une vraie dynamique de jeu, l'incarnation d'un homme tentant coûte que coûte de rester "complet", ce qui n'exclut en rien – telles sont ses paroles mêmes – la joie, la colère et l'humour.

Pour mettre cet homme en jeu, nous avons conçu le plateau comme un espace mental. Un espace de circulation entre présent et souvenirs, entre l'intimité du ici et maintenant et l'éparpillement de l'Histoire. Pas de représentation réaliste d'une cellule, pas de héros pleurant sur sa misère au fond d'un cachot, mais le voyage d'une conscience, incarnée, amie, présente.

"L'interprétation de Xavier Béja est bouleversante. Spectacle indispensable", La Terrasse.
"Xavier Béja est impressionnant de justesse", Le Monde Libertaire.
"L'acteur figure avec brio cette élégante présence au monde", Hotello.
"La mise en scène est admirable. Une pièce incontournable", Toute La Culture.
"Ne pas manquer ce spectacle poignant", Blog Culture SNES-FSU.
"Coup de cœur pour cette pièce historique bouleversante", La Provence.

"Jean Zay, l'homme complet"
Mise en scène : Michel Cochet.
Interprétation : Xavier Béja.
Lumières : Charly Thicot.
Vidéo : Dominique Aru.
Musique : Alvaro Bello.

Du 29 juin au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 11 h 30. Relâche le lundi.
Théâtre Épiscène, 5, rue Ninon Vallin, Avignon.
Réservations : 04 90 01 90 54.
reservation@episcene.fr
>> episcene.be
>> theatreenfusion.com

>> Lire aussi l'article de Brigitte Corrigou.

Annonce Off 2024
Mardi 28 Mai 2024

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"Différente" Carolina ou "Cada uno es un mundo (Chacun est un monde)"

Star internationale à la frange rouge, Carolina est de retour en France, après sa tournée mondiale. Heureuse de retrouver son public préféré, elle interprète en live des chansons populaires qui touchent le cœur de toutes les générations.

© Audrey Bären.
Mais qui est donc cette incontournable Carolina ? Ou, plus exactement, qui se cache derrière cette artiste plutôt extravagante, à la folie douce ? De qui est-elle l'extension, au juste ?

L'éternelle question autour de l'acte créatif nous interpelle souvent, et nous amène à nous demander quelles influences l'homme ou la femme ont-ils sur leurs "créatures" fabriquées de toutes pièces ! Quelles inspirations les ont portées ! Autant de questions qui peuvent nous traverser particulièrement l'esprit si tant est que l'on connaisse un peu l'histoire de Miguel-Ange Sarmiento !

Parce que ce n'est pas la première fois que Carolina monte sur scène… Décidément, elle en a des choses à nous dire, à chaque fois. Elle est intarissable. Ce n'est pas Rémi Cotta qui dira le contraire, lui qui l'accompagne depuis déjà dix ans et tire sur les ficelles bien huilées de sa vie bien remplie.

Rémi Cotta, artiste plasticien, graphiste, comédien, chanteur lyrique, ou encore metteur en scène, sait jouer de ses multiples talents artistiques pour confier une parole virevoltante à notre Carolina. Il suffit de se souvenir du très original "Carolina Show", en 2010, première émission de télé sans caméra ayant reçu de nombreux artistes connus ou moins connus ou le "Happy Show de Carolina", ainsi que les spectacles musicaux "Carolina, naissance d'une étoile", "Le Cabaret de Carolina", ou encore " Carolina, L'Intelligence Artificielle".

"Différente" est en réalité la maturation de plusieurs années de cabarets et de spectacles où Carolina chante pourquoi et comment elle est devenue une star internationale tout en traversant sa vie avec sa différence". Miguel-Ange Sarmiento.

Brigitte Corrigou
08/11/2024
Spectacle à la Une

"Tout va très bien !" Le Grand Orchestre du Splendid, bon pied bon œil, revient avec de la musique sur tous les fronts

Voir les choses en grand tout en restant léger ! Prendre du plaisir et, surtout, en donner ! Voilà la philosophie du Grand orchestre du Splendid qui régale le public depuis 1977. Bientôt 50 ans… Bientôt le jubilé. "De la musique avant toute chose" et vivre, vivre, vivre…

© Aurélie Courteille.
En 1977, quelques amis musiciens professionnels se retrouvent entre eux et décident de s'amuser en réinterprétant des classiques tels que ceux de Ray Ventura ou de Duke Ellington. Ce qui ne devait être qu'un plaisir entre copains devient vite un succès immédiat qui dure depuis presque 50 ans. Mais quel est donc le secret de cette longévité entre rythmes endiablés, joyeuses cadences et show totalement désopilants ?

Ne le leur demandez pas ! Ils ne vous en diront rien… Si tant est qu'ils le sachent eux-mêmes, tant cette énergie semble ancrée en eux depuis toutes ces années, indéfectible, salvatrice et impérissable.

Entre swing, jazz, salsa, reggae – quatre de leurs principales influences –, ou encore fiesta et mises en scène délirantes, les quatorze chanteuses et musiciens de l'Orchestre mythique enchantent le public, sur la scène du Café de la Gare, depuis le 11 novembre. Comme à leurs premières heures, et en échappant pourtant aux codes et impératifs de la mode, ils nous donnent irrésistiblement envie de monter sur scène pour danser à leurs côtés sur le plateau, frétiller, sautiller, et tout oublier l'espace de quelques instants. Leur énergie communicative est sans failles, et gagne sans commune mesure toutes les générations. Les cuivres étincellent. Les voix brillent de mille feux sonores.

Brigitte Corrigou
13/11/2024
Spectacle à la Une

"Jacques et Chirac" Un "Magouille blues"* décapant et burlesque n'occultant pas le mythe du président sympa et séducteur

Une comédie satirique enjouée sur le pouvoir, le mensonge et la Cinquième République portée par une distribution tonitruante et enthousiaste, dégustant avec gourmandise le texte de Régis Vlachos pour en offrir la clownesque et didactique substantifique moelle aux spectateurs. Cela est rendu aussi possible grâce à l'art sensible et maîtrisé de l'écriture de l'auteur qui mêle recherche documentaire affinée, humour décapant et bouffonnerie chamarrée pour dévoiler les tours et contours d'un Jacques sans qui Chirac ne serait rien.

© Fabienne Rappeneau.
Portraitiste décalé et impertinent d'une Histoire de France ou de l'Humanité aux galbes pas toujours gracieux dont surgissent parfois les affres de notre condition humaine, Régis Vlachos, "Cabaret Louise" (Louise Michel), "Dieu est mort" (Dieu, mieux vaut en rire)"Little Boy" (nom de la bombe larguée sur Hiroshima), revient avec un nouveau spectacle (création 2023) inspiré d'un des plus grands scandales de notre histoire contemporaine : la Françafrique. Et qui d'autre que Jacques Chirac – l'homme qui faisait la bise aux dictateurs – pouvait être convoqué au "tribunal" du rire et de la fantaisie par l'auteur facétieux, mais doté d'une conscience politique aiguë, qu'est Régis Vlachos.

Le président disparu en 2019 fut un homme complexe composé du Chirac "bulldozer" en politique, menteur, magouilleur, et du Jacques, individu affable, charmeur, mettant autant la main au cul des vaches que des femmes. Celui-ci fut d'abord attiré le communisme pour ses idéaux pacifistes. Il vendra même L'Humanité-dimanche devant l'église Saint-Sulpice.

La diversité des personnalités importantes qui marquèrent le début de son chemin politique joue tout autant la complexité : Michel Rocard, André Malraux et, bien sûr, Georges Pompidou comme modèle, Marie-France Garaud, Pierre Juillet… et Dassault comme portefeuille ! Le tout agrémenté de nombre de symboles forts et de cafouillages désastreux : le bruit et l'odeur, la pomme, le cul des vaches, les vacances à l'île Maurice, les amitiés avec les despotes infréquentables, l'affaire ELF, etc.

Gil Chauveau
03/11/2024