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Avignon Off 2023 >> "Jean Zay, l'homme complet"

Succès Avignon 2022 ! 1940… Après un simulacre de procès, Jean Zay, ministre de l'Éducation Nationale et des Beaux-Arts du Front Populaire, franc-maçon et cible des antisémites, est incarcéré à Riom. Il sera assassiné par la Milice en 1944. Le témoignage que Jean Zay écrit en prison, "Souvenirs et solitude", nous offre un éclairage précieux sur son action visionnaire et son destin exceptionnel, celui d'un homme en lutte contre l'anéantissement moral. Une formidable leçon de présence au monde.



© Laurent Lafuma.
© Laurent Lafuma.
La voix qui se fait entendre dans "Souvenirs et solitude" est à ce point sensible et incarnée qu'elle nous permet un retour dans le temps d'une saisissante netteté. Jean Zay nous offre ses yeux, son cœur et son corps pour vivre les déchirures et les retournements de l'Histoire.

À la lecture de son ouvrage, on a le sentiment immédiat de rencontrer une conscience exemplaire, une conscience repère, une conscience amie permettant de prendre la mesure de toutes choses. Jean Zay fut l'un des bâtisseurs méconnus du Front Populaire, un fervent démocrate à qui l'on doit nombre d'institutions aujourd'hui piliers de la Ve République, l'un des fondateurs aussi de l'éducation populaire. Il représente la figure-même du serviteur de l'État, portant haut les valeurs citoyennes, un humaniste doué de raison n'ayant d'autre horizon que l'intérêt public. La force de son témoignage est de nous révéler que la vertu de l'homme politique peut coïncider avec celle de l'homme tout court. Grâce à lui, nous pouvons croire en cette merveilleuse cohérence.

Son attention aux autres, au monde qui l'entoure, ne faiblit jamais, tournée vers la quête sans ego et sans peur de ce qui peut représenter en toute occasion l'expression d'une vérité. Élégance, courage, rigueur et esprit de compassion, tels sont les termes qui pour moi caractérisent son récit de captivité. Car, même quand Jean Zay parle de lui-même (comment faire autrement quand il s'agit de solitude), c'est avec le souci du partage, de la lisibilité d'une réflexion placée à un endroit d'intelligence commune, sans pathos, ni acrimonie. Son regard est en ce sens intimement politique. Au sens noble du terme.

Autant dire qu'une telle parole résonne aujourd'hui de manière salutaire, pour nous, citoyens d'une époque où le politique est en crise, dévoyé par tant de jeux de masques et de stratégies du mensonge. Simone Veil nous a offert l'exemple d'une femme politique intègre. Jean Zay pourrait être son frère. Leurs figures sont ô combien précieuses.

C'est cet endroit de conscience aigüe - de notre condition historique et de notre condition humaine – que nous avons tenté d'atteindre : une vraie dynamique de jeu, l'incarnation d'un homme tentant coûte que coûte de rester "complet", ce qui n'exclut en rien – telles sont ses paroles mêmes – la joie, la colère et l'humour.

Pour mettre cet homme en jeu, nous avons conçu le plateau comme un espace mental. Un espace de circulation entre présent et souvenirs, entre l'intimité du ici et maintenant et l'éparpillement de l'Histoire. Pas de représentation réaliste d'une cellule, pas de héros pleurant sur sa misère au fond d'un cachot, mais le voyage d'une conscience, incarnée, amie, présente.

"Xavier Béja est impressionnant de justesse", Le Monde Libertaire.
"L'acteur figure avec brio cette élégante présence au monde", Hotello.
"La mise en scène est admirable. Une pièce incontournable", Toute La Culture.
"Ne pas manquer ce spectacle poignant", Blog Culture SNES FSU.

© Laurent Lafuma.
© Laurent Lafuma.
"Jean Zay, l'homme complet"
Mise en scène : Michel Cochet.
Interprétation : Xavier Béja.
Lumières : Charly Thicot.
Vidéo : Dominique Aru.
Musique : Alvaro Bello.

Du 6 au 29 juillet 2023.
Tous les jours à 11 h 40. Relâche le lundi.
Théâtre Épiscène, 5, rue Ninon Vallin, Avignon.
Réservations : 04 90 01 90 54 ou >> Théâtre Épiscène
reservation@episcene.fr
>> Cie Théâtre en Fusion

Annonce Off 2023
Jeudi 18 Mai 2023

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"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
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© Philippe Hanula.
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© Pierre Gondard.
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© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

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