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Avignon 2023

•Off 2023• Pierrette Dupoyet illumine et irradie la mémoire de Sarah Bernhardt

Il y a 100 ans disparaissait Sarah Bernhardt. Tragédienne autant adulée que contestée, elle est considérée comme l'une des plus grandes actrices du XIXe et du début XXe siècle. La "Divine Sarah", par ses outrances et son humour féroce, a représenté, à elle seule, le monde du théâtre. Elle a mené tous les combats, a interprété des rôles d'hommes, a joué devant 2 000 prisonniers, est allée, amputée d'une jambe, réconforter les soldats de 14-18. Elle a dirigé avec brio deux grands théâtres parisiens. Son amour de la scène reste un point de repère pour tous ceux qui savent qu'au théâtre les plus grandes émotions se vivent en direct !



LdD pour le spectacle "Sarah Bernhardt" © Pierrette Dupoyet.
LdD pour le spectacle "Sarah Bernhardt" © Pierrette Dupoyet.
Est-il possible d'envisager un festival d'Avignon sans Pierrette Dupoyet ? Même souffrante, le bras droit dans le plâtre et plusieurs côtes cassées, elle était pourtant sur scène, il y a quelques années, à l'image de la comédienne phare du XIXe, révélée en 1869 au Théâtre de l'Odéon.

À l'occasion de l'anniversaire de ses 40 ans de présence fidèle dans le Off du festival, qui d'autre que Sarah Bernhardt Pierrette pouvait-elle réincarner à nouveau ? "Le métier de comédienne ne vieillit pas et, sans vouloir me comparer à Sarah Bernhardt, je me retrouve dans bon nombre de ses choix : porter de grands monologues, interpréter des rôles d'hommes, jouer dans le monde entier, ne jamais se laisser abattre même quand le corps défaille".

Durant ces 40 années à Avignon, Pierrette a incarné à sa manière de nombreuses personnalités telles Marie Curie, Cocteau, Boris Vian, Colette, Don Quichotte, Balzac, Rimbaud, Sœur Emmanuelle, Camus avec "l'Étranger", Léonard de Vinci, Giono, Victor Hugo, Alexandra David-Néel, George Sand, Jacqueline Auriol, Mme de Sévigné, Jean Jaurès, Mme Guillotin, Tchaïkovski et, à l'occasion de cette nouvelle édition du Off, une création : "Louis Braille, au-delà des yeux clos".

LdD pour le spectacle "Sarah Bernhardt" © Pierrette Dupoyet.
LdD pour le spectacle "Sarah Bernhardt" © Pierrette Dupoyet.
Comme un symbole peut-être à qui voudra bien "le voir" ! Ou un message subliminal : la force est en chacun et chacune d'entre nous et nous pouvons tous et toutes à notre échelle être ou devenir des monstres sacrés pour peu que nous refusions la fatalité et les mauvais sorts que la vie nous réserve.

Elle l'est, un monstre sacré, Pierrette Dupoyet, intarissable Pierrette ! Et pour peu qu'on la connaisse hors les planches, elle sait toujours nous séduire tout autant parce que sa fougue conjuguée à une certaine forme d'extravagance touchante et sensible nous emporte contre vents et marées.

En ce quarantième anniversaire, ce spectacle sur Sarah Bernhardt - sélectionné pour représenter la culture française dans l'Océan Indien – est le trentième spectacle que l'intarissable comédienne crée à Avignon. Ce sera aussi sa centième représentation !

Mais on peut se demander pourquoi l'artiste si éprise de Théâtre – et des grandes figures en général – a attendu si longtemps pour évoquer ainsi cette artiste mondialement connue ? Qu'y a-t-il en cette femme extravagante, scandaleuse, tragédienne jusqu'au bout des ongles, farfelue et au caractère bien trempé qui ait pu faire patienter ainsi notre célèbre comédienne ?

Un double peut-être ! Une forme de miroir lui permettant de se découvrir elle-même encore davantage . Le miroir qui attire ou que l'on appréhende toujours plus ou moins, symbole de dualité, de vérité et d'éveil qui pousse à la quête incessante de notre propre vérité. Peu importe après tout, parce que dans ce spectacle rôdé à l'extrême où, à de très nombreux moments, Sarah et Pierrette ne font qu'une, où l'on découvre une actrice doutant d'elle-même en craignant les trous de mémoire, ayant le trac et, quelque part, plus fragile que l'on ne le pense, le spectateur n'en perd pas une miette. Il pénètre dans l'âme de Sarah, embrasse à plein cœur le travail incarné d'une artiste vouée corps et âme au Théâtre, d'une femme artiste engagée et rien ne semble pour l'instant vouloir l'arrêter.

Seule sur scène, Pierrette Dupoyet illumine et irradie… et, à travers les mots et traits d’humour nombreux qui émaillent la pièce, elle emporte le spectateur sans le lâcher une seconde. À noter, un instant de théâtre sans nulle autre pareil – il fallait y penser – est celui où la comédienne plaisante sur les jeunes artistes débutantes et ingénues qui n’articulent pas et où elle nous donne une leçon de prononciation époustouflante. Pour peu que l’on pratique un tant soit peu le théâtre, on sait pertinemment que ces exercices de diction sont essentiels, mais les réussir à ce point, c’est de la haute voltige !

Mais, bien sûr, être seule sur les planches, c'est prendre des risques ! Nous nous interrogeons sur le fait que notre célèbre comédienne connaisse véritablement le sens de ce mot, elle qui se jette sans compter dans ce qui paraît impossible. Ou alors elle l'a toujours revisité…

Sarah Bernhardt avait adopté un crocodile qu'elle a vu agoniser de longues heures parce qu'il n'avait rien trouvé de mieux que d'avaler son petit chien !

Pierrette croque à pleines dents et à pleine fougue le théâtre pour notre plus grand bonheur. Pas de petit chien dans le ventre, mais bien d'autres choses ! À nulles autres pareilles.
"Le Théâtre est utile et laisse une trace dans le cœur, le ventre et la tête du spectateur" (sic).
Merci, Pierrette et bon anniversaire !

"Sarah Bernhardt"

LdD pour le spectacle "Sarah Bernhardt" © Pierrette Dupoyet.
LdD pour le spectacle "Sarah Bernhardt" © Pierrette Dupoyet.
Texte : Pierrette Dupoyet.
Mise en scène : Pierrette Dupoyet.
Avec : Pierrette Dupoyet.
Costume : Annick Lebedyk.
Création bande-son : Jean-Marie Bourdat.
Bande-son : Jean-Marie Bourdat.
Tout public.
Durée : 1 h 15.

•Avignon Off 2023•
Du 7 au 29 Juillet 2023.
Tous les jours à 16 h 15.
Théâtre La Luna, Salle 2, 1, rue Séverine, Avignon.
Réservations : 06 81 78 49 48
ou pdupoyet@wanadoo.fr
>> theatre-laluna.fr

Brigitte Corrigou
Jeudi 6 Juillet 2023


1.Posté par Bertrand Thébault le 16/10/2023 16:24
Ce spectacle est non seulement du plus haut niveau d'intérêt historique mais aussi très émouvant. Pierette Dupoyet a un réel talent.
Bertrand Thébault, 75005.

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

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© Philippe Hanula.
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N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024