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Théâtre

"Thank god for sperm"Une jeunesse à la recherche d'origines et de destinées nouvelles

D'où l'on vient ? Ce que l'on est ? Où va-t-on ? Ces questions, qui tracent la ligne de destinée de chaque être humain, parcourent en filigrane "Thank god for sperm". Deux histoires en tissent le canevas : celle, ancrée dans le passé, de James, enfant adopté dont la mère canadienne retrouve la trace sur un autre continent, et celle, tournée vers l'avenir, d'un couple féminin en désir d'enfant dans un pays qui n'autorise pas la PMA pour les couples homosexuels, la France.



© Stadios.
© Stadios.
Passé, recherche des origines, des ressemblances, des identifications. Futur, projections de vie, espérances et craintes, doutes. Ces deux pans de l'espace-temps ont en commun le fait qu'ils sont fiction, narration de souvenirs ou ébauches d'hypothèses sur l'avenir. Mais dans cette histoire où se croisent une dizaine de personnages entre Canada et France, le présent lui aussi transpire de fictions, de rêves, d'histoires. Quel sens donner à sa vie quand aucune identification véritable n'existe, aucun modèle ?

La plupart des personnages de la pièce sont jeunes, dans la vingtaine, et pas vraiment dans la normalité de nos sociétés. Ils inventent alors ensemble une sorte de nouvel ordre basé sur l'amitié, la confiance acquise les uns envers les autres. Le couple homosexuel demande ainsi à un ami de leur faire don de son sperme pour qu'elles puissent concevoir un enfant. Tandis que l'autre personnage principal apprend qu'il n'a pas été volontairement abandonné par sa mère naturelle, mais qu'on lui a retiré son enfant quasiment de force.

© Stadios.
© Stadios.
C'est à ce foisonnement d'histoires que nous invite la pièce de Mathilde Wind. Un foisonnement très organisé grâce à un dispositif scénique à l'apparence hétéroclite : une loge de maquillage d'un côté, un rideau de cabaret au centre qui servira d'écran de projection, un espace technique pour la musique de l'autre côté, des accessoires et des balances lumineuses pour isoler les espaces et différencier les lieux suffisent à se déplacer dans l'espace et dans le temps.

Musique live et projection d'images complètent le dispositif très ludique, animé. Sans oublier la présence constante dans l'espace loge de maquillage de la photographe Cindy Sherman, du moins, une comédienne qui joue son rôle. Une Cindy Sherman qui, comme dans ses créations, se grime pour intervenir sous les traits de différents personnages, comme si, symboliquement, la réalité se devait d'être inventée à nouveau et la fiction comme nouveau possible injectée dans le réel. Une présence qui vient en écho avec les tentatives de nos personnages d'inventer leurs propres réalités sans repères établis.

La pièce est construite en scènes courtes, vives, efficaces. Les comédiennes et les comédiens s'installent dans leurs rôles rapidement, trouvent des attitudes et des tons qui installent vite leurs personnages, ce sont des caractères aux traits reconnaissables, aux tempéraments codifiés ce qui confère à l'ensemble une légèreté et une distance qui évite de tomber dans la noirceur, le drame et un excès de réalisme.

Il y a dans ce spectacle une proximité avec les personnages et les scènes qui se jouent comme si on assistait dans le même temps à la création scénique et à la fiction en train de se dérouler, une empathie quasi immédiate pour ces personnages sans noirceur qui cultivent pour les liens humains, qu'ils soient amicaux ou familiaux, une confiance absolue. C'est justement la solidité de ces liens qui est finalement scrutée tout au long de la pièce de Mathilde Wind, plus que les blessures, les drames et les bouleversements des personnages. Amitié, famille, recherche de liens familiaux, autant de repères vitaux dans un monde qu'il leur faut inventer.

"Thank god for sperm"

© Stadios.
© Stadios.
Écriture et mise en scène : Mathilde Wind.
Avec : Wanda Bernasconi, Arthur Chrisp, Fany Combrou, Juliette Fribourg, Théophile Fontaine, Stéphanie Paliès.
Scénographie : Antonella Minchella.
Musique : Arthur Chrisp.
Lumières : Rosalie Dumont.
Costumes : Clara Hubert.
Maquillage : Carla Gauzès.
Régie : Marguerite de Hillerin.
Production : Stadios.
À partir de 14 ans.
Durée : 1 h 15.
Crédit phtos : © Stadios.

Du 2 avril au 11 mai 2024.
Mardi et jeudi à 21 h, samedi à 20 h.
Théâtre de la Reine Blanche, Salle Marie Curie, Paris 18e, 01 40 05 06 96.
>> reineblanche.com

Bruno Fougniès
Jeudi 11 Avril 2024

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© Ève Pinel.
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© Betül Balkan.
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On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

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