© Guy Delahaye.
Sur scène est joué dans une atmosphère feutrée "Gong kebyar" de Wayan Susila avec, côté cour, un ensemble d’instruments mélodiques à lames, les gangsas, et côté jardin, les barangans qui nourrissent la ligne mélodique d’un tempo relevé et grave. En face, des tambours, kendang, battent la mesure.
Nous voilà sur une autre rive artistique, un autre continent musical, loin des sonorités occidentales. Le spectacle est superbe de synchronisation, les gangsas répondant aux barangans. Le spectacle est aussi visuel avec une gestuelle précise et synchronisée des musiciens. La complémentarité entre les deux ensembles ne font qu’un, comme un dialogue entre deux mondes à la fois différents et proches.
Puis les danseuses de cour, Legong Kraton, apparaissent. La danse est aérienne avec une ondulation des membres supérieurs mimant une gestuelle autant sensuelle que mécanique. C’est un équilibre entre mouvements courbes, de par la gestuelle des bras, et anguleux, de par les mouvements brisés des coudes. Les gestes sont à la fois courts, cambrés et vifs.
Nous voilà sur une autre rive artistique, un autre continent musical, loin des sonorités occidentales. Le spectacle est superbe de synchronisation, les gangsas répondant aux barangans. Le spectacle est aussi visuel avec une gestuelle précise et synchronisée des musiciens. La complémentarité entre les deux ensembles ne font qu’un, comme un dialogue entre deux mondes à la fois différents et proches.
Puis les danseuses de cour, Legong Kraton, apparaissent. La danse est aérienne avec une ondulation des membres supérieurs mimant une gestuelle autant sensuelle que mécanique. C’est un équilibre entre mouvements courbes, de par la gestuelle des bras, et anguleux, de par les mouvements brisés des coudes. Les gestes sont à la fois courts, cambrés et vifs.
© Guy Delahaye.
Dans les danses de Legong Kraton, des Telek et de Kebyar duduk, les gestes sont précis, concis, dans un basculement perpétuel entre bassin et hanches, jambes et bras, yeux et menton. Les visages participent aux danses avec des regards, fixes et très ouverts, qui partent dans une direction opposée à celles des hanches. Les doigts longilignes sont très écartés avec toujours le doigt d’une main marquant de légers frétillements.
Danse asexuée, il y a nulle différence entre gestuelle masculine et féminine. Les membres supérieurs sont comme des virgules corporelles mimant des ondulations. Par la plante des pieds, les membres inférieurs font des courbures avec orteils et talon cambrés. Sans oublier ces coups de talons des danseurs sur le bas de la tunique comme pour s’échapper d’une prison de toile. Le buste semble répondre à la plante des pieds par le biais de basculements et de déplacements rapides et glissés. Les danses deviennent ainsi aériennes et terriennes.
Les danses balinaises, à l’inverse des danses occidentales, ne mettent pas en avant l’individualité des danseurs. Derrière ce danseur, nul individu. Derrière cette danseuse, nulle personne. Il faut y voir un dieu, une déesse, le Mal ou le Bien. Nous sommes face à des danses dont les contours artistiques se nourrissent de culture et d’une mythologie très manichéenne. Les danseurs sont occultés derrière leurs masques, leurs mouvements aussi gracieux que mécaniques, leurs cris, leurs onomatopées ou leurs chants parlés mélodieux.
Danse asexuée, il y a nulle différence entre gestuelle masculine et féminine. Les membres supérieurs sont comme des virgules corporelles mimant des ondulations. Par la plante des pieds, les membres inférieurs font des courbures avec orteils et talon cambrés. Sans oublier ces coups de talons des danseurs sur le bas de la tunique comme pour s’échapper d’une prison de toile. Le buste semble répondre à la plante des pieds par le biais de basculements et de déplacements rapides et glissés. Les danses deviennent ainsi aériennes et terriennes.
Les danses balinaises, à l’inverse des danses occidentales, ne mettent pas en avant l’individualité des danseurs. Derrière ce danseur, nul individu. Derrière cette danseuse, nulle personne. Il faut y voir un dieu, une déesse, le Mal ou le Bien. Nous sommes face à des danses dont les contours artistiques se nourrissent de culture et d’une mythologie très manichéenne. Les danseurs sont occultés derrière leurs masques, leurs mouvements aussi gracieux que mécaniques, leurs cris, leurs onomatopées ou leurs chants parlés mélodieux.
© Guy Delahaye.
Et puis vient ce chant superbe d’onomatopées, le tjak, fait par un chœur d’hommes assis, le torse nu, dans une dynamique autant corporelle que vocale donnant le sentiment mystérieux d’une congrégation tonnant un chant d’exorcisme. L’art se mêle au mystique.
Après le chant et la danse, c’est au tour du théâtre dansé avec le Gambuh dans une légende de princes autour d’amours malheureuses derrière une musique, des masques et des dialogues. Nous sommes dans le patrimoine culturel javanais qui a été adopté par les balinais. L’approche est toutefois, pour cette seule partie du spectacle, un peu cabotine.
Par ces écrits, on sait qu’Artaud avait été fasciné en 1931 par ces danses à l’Exposition universelle. Il en avait puisé une moelle artistique dans son approche du théâtre qu’il voulait "rituel et magique… lié à des forces… des croyances effectives…". Cartier Bresson avait aussi immortalisé la danse du Kebyar duduk lors d’un voyage effectué à Bali. À l’époque, nombres d’artistes avaient rejoint Artaud dans sa fascination.
La fascination demeure car de ces danses, tout un ensemble de valeurs en découlent qui font que les croyances, les musiques, les danses, les chants aussi éloignés soient-ils de nos repères, restent sujets d’étonnement, de questionnement et source de rapprochement vers l’Autre et l’Ailleurs. Avec ce spectacle, superbe dans ses chants, sa musique et ses danses, l’Ailleurs et l’Ici peuvent se congratuler.
Après le chant et la danse, c’est au tour du théâtre dansé avec le Gambuh dans une légende de princes autour d’amours malheureuses derrière une musique, des masques et des dialogues. Nous sommes dans le patrimoine culturel javanais qui a été adopté par les balinais. L’approche est toutefois, pour cette seule partie du spectacle, un peu cabotine.
Par ces écrits, on sait qu’Artaud avait été fasciné en 1931 par ces danses à l’Exposition universelle. Il en avait puisé une moelle artistique dans son approche du théâtre qu’il voulait "rituel et magique… lié à des forces… des croyances effectives…". Cartier Bresson avait aussi immortalisé la danse du Kebyar duduk lors d’un voyage effectué à Bali. À l’époque, nombres d’artistes avaient rejoint Artaud dans sa fascination.
La fascination demeure car de ces danses, tout un ensemble de valeurs en découlent qui font que les croyances, les musiques, les danses, les chants aussi éloignés soient-ils de nos repères, restent sujets d’étonnement, de questionnement et source de rapprochement vers l’Autre et l’Ailleurs. Avec ce spectacle, superbe dans ses chants, sa musique et ses danses, l’Ailleurs et l’Ici peuvent se congratuler.
"Une nuit balinaise - Danseurs et musiciens de Sebatu"
© Guy Delahaye.
Conception du projet : Jacques Brunet, Jean-Luc Larguier.
Direction artistique et musicale : Nyoman Jaya, Gede Adhi.
Création lumière : Dominique Bonvallet.
Conseiller scientifique : Dewa Putra.
Assistant et interprète : Amine Jakfar.
Avec 48 musiciens, danseuses, danseurs, actrices et acteurs du village de Sebatu.
Spectacle avec surtitrage pour les parties théâtrales.
Durée : 3 h 30 (entractes compris).
Spectacle du 21 au 29 septembre 2012.
Du mardi au samedi 19 h, dimanche 14 h (relâche lundi 24 septembre).
Théâtre National de Chaillot, salle Jean Vilar, Paris 16e, 01 53 65 30 00.
>> theatre-chaillot.fr
Spectacle du 2 au 6 octobre 2012.
Les Gémeaux - Scène Nationale, Sceaux (92), 01 46 61 36 67.
Du mardi au samedi à 20 h 45, dimanche à 17 h.
>> lesgemeaux.com
Direction artistique et musicale : Nyoman Jaya, Gede Adhi.
Création lumière : Dominique Bonvallet.
Conseiller scientifique : Dewa Putra.
Assistant et interprète : Amine Jakfar.
Avec 48 musiciens, danseuses, danseurs, actrices et acteurs du village de Sebatu.
Spectacle avec surtitrage pour les parties théâtrales.
Durée : 3 h 30 (entractes compris).
Spectacle du 21 au 29 septembre 2012.
Du mardi au samedi 19 h, dimanche 14 h (relâche lundi 24 septembre).
Théâtre National de Chaillot, salle Jean Vilar, Paris 16e, 01 53 65 30 00.
>> theatre-chaillot.fr
Spectacle du 2 au 6 octobre 2012.
Les Gémeaux - Scène Nationale, Sceaux (92), 01 46 61 36 67.
Du mardi au samedi à 20 h 45, dimanche à 17 h.
>> lesgemeaux.com