L'entrée en matière tonitruante propulse, dans une caricature de cabaret prisé par les mâles en goguette, une créature se contorsionnant derrière un visage dissimulé par un masque grotesque. Tout en exhibant ses fesses impeccablement moulées dans un pantalon lamé propre à exciter le mâle en rut, elle esquisse le salut hitlérien en dessinant avec son doigt la moustache qui va avec, avant de se servir de ses mains comme cache-sexe dérisoire, offrant ainsi en pâture les archétypes de fantasmes masculins éculés.
Retirant le masque, Agnès Mateus campée sur ses jambes, profère à la face du public - pendant qu'un écran défilant redouble ses paroles vociférées - un best of des mille et une insanités par lesquelles le macho décomplexé désigne volontiers la gent féminine, avec en contrepoint, et renforçant l'effet dévastateur, des bluettes sentimentales chantées à tue-tête…
Qu'il est beau et séduisant le monde des contes enchantés où les petites filles, princesses fragiles et adorables poupées de salon, attendent sagement - les yeux pleins de cœurs pétillants à la Disney - le Prince Charmant qu'elles épouseront pour le meilleur… et pour le pire. Iconoclaste en diable, s'affublant elle-même d'une robe en tulle blanc de mariée princesse, la performeuse revisite "virilement" les contes berçant l'enfance innocente en distillant dans leurs plis doucereux le venin de la soumission inconditionnelle au mâle.
Retirant le masque, Agnès Mateus campée sur ses jambes, profère à la face du public - pendant qu'un écran défilant redouble ses paroles vociférées - un best of des mille et une insanités par lesquelles le macho décomplexé désigne volontiers la gent féminine, avec en contrepoint, et renforçant l'effet dévastateur, des bluettes sentimentales chantées à tue-tête…
Qu'il est beau et séduisant le monde des contes enchantés où les petites filles, princesses fragiles et adorables poupées de salon, attendent sagement - les yeux pleins de cœurs pétillants à la Disney - le Prince Charmant qu'elles épouseront pour le meilleur… et pour le pire. Iconoclaste en diable, s'affublant elle-même d'une robe en tulle blanc de mariée princesse, la performeuse revisite "virilement" les contes berçant l'enfance innocente en distillant dans leurs plis doucereux le venin de la soumission inconditionnelle au mâle.
Quarante-cinq ans après "Du côté des petites filles" de la pédagogue féministe italienne Elena Gianini Belotti, l'humour corrosif de la performeuse catalane détricote les contes traditionnels - La Petite Sirène, La Belle au bois dormant, Cendrillon, La Belle et la bête, La Princesse au petit pois - avec une perspicacité décapante propre à reléguer au placard le dorénavant trop classique Bruno Bettelheim et sa "Psychanalyse des contes de fées". Quant aux productions contemporaines (Heidi, série télévisée d'animation nippo-suisso-américaine, La Reine des neiges et le monde merveilleux de Disney), elles ont pris désormais le relais du formatage.
Les messages subliminaux ainsi transmis écrivent "durablement" le destin de leurs destinataires. Après avoir été délicieusement délivrées de leur fade (in)existence par leur sublimissime seigneur et maitre, les petites filles modèles l'épouseront en grande pompe… pour mieux se faire violer par lui, et plus si affinités (cf. les courtes séquences filmées projetées comme les rébus du petit train, interlude d'antan, où la caméra survole le corps disloqué d'une femme, pantin mis au rebut, jeté là entre les ruines d'une décharge sauvage).
Les messages subliminaux ainsi transmis écrivent "durablement" le destin de leurs destinataires. Après avoir été délicieusement délivrées de leur fade (in)existence par leur sublimissime seigneur et maitre, les petites filles modèles l'épouseront en grande pompe… pour mieux se faire violer par lui, et plus si affinités (cf. les courtes séquences filmées projetées comme les rébus du petit train, interlude d'antan, où la caméra survole le corps disloqué d'une femme, pantin mis au rebut, jeté là entre les ruines d'une décharge sauvage).
Face à cette violence barbare, poussant l'audace de la nécessaire rébellion jusqu'à enfiler une cagoule "tête de bite" trouvée sur Internet, la performeuse appelle à la création d'un nouveau mouvement de libération (PPL - Pines Pensantes Libres) dont les femmes prendront "naturellement"… la tête. Mais le clou de la dénonciation du féminicide est sans conteste le lancer de couteaux sur cible humaine - incarnée par elle - pratiqué en live par son partenaire. On frémit alors à l'idée que l'un d'entre eux puisse dévier de sa trajectoire, on ressent par procuration l'extrême violence de la mort qui menace.
Si un spectacle mérite d'être qualifié de "performance", c'est sans conteste celui-ci. Agnès Mateus, en rivalisant d'analyses iconoclastes, d'énergies immesurées et d'excès en tous genres - rappelant l'univers théâtral frontal et trash de Rodrigo Garcia, son compatriote - tend là aux machistes de tous poils un miroir "réfléchissant" les turpitudes préparant le lit de "l'impensable" du féminicide. Et l'on ne peut que saluer avec respect sa détermination hors normes, seule susceptible sur ce sujet tabou de perturber l'indifférence ambiante en décrochant à la face du vieux monde un uppercut bien frappé au coin de l'ironie mordante.
Si un spectacle mérite d'être qualifié de "performance", c'est sans conteste celui-ci. Agnès Mateus, en rivalisant d'analyses iconoclastes, d'énergies immesurées et d'excès en tous genres - rappelant l'univers théâtral frontal et trash de Rodrigo Garcia, son compatriote - tend là aux machistes de tous poils un miroir "réfléchissant" les turpitudes préparant le lit de "l'impensable" du féminicide. Et l'on ne peut que saluer avec respect sa détermination hors normes, seule susceptible sur ce sujet tabou de perturber l'indifférence ambiante en décrochant à la face du vieux monde un uppercut bien frappé au coin de l'ironie mordante.
"Rebota rebota y en tu cara explota"
Création et mise en scène : Agnés Mateus et Quim Tarrida.
Avec : Agnés Mateus.
Collaborateurs : Tyron, Antoine Auger.
Espace sonore et audiovisuel : Quim Tarrida.
Espace de lumières : Carles Borràs.
Équipement technique : Carles Borràs et Quim Tarrida.
Traduction et sous-titres : Marion Cousin.
Durée : 1 h 15.
Prix de la Critique 2017 au meilleur spectacle des Nouvelles Tendances, prix FAD Sebastià Gasch Applaudissements 2018, prix Butaca 2018.
A été représenté dans le cadre du FAB, les 11 et 12 octobre 2019, au Carré-Colonnes, Saint-Médard-en-Jalles (33).
Le FAB s'est déroulé du 4 au 20 octobre 2019.
>> fab.festivalbordeaux.com
Tournée 2020
23 et 24 janvier 2020 : La filature, Mulhouse (68).
Du 31 mars au 4 avril 2020 : Théâtre national Wallonie-Bruxelles, Bruxelles (Belgique).
8 et 9 avril 2020 : TAP, Poitiers (86).
5 et 6 septembre 2020 : Roxy, Birsfelden (Suisse).
Avec : Agnés Mateus.
Collaborateurs : Tyron, Antoine Auger.
Espace sonore et audiovisuel : Quim Tarrida.
Espace de lumières : Carles Borràs.
Équipement technique : Carles Borràs et Quim Tarrida.
Traduction et sous-titres : Marion Cousin.
Durée : 1 h 15.
Prix de la Critique 2017 au meilleur spectacle des Nouvelles Tendances, prix FAD Sebastià Gasch Applaudissements 2018, prix Butaca 2018.
A été représenté dans le cadre du FAB, les 11 et 12 octobre 2019, au Carré-Colonnes, Saint-Médard-en-Jalles (33).
Le FAB s'est déroulé du 4 au 20 octobre 2019.
>> fab.festivalbordeaux.com
Tournée 2020
23 et 24 janvier 2020 : La filature, Mulhouse (68).
Du 31 mars au 4 avril 2020 : Théâtre national Wallonie-Bruxelles, Bruxelles (Belgique).
8 et 9 avril 2020 : TAP, Poitiers (86).
5 et 6 septembre 2020 : Roxy, Birsfelden (Suisse).