Habile, le texte présente au spectateur, comme un puzzle… de moments théâtraux clos sur eux-mêmes, autant d'instantanés à l'intensité dramatique grandissante. Plein de finesse et de malice, il assume le trait de caricature et d'ironie et semble jouer de la vie de ses personnages. Traversés par les petites et grandes informations du monde qui les entoure, ceux-ci sont réduits à une banalité confondante. Comme si il était question entre eux, au fil du temps, d'une impossibilité à dire, à être, à agir, à nouer. Ils sont absents à eux-mêmes, ils ne font pas couple, ils ne sont pas couple.
Assurément, l'auteur et le metteur en scène et les comédiens ont plaisir à travailler au corps ces personnages très précisément caractérisés par un presque rien, un détail qui les montrent excentrés sans être excentriques, des personnages qui semblent flotter entre réalité et imaginaire, en désir de violence. Ils sont traversés par le récit des autres, ceux des voisins et voisines (que ceux-ci soient présents ou éloignés), mais aussi les grandes et petites stratégies, les bruits de guerre et de licenciements. Informés, gavés, intoxiqués. Dans le cours de la représentation, leurs humeurs se modifient. Ils semblent pris dans un jeu de rôles, une partie de cache-cache qui leur en ferait presque venir aux mains. Duels complices plutôt que duos qui marquent l'évolution et les effets du temps. Ces personnages achoppent au monde.
Assurément, l'auteur et le metteur en scène et les comédiens ont plaisir à travailler au corps ces personnages très précisément caractérisés par un presque rien, un détail qui les montrent excentrés sans être excentriques, des personnages qui semblent flotter entre réalité et imaginaire, en désir de violence. Ils sont traversés par le récit des autres, ceux des voisins et voisines (que ceux-ci soient présents ou éloignés), mais aussi les grandes et petites stratégies, les bruits de guerre et de licenciements. Informés, gavés, intoxiqués. Dans le cours de la représentation, leurs humeurs se modifient. Ils semblent pris dans un jeu de rôles, une partie de cache-cache qui leur en ferait presque venir aux mains. Duels complices plutôt que duos qui marquent l'évolution et les effets du temps. Ces personnages achoppent au monde.
Autant pour le spectateur d'occasions d'intrusions dans l‘intimité, autant de moments de plaisirs de pur théâtre. Et, sous le rire immédiat, c'est une énigme dont les indices sont donnés par l'auteur et portés par les comédiens sur le plateau, qu'il lui appartient de résoudre.
En contrepoint, dans l'interstice des noirs, entre les actes, comme une ritournelle, en leitmotiv, motif répété, virtuose et mélancolique, un moment musical de Schubert - le moment n°3 - clôt et ouvre les scènes. L'œuvre de Schubert est un élément exclu du dispositif visible. Mais elle est un tiers invisible, inclus dans une représentation rythmée où théâtre et musique sont l'un à l'autre intermède de l'un et de l'autre. Ce qui appelle une écoute liée et, de la part du spectateur, l'élaboration d'une intuition. Et s'il était question dans cette pièce d'une sensibilité perdue, d'un manque au sentiment, d'avatars, de personne, en quête d'existence comblé par la représentation elle-même ?
Le spectateur est bercé par le rythme, interloqué, dérouté, rasséréné. Déjà séduit, il suit le fil qui lui est tendu et resserre son filet à sens et à plaisir. Il comprend le miroir qui est tendu au public. In formés, trop in formés, ces êtres sont en quête de caractère, de caractère qui soit, à l'instar de Franz Schubert, un mélange de tendresse et de rudesse, de sensibilité et de naïveté, de civilité et de mélancolie...
Et du coup, la voisine infirmière stressée trash et joyeuse, l'enfant solitaire en poupée sanglante et déchirée, et au lointain les reflets des personnages pris au tain de Jeffkooniens miroirs déformants, sonnent étrangement actuel et présents… Comme une critique du post-humanisme qui sévit.
En contrepoint, dans l'interstice des noirs, entre les actes, comme une ritournelle, en leitmotiv, motif répété, virtuose et mélancolique, un moment musical de Schubert - le moment n°3 - clôt et ouvre les scènes. L'œuvre de Schubert est un élément exclu du dispositif visible. Mais elle est un tiers invisible, inclus dans une représentation rythmée où théâtre et musique sont l'un à l'autre intermède de l'un et de l'autre. Ce qui appelle une écoute liée et, de la part du spectateur, l'élaboration d'une intuition. Et s'il était question dans cette pièce d'une sensibilité perdue, d'un manque au sentiment, d'avatars, de personne, en quête d'existence comblé par la représentation elle-même ?
Le spectateur est bercé par le rythme, interloqué, dérouté, rasséréné. Déjà séduit, il suit le fil qui lui est tendu et resserre son filet à sens et à plaisir. Il comprend le miroir qui est tendu au public. In formés, trop in formés, ces êtres sont en quête de caractère, de caractère qui soit, à l'instar de Franz Schubert, un mélange de tendresse et de rudesse, de sensibilité et de naïveté, de civilité et de mélancolie...
Et du coup, la voisine infirmière stressée trash et joyeuse, l'enfant solitaire en poupée sanglante et déchirée, et au lointain les reflets des personnages pris au tain de Jeffkooniens miroirs déformants, sonnent étrangement actuel et présents… Comme une critique du post-humanisme qui sévit.
"La Ville"
Texte : Martin Crimp.
Traduction de l’anglais : Philippe Djian.
Mise en scène : Rémy Barché.
Dramaturgie : Adèle Chaniolleau.
Avec : Marion Barché, Myrtille Bordier, Louise Dupuis, Alexandre Pallu.
Scénographie et lumières : Nicolas Marie.
Costumes : Marie La Rocca.
Son : Michaël Schaller.
Durée : 1 h 50 environ.
Du 27 Novembre au 21 Décembre 2014.
Du mercredi au samedi à 21 h, le mardi à 19 h et le dimanche à 16 h.
Représentations supplémentaires les samedis 13 et 20 décembre.
La Colline Théâtre national, Petit Théâtre, Paris 20e, 01 44 62 52 52.
>> colline.fr
Du 7 au 10 janvier 2015 : TNT Théâtre national, Toulouse (31).
Traduction de l’anglais : Philippe Djian.
Mise en scène : Rémy Barché.
Dramaturgie : Adèle Chaniolleau.
Avec : Marion Barché, Myrtille Bordier, Louise Dupuis, Alexandre Pallu.
Scénographie et lumières : Nicolas Marie.
Costumes : Marie La Rocca.
Son : Michaël Schaller.
Durée : 1 h 50 environ.
Du 27 Novembre au 21 Décembre 2014.
Du mercredi au samedi à 21 h, le mardi à 19 h et le dimanche à 16 h.
Représentations supplémentaires les samedis 13 et 20 décembre.
La Colline Théâtre national, Petit Théâtre, Paris 20e, 01 44 62 52 52.
>> colline.fr
Du 7 au 10 janvier 2015 : TNT Théâtre national, Toulouse (31).