De la guerre, de la fuite, de l'exil peut naître la folie. Lorsque l'on a vu sa famille, tous ceux que l'on aime se faire tuer, quand on a tout perdu, perdre la raison peut devenir un refuge, un acte de survie, une tentative désespérée de renaissance en s'inventant une nouvelle histoire…
Guerre, mort, fuite inéluctable pour un espoir de survie, triviale association caractérisant chaque jour toujours plus notre monde… Bateau, exil, nouvelle contrée inconnue, centre d'hébergement, accueil pour vieil homme et petite fille. Pays nouveau, pays sans odeur, sans les odeurs colorées et épicées de son Asie natale, peut-être le Vietnam ou le Cambodge.
Tout commença un matin où son fils, sa belle-fille et sa petite fille s'étaient rendus dans les rizières. Cette année-là, la guerre faisait rage. Ils sont tués durant leur travail. Tao Linh récupère sa petite fille, Sang diû (Matin doux) 10 mois - elle a les yeux de son père (son fils), dit-il - et entreprend une épuisante traversée, à l'horizon une terre occidentale. Apprivoiser ce nouveau pays, ces gens inconnus, cette promiscuité dans ce centre d'accueil pour émigrés. Puis, au bout d'un moment, se résoudre, se décider à sortir pour découvrir cette ville qui l'accueille.
Dans un parc, assis sur un banc, et l'arrivée de monsieur Bark. Premier contact, et les prémices d'une nouvelle amitié. Ils parlent de leur femme (mortes). Parle de la guerre, celle à laquelle a participé Bark dans le pays de Linh. Bark l'invite au restaurant, lui offre un cadeau, une robe pour la petite. Tao Linh va être déplacé mais dans la même ville. Se retrouve dans une chambre… Enfermement…
Guerre, mort, fuite inéluctable pour un espoir de survie, triviale association caractérisant chaque jour toujours plus notre monde… Bateau, exil, nouvelle contrée inconnue, centre d'hébergement, accueil pour vieil homme et petite fille. Pays nouveau, pays sans odeur, sans les odeurs colorées et épicées de son Asie natale, peut-être le Vietnam ou le Cambodge.
Tout commença un matin où son fils, sa belle-fille et sa petite fille s'étaient rendus dans les rizières. Cette année-là, la guerre faisait rage. Ils sont tués durant leur travail. Tao Linh récupère sa petite fille, Sang diû (Matin doux) 10 mois - elle a les yeux de son père (son fils), dit-il - et entreprend une épuisante traversée, à l'horizon une terre occidentale. Apprivoiser ce nouveau pays, ces gens inconnus, cette promiscuité dans ce centre d'accueil pour émigrés. Puis, au bout d'un moment, se résoudre, se décider à sortir pour découvrir cette ville qui l'accueille.
Dans un parc, assis sur un banc, et l'arrivée de monsieur Bark. Premier contact, et les prémices d'une nouvelle amitié. Ils parlent de leur femme (mortes). Parle de la guerre, celle à laquelle a participé Bark dans le pays de Linh. Bark l'invite au restaurant, lui offre un cadeau, une robe pour la petite. Tao Linh va être déplacé mais dans la même ville. Se retrouve dans une chambre… Enfermement…
Est-ce une maison de retraite, un asile ? Sortir, repartir, fuir à nouveau. Essayer de retrouver le parc, le banc, son ami, et toujours avec sa petite fille. Il a réussi, il est arrivé, encore sur le trottoir d'en face… Il voit Bark, se précipite et, en traversant, se fait renverser par une voiture. Accident. Mais sa petite "Sang diû" est intacte.
Récit passif, sans réelle intrigue - seule la scène finale crée une "surprise" que beaucoup auront pressentie -, mais emplie de poésie, de bienveillance que s'approprie à merveille Sylvie Dorliat. Douce et calme narration, pleine de délicatesse, à la fois intense et aérienne, soutenue par la mise en scène épurée mais expressive de Cécile Noguès. Le conte à la fois cruel, poétique et pudique de Philippe Claudel se prête en effet bien à cette théâtralisation tout en retenue, mais où la dynamique verbale est bien préservée, la comédienne donnant vie avec justesse à chaque personnage.
Sylvie Dorliat a cette capacité particulière à animer avec intensité mais sobriété le verbe, l'expressivité de chaque mot mais également l'espace qu'il occupe. Son phrasé, sa musique vocale est celle d'une conteuse de la réalité, suggérée ou documentaire. C'est ce talent particulier qu'elle possède, qui se prête si bien aux écrits de l'auteur dont l'une des spécificités est de célébrer les thèmes universels de l'amitié, de la fragilité des êtres et de la compassion, apportant une perception intelligente de l'émigration, du déracinement, des ravages de la guerre, de la dureté de certaines réalités…
Et si Sylvie Dorliat réussit si bien à nous faire partager ces univers sensibles, c'est qu'elle est aussi détentrice de cette forme d'humanité.
Récit passif, sans réelle intrigue - seule la scène finale crée une "surprise" que beaucoup auront pressentie -, mais emplie de poésie, de bienveillance que s'approprie à merveille Sylvie Dorliat. Douce et calme narration, pleine de délicatesse, à la fois intense et aérienne, soutenue par la mise en scène épurée mais expressive de Cécile Noguès. Le conte à la fois cruel, poétique et pudique de Philippe Claudel se prête en effet bien à cette théâtralisation tout en retenue, mais où la dynamique verbale est bien préservée, la comédienne donnant vie avec justesse à chaque personnage.
Sylvie Dorliat a cette capacité particulière à animer avec intensité mais sobriété le verbe, l'expressivité de chaque mot mais également l'espace qu'il occupe. Son phrasé, sa musique vocale est celle d'une conteuse de la réalité, suggérée ou documentaire. C'est ce talent particulier qu'elle possède, qui se prête si bien aux écrits de l'auteur dont l'une des spécificités est de célébrer les thèmes universels de l'amitié, de la fragilité des êtres et de la compassion, apportant une perception intelligente de l'émigration, du déracinement, des ravages de la guerre, de la dureté de certaines réalités…
Et si Sylvie Dorliat réussit si bien à nous faire partager ces univers sensibles, c'est qu'elle est aussi détentrice de cette forme d'humanité.
"La petite fille de monsieur Linh"
Texte : Philippe Claudel.
Adaptation : Sylvie Dorliat.
Mise en scène : Célia Nogues.
Avec : Sylvie Dorliat.
Lumières : David Dubost.
Cie Les souliers à bascule.
Durée : 1 h 10.
Du 26 août au 11 octobre 2020.
Du mardi au samedi à 19 h 30 et dimanche à 15 h 30.
Théâtre Le Lucernaire, Salle Paradis Paris 6e, 01 45 44 57 34.
>> lucernaire.fr
Adaptation : Sylvie Dorliat.
Mise en scène : Célia Nogues.
Avec : Sylvie Dorliat.
Lumières : David Dubost.
Cie Les souliers à bascule.
Durée : 1 h 10.
Du 26 août au 11 octobre 2020.
Du mardi au samedi à 19 h 30 et dimanche à 15 h 30.
Théâtre Le Lucernaire, Salle Paradis Paris 6e, 01 45 44 57 34.
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