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Pitchouns

Alice aux mille merveilles

"Alice et autres merveilles", Théâtre de la Ville, Paris

Pour la deuxième saison consécutive, Emmanuel Demarcy-Mota et Fabrice Melquiot nous régalent de leur talent sur le grand plateau du Théâtre de la Ville. "Alice et autres merveilles" est tout à la fois un conte débridé et un hommage à son auteur Lewis Caroll. Un régal tout public, à voir en famille ou entre adultes.



© Jean-Louis Fernandez.
© Jean-Louis Fernandez.
Le directeur du Théâtre de la Ville ne se refuse rien. Dans le cadre du parcours "Enfance et jeunesse", Emmanuel Demarcy-Mota s’offre une méga production et ne lésine pas sur les moyens pour réaliser ce qui est certainement un rêve de gosse : une Alice "moderne", comme le dit la comédienne (Suzanne Aubert, extra !), qui ne perd rien de l’original et ajoute une touche encore plus déjantée au personnage éponyme.

Entre la "barbie-prout", le petit chaperon rouge malicieux et un loup mi-figue mi-raisin, l’héroïne flirte avec les contes de notre enfance comme elle flirte avec l’illogisme. Elle nous entraîne dans un plongeon vertigineux où projections et hologrammes étourdissent le spectateur qui s’en prend - avec bonheur - plein les mirettes

C’est donc les pieds dans l’eau, à la manière de Bachelard, que le rêve se produit. Et tant qu’Alice ne se met pas à piétiner le cœur des autres et à devenir aussi méchante que la Reine de Cœur, tout va bien : "Si le monde n’a aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ?". La troupe superbe du Théâtre de La Ville nous montre qu’il est toujours temps !

"Alice et autres merveilles"

© Jean-Louis Fernandez.
© Jean-Louis Fernandez.
D'après Lewis Carroll.
À partir de 7 ans.
Texte : Fabrice Melquiot (chez L'Arche Éditeur, également agent théâtral du texte représenté).
Mise en scène : Emmanuel Demarcy-Mota.
Assistant à la mise en scène : Christophe Lemaire.
Deuxième assistante à la mise en scène : Julie Peigné.
Conseiller artistique : François Regnault.
Avec : Suzanne Aubert, Jauris Casanova, Valérie Dashwood, Philippe Demarle, Sandra Faure, Stéphane Krahenbühl, Gérald Maillet, Walter N’guyen, Jauris Casanova, Valérie Dashwood, Sarah Karbasnikoff.
Scénographie : Yves Collet.
Costumes : Fanny Brouste.
Lumières : Yves Collet & Christophe Lemaire.
Assistant lumières : Thomas Falinower.
Son : David Lesser.
Vidéo : Matthieu Mullot.
Masques : Anne Leray.
Maquillages : Catherine Nicolas.
Objets de scène : Audrey Veyrac.
Training physique : Nina Dipla.
Travail vocal : Maryse Martines.
Réalisation costumes : Peggy Sturm, Alix Descieux-Read, Hélène Chancerel.
Réalisation masques : Marie-Cécile Kolly, Patty Robinet.
Stagiaire costumes : Anaïs Gabillard.
Construction décor : Espace et Compagnie.

© Jean-Louis Fernandez.
© Jean-Louis Fernandez.
Reprise !
Du 9 au 24 septembre 2016.
Du jeudi au samedi à 19 h30, dimanche à 15 h, mardi 13 à 19 h 30, mercredis 14 et 21 à 15 h, jeudi 22 à 14 h 30, samedi 24 à 15 h.
Théâtre de la Ville, Paris 4e, 01 42 74 22 77.
>> theatredelaville-paris.com

Tournée
21 et 22 octobre 2016 : Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence (13).
29 novembre au 2 décembre 2016 : La Coursive - Scène nationale, La Rochelle (17).
8 et 9 décembre 2016 : Scène nationale de Sète et du bassin de Thau, Sète (34).

Mardi 13 Septembre 2016

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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024