Attente sans cesse renouvelée de celui qui viendra la rendre à nouveau heureuse, lui donnera l'impression d'exister, de vaincre la solitude… ou ne viendra pas... n'est-il d'ailleurs jamais venu ? Alors, pour meubler le temps qui passe, elle parle, elle disserte, pérore, s'évade de palabres en dithyrambes existentiels. Cause de rien et de tout, d'anecdotes insignifiantes comme de choses à l'apparence anodine mais essentielle à la femme qu'elle est, était ou espérait être, à la fois construction intime d'un être fragile et harangue épicé, railleuse sur les êtres et les situations qui traversent sa vie.
Son flot/flux de paroles est fluide, le verbe est nature, vert souvent -"il va voir sa vieille, ouais, il va tirer un coup" ; "ça tringlait dans les rideaux de la salle à manger" -, parfois roulant sur le sable fin, parfois sur la rocaille. Le phrasé est claire, musical, quelquefois usant avec adresse et espièglerie de la mélodie propre aux accents méditerranéens.
Le récit peut paraître décousu mais elle se raconte, comme une enfant bavarde qui ne vous lâche pas la grappe... De temps en temps, elle glisse un vinyle dans l'ogre discographique d'où sort la rengaine d'une chanson populaire illustratrice de ses vagues à l'âme amoureux… "Avventura" et "Le prix des allumettes" (Stone et Charden), "Tous les bateaux, tous les oiseaux" (Michel Polnareff), "Viens, viens" (Marie Laforêt) ou encore "L'été indien" (Joe Dassin).
Son flot/flux de paroles est fluide, le verbe est nature, vert souvent -"il va voir sa vieille, ouais, il va tirer un coup" ; "ça tringlait dans les rideaux de la salle à manger" -, parfois roulant sur le sable fin, parfois sur la rocaille. Le phrasé est claire, musical, quelquefois usant avec adresse et espièglerie de la mélodie propre aux accents méditerranéens.
Le récit peut paraître décousu mais elle se raconte, comme une enfant bavarde qui ne vous lâche pas la grappe... De temps en temps, elle glisse un vinyle dans l'ogre discographique d'où sort la rengaine d'une chanson populaire illustratrice de ses vagues à l'âme amoureux… "Avventura" et "Le prix des allumettes" (Stone et Charden), "Tous les bateaux, tous les oiseaux" (Michel Polnareff), "Viens, viens" (Marie Laforêt) ou encore "L'été indien" (Joe Dassin).
C'est la deuxième fois que Catherine Marnas met en scène ce texte de Serge Valletti, avec la même comédienne, Martine Thinières. Recréer pour confronter deux réalités, deux époques à presque vingt d'écart. Et analyser le niveau de résistance du comique de l'absurde souvent aliéné, contextualisé à une période précise. "Rions-nous des mêmes choses aujourd’hui ? Ai-je la même légèreté ? Avons-nous la même confiance dans le monde pour pouvoir le bousculer, le basculer cul par-dessus tête avec la même gourmandise libertaire ?", interroge-t-elle.
Sans aucun doute, différemment… mais la pièce n'a pas vieilli. Et la mise en scène renouvelée de Catherine Marnas, avec une interprète se jouant avec subtilité des excès fantaisistes contenus dans la prose si particulière et marquée au fer rouge sudiste de Serge Valletti, décrypte toujours avec beaucoup d'intelligence les variations rythmiques et follement déconcertantes de la tchatche méridionale dont l'auteur use pour nous narrer les agréments et les désagréments, le boire et déboire des paumés, des déjantés, des gens de rien, du peuple ordinaire, de ceux à l'extravagance incomprise…
"Marys' à minuit" est la chronique d'une folie douce, d'une perception décalée de la réalité… le rêve d'un amour imaginé, d'une romance espérée. Histoire d'une femme hors normes. Et si la rivière tumultueuse de phrases semble sans queue ni tête, on se rend vite compte que (se) raconter offre la possibilité d'exister, de partir, de voyager, de s'échapper du réel, de sa désespérance, du quotidien. Maryse quitte le port, largue les amarres, s'offre la liberté que seules les galéjades, les extravagances, une certaine forme de folie permettent. Et on part avec plaisir naviguer avec elle.
Sans aucun doute, différemment… mais la pièce n'a pas vieilli. Et la mise en scène renouvelée de Catherine Marnas, avec une interprète se jouant avec subtilité des excès fantaisistes contenus dans la prose si particulière et marquée au fer rouge sudiste de Serge Valletti, décrypte toujours avec beaucoup d'intelligence les variations rythmiques et follement déconcertantes de la tchatche méridionale dont l'auteur use pour nous narrer les agréments et les désagréments, le boire et déboire des paumés, des déjantés, des gens de rien, du peuple ordinaire, de ceux à l'extravagance incomprise…
"Marys' à minuit" est la chronique d'une folie douce, d'une perception décalée de la réalité… le rêve d'un amour imaginé, d'une romance espérée. Histoire d'une femme hors normes. Et si la rivière tumultueuse de phrases semble sans queue ni tête, on se rend vite compte que (se) raconter offre la possibilité d'exister, de partir, de voyager, de s'échapper du réel, de sa désespérance, du quotidien. Maryse quitte le port, largue les amarres, s'offre la liberté que seules les galéjades, les extravagances, une certaine forme de folie permettent. Et on part avec plaisir naviguer avec elle.
"Marys' à minuit"
Texte : Serge Valletti.
Mise en scène : Catherine Marnas.
Avec : Martine Thinières.
Son : Madame Miniature.
Scénographie : Carlos Calvo.
Durée estimée : 1 h.
Production Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine.
Du 23 janvier au 9 février 2018.
Du mardi au vendredi à 20 h, samedi à 19 h.
TnBA - Théâtre du Port de la Lune, Studio de création, Bordeaux (33), 05 56 33 36 80.
>> tnba.org
Mise en scène : Catherine Marnas.
Avec : Martine Thinières.
Son : Madame Miniature.
Scénographie : Carlos Calvo.
Durée estimée : 1 h.
Production Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine.
Du 23 janvier au 9 février 2018.
Du mardi au vendredi à 20 h, samedi à 19 h.
TnBA - Théâtre du Port de la Lune, Studio de création, Bordeaux (33), 05 56 33 36 80.
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