Ici, dans le cadre minéral de la Carrière vibrant d'histoires du théâtre, il explore très librement le célèbre triptyque de Jérôme Bosch pour proposer sa propre création d'un monde en devenir, un monde en (dé)composition. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le monde selon Philippe Quesne, tout aussi énigmatique que celui du peintre flamand du XVe siècle, réserve d'éblouissantes surprises…
Dans un silence saisissant, un bus prophétique poussé par une troupe d'improbables visiteurs s'avance au pied des falaises. Les passagers, égarés là, regardent avec grande curiosité cet espace qu'ils explorent longuement des yeux. Un gigantesque œuf – que va-t-il en éclore ? – est délicatement déposé par leurs soins sur un lit de terre minutieusement préparé. S'ensuit une procession où, guitare, tambourin, trompette et autres instruments accompagnent les pratiquants vénérant l'idole…
Ce clin d'œil initial à la création du monde de Jérôme Bosch, revisitée de manière "délicieusement" iconoclaste, augure de ce qui va advenir de l'univers recomposé à l'aune de l'imaginaire flamboyant du Vivarium Studio… Ainsi le maître des cérémonies (un démocrate dans l'âme, toutes les décisions seront prises en sollicitant l'accord de chacun), du sanctuaire du bus où il a pris place, invite ses compagnons à le rejoindre pour une étrange cérémonie. Un toast porté "à qui nous savons et à ce qui nous reste à découvrir" prenant l'aspect d'une libation écologique à base de plantes où romarin et thym mêlent leur parfum céleste.
Dans un silence saisissant, un bus prophétique poussé par une troupe d'improbables visiteurs s'avance au pied des falaises. Les passagers, égarés là, regardent avec grande curiosité cet espace qu'ils explorent longuement des yeux. Un gigantesque œuf – que va-t-il en éclore ? – est délicatement déposé par leurs soins sur un lit de terre minutieusement préparé. S'ensuit une procession où, guitare, tambourin, trompette et autres instruments accompagnent les pratiquants vénérant l'idole…
Ce clin d'œil initial à la création du monde de Jérôme Bosch, revisitée de manière "délicieusement" iconoclaste, augure de ce qui va advenir de l'univers recomposé à l'aune de l'imaginaire flamboyant du Vivarium Studio… Ainsi le maître des cérémonies (un démocrate dans l'âme, toutes les décisions seront prises en sollicitant l'accord de chacun), du sanctuaire du bus où il a pris place, invite ses compagnons à le rejoindre pour une étrange cérémonie. Un toast porté "à qui nous savons et à ce qui nous reste à découvrir" prenant l'aspect d'une libation écologique à base de plantes où romarin et thym mêlent leur parfum céleste.
Le cercle de paroles constitué est dans l'instant questionné par la figure de l'ovale ; ovale qui recueille l'assentiment unanime de la troupe. Sans doute faut-il y voir – de manière certes "elliptique" – le désir salutaire de s'extraire de toutes conversations convenues tournant par définition en rond. La parole ainsi déliée et le geste tout autant invitent les participants à laisser libre cours à leur fantasmagorie personnelle. Des textes sont proférés, débridés au possible ("Trop loin à l'Ouest, c'est l'Est ?", "Une fois, je priais la bouche ouverte, une mouche est rentrée."), les galops effrénés d'un cheval fougueux s'emparent du corps de l'un pendant qu'une traversée terrestre sur une ligne imaginaire à ras le sol occupe un funambule, une pyramide humaine informe s'improvise, le tout interprété en pure innocence, celle d'avant le péché originel…
Dans le droit fil de la déconstruction de l'esprit de sérieux propre à ouvrir les yeux sur un autre monde, l'un, après avoir eu la délicate attention de solliciter le groupe pour obtenir l'autorisation de chanter, demande poliment "si l'on pouvait couper les grillons"… Dès lors les événements s'emballent… à la vitesse du temps de vivre. Une séance d'hypnose hallucinatoire se traduit par le miracle des cheveux repoussés, une créature tout de rouge vêtue apparaît entre deux valves de moule géante, un couple coiffé de couronnes d'épines se promène main dans la main, autant de tableaux d'allégories religieuses savoureusement détournées.
Dans le droit fil de la déconstruction de l'esprit de sérieux propre à ouvrir les yeux sur un autre monde, l'un, après avoir eu la délicate attention de solliciter le groupe pour obtenir l'autorisation de chanter, demande poliment "si l'on pouvait couper les grillons"… Dès lors les événements s'emballent… à la vitesse du temps de vivre. Une séance d'hypnose hallucinatoire se traduit par le miracle des cheveux repoussés, une créature tout de rouge vêtue apparaît entre deux valves de moule géante, un couple coiffé de couronnes d'épines se promène main dans la main, autant de tableaux d'allégories religieuses savoureusement détournées.
Et quand l'orage vient à gronder et que le déluge venu du ciel s'abat sur les paisibles visiteurs, la question métaphysique troue le présent de la représentation : "La Terre n'est-elle pas l'Enfer d'une autre planète ?". L'Enfer (troisième volet du triptyque de référence) c'est les autres… squelettes voguant dans la partie haute de la falaise, au-dessus des enluminures géantes du "Jardin des Délices". Un mollusque planétaire énonce d'un air joyeux : "Ceci est ma volonté, et mon corps est ma volonté. L'eau devient celle du lavement qui permet de pénétrer jusqu'au tréfonds des entrailles de la Terre pour la purifier, comme si le centre du monde était en soi.
L'œuf ausculté propose alors une destination qu'une pierre jetée par le mollusque planétaire montrera du doigt : au sommet du mont de la falaise, un triangle étoilé y brille de ses mille feux. Dans une excitation quasi hystérique et de bruits à l'unisson, la poignée d'élus égarés dans la Carrière assistera au miracle divin d'une naissance "(as)sensationnelle".
Absolue beauté d'une écriture "dé-lirante" d'un tableau ô combien célèbre pour, dans l'écrin fabuleux de la carrière de Boulbon, proposer deux heures de pur bonheur artistique et ludique. Une "création"… de Philippe Quesne qui, accompagné de ses fidèles comédiens complices, inscrit ainsi en lettres de feu son nom dans la longue histoire des miracles vus ici.
Vu le 7 juillet 2023 à la Carrière de Boulbon, dans le cadre du Festival In d'Avignon.
L'œuf ausculté propose alors une destination qu'une pierre jetée par le mollusque planétaire montrera du doigt : au sommet du mont de la falaise, un triangle étoilé y brille de ses mille feux. Dans une excitation quasi hystérique et de bruits à l'unisson, la poignée d'élus égarés dans la Carrière assistera au miracle divin d'une naissance "(as)sensationnelle".
Absolue beauté d'une écriture "dé-lirante" d'un tableau ô combien célèbre pour, dans l'écrin fabuleux de la carrière de Boulbon, proposer deux heures de pur bonheur artistique et ludique. Une "création"… de Philippe Quesne qui, accompagné de ses fidèles comédiens complices, inscrit ainsi en lettres de feu son nom dans la longue histoire des miracles vus ici.
Vu le 7 juillet 2023 à la Carrière de Boulbon, dans le cadre du Festival In d'Avignon.
"Le Jardin des délices"
Création Festival d'Avignon 2023.
Librement inspirée du "Jardin des délices" de Jérôme Bosch.
Conception, mise en scène et scénographie : Philippe Quesne.
Assistants à la mise en scène : Marion Schwartz, François-Xavier Rouyer.
Avec : Jean-Charles Dumay, Laurent Gérard alias Èlg, Léo Gobin, Sébastien Jacobs, Elina Löwensohn, Nuno Lucas, Isabelle Prim, Thierry Raynaud, Gaëtan Vourc'h.
Collaboration scénographique : Élodie Dauguet.
Costumes : Karine Marques Ferreira.
Collaboration dramaturgique : Éric Vautrin.
Durée : 2 h.
Spectacle diffusé le 10 juillet sur ARTE.
•Avignon In 2023•
Les 6 et 7, du 9 au 12, du 14 au 18 juillet 2023.
Représenté à 21 h 30.
Carrière de Boulbon, Boulbon (13).
Réservations : 04 90 14 14 14 tous les jours de 10 h à 19 h.
>> festival-avignon.com
Librement inspirée du "Jardin des délices" de Jérôme Bosch.
Conception, mise en scène et scénographie : Philippe Quesne.
Assistants à la mise en scène : Marion Schwartz, François-Xavier Rouyer.
Avec : Jean-Charles Dumay, Laurent Gérard alias Èlg, Léo Gobin, Sébastien Jacobs, Elina Löwensohn, Nuno Lucas, Isabelle Prim, Thierry Raynaud, Gaëtan Vourc'h.
Collaboration scénographique : Élodie Dauguet.
Costumes : Karine Marques Ferreira.
Collaboration dramaturgique : Éric Vautrin.
Durée : 2 h.
Spectacle diffusé le 10 juillet sur ARTE.
•Avignon In 2023•
Les 6 et 7, du 9 au 12, du 14 au 18 juillet 2023.
Représenté à 21 h 30.
Carrière de Boulbon, Boulbon (13).
Réservations : 04 90 14 14 14 tous les jours de 10 h à 19 h.
>> festival-avignon.com
Tournée
Du 26 septembre au 5 octobre 2023 : Théâtre Vidy-Lausanne, Lausanne (Suisse).
12 et 13 octobre 2023 : Le Maillon - Scène européenne, Strasbourg (67).
du 20 au 25 octobre 2023 : MC93, Maison de la culture de Seine-Saint-Denis, dans le cadre du Festival d'Automne à Paris, Bobigny (93).
23 et 24 novembre 2023 : Maison de la Culture, Pôle européen de création et de production, dans le cadre du Festival Next, Amiens (80).
Du 29 novembre au 1er décembre 2023 : Théâtre du Nord, CDN Lille-Tourcoing-Hauts-de-France, avec La Rose des Vents – Villeneuve d'Ascq, dans le cadre du Festival Next, Lille (59).
5 et 6 avril 2024 : Carré-Colonnes, Saint-Médard-en-Jalles (33).
Du 26 septembre au 5 octobre 2023 : Théâtre Vidy-Lausanne, Lausanne (Suisse).
12 et 13 octobre 2023 : Le Maillon - Scène européenne, Strasbourg (67).
du 20 au 25 octobre 2023 : MC93, Maison de la culture de Seine-Saint-Denis, dans le cadre du Festival d'Automne à Paris, Bobigny (93).
23 et 24 novembre 2023 : Maison de la Culture, Pôle européen de création et de production, dans le cadre du Festival Next, Amiens (80).
Du 29 novembre au 1er décembre 2023 : Théâtre du Nord, CDN Lille-Tourcoing-Hauts-de-France, avec La Rose des Vents – Villeneuve d'Ascq, dans le cadre du Festival Next, Lille (59).
5 et 6 avril 2024 : Carré-Colonnes, Saint-Médard-en-Jalles (33).