Noir sur scène, accompagnant durant toute la représentation un triptyque d'annonciations au travers de trois tableaux différents. Le metteur en scène et dramaturge Pascal Rambert se réapproprie cet esprit pictural tel qu'il a pu être traité dans la peinture vénitienne. Autour de trois visages, ceux d'un ange, d'une vierge et d'une cosmonaute, l'auteur décline poétiquement, séquentiellement dans les langues de Dante, Shakespeare et Molière, l'humanité dans ses désirs, ses songes, ses absences, ses présences et ses prophéties.
Tout le spectacle est surtitré. Le premier tableau est en italien. Nulle présence sur le plateau, seule une voix, celle de Silvia Costa, se fait entendre en off avec douceur dans le rythme. Le silence enrobe les paroles qui se détachent avec une certaine gravité. Les mots semblent peser leurs poids. Le deuxième est en espagnol. Là, le propos est dans l'émotion, dans l'intensité qui verse parfois dans la colère. Les ruptures de jeu sont donc multiples avec une montée en puissance vocale.
Tout le spectacle est surtitré. Le premier tableau est en italien. Nulle présence sur le plateau, seule une voix, celle de Silvia Costa, se fait entendre en off avec douceur dans le rythme. Le silence enrobe les paroles qui se détachent avec une certaine gravité. Les mots semblent peser leurs poids. Le deuxième est en espagnol. Là, le propos est dans l'émotion, dans l'intensité qui verse parfois dans la colère. Les ruptures de jeu sont donc multiples avec une montée en puissance vocale.
Le troisième est en langue française. La tonalité est calme et lucide, une lucidité qui se nourrit d'un questionnement du temps présent, actuel et d'un rappel à une époque, éloignée de deux ou trois décennies, où est égrenée une énumération d'expressions qui étaient usitées et ayant perdu aujourd'hui toute adéquation comme, entre autres, "consensus non trouvé", "vivre ensemble" et "sortie de crises".
Il y a un parfum de nostalgie, comme d'un "c'était mieux avant", sans pour autant que cela verse dans des regrets. Nous sommes dans un constat où est mis en exergue un monde dans lequel le manque de nuances et le choix de ce qui est factuel engage parfois l'esprit humain dans une radicalité où la part d'autrui est bafouée. Le sentiment s'exprime dans la dernière scène comme la raison dans le premier et la révolte dans le deuxième.
Le noir scénique habille la scénographie avec, pour seul accessoire, une fleur courbée de toute sa taille dans un vase long et transparent. Le principal personnage reste la voix avec une présence évidente même quand le personnage physique n'apparaît pas. Dans l'annonciation de la vierge, le costume évolue avec Itsaso Arana couverte d'un habit aux couleurs rougeoyantes et qui se dévêtit le tronc laissant paraître ses seins.
Plus loin, avec un costume plus clair habillé d'une couronne de pointes comme une fleur avec ses pétales, elle apparaît en vierge pour devenir une sorte de crucifix avec ses bras étendus. Elle se fait symboliquement homme, comme le sauveur, qui pardonnait à l'humanité ses pêchés alors qu'elle crie, dans une violence verbale, sa féminité face au monde.
Le dernier tableau où Audrey Bonnet est en cosmonaute se trouve dans une atmosphère lunaire, comme si la protagoniste marchait sur la lune. Ou bien est-ce son costume qui lui donne cette allure d'apesanteur ? Elle se dévêt, comme pour la scène précédente, de son costume jusqu'à la taille. La modernité de cette séquence est étonnante car à rebrousse-poil de tout le spectacle. Dans chacune de ces annonciations, physiques, c'est aussi la revendication féminine d'un sexe qui est montrée par le biais des seins. Le corps de la femme s'y montre à l'évidence comme un étendard.
Même recouverte dans celui du cosmonaute où ne peut se dessiner un genre sexuel, l'habit est un moment abandonné pour le revendiquer. Non pas comme différence, mais comme singularité. Elles sont femmes, non en contraste du sexe opposé mais en autonomie par rapport à celui-ci, comme repères à elles-mêmes. L'acte, non anodin, de se déshabiller la moitié haute du corps devient politique, c'est celui d'une revendication féminine de la place d'un genre dans tout métier et dans tout symbole.
Il y a un parfum de nostalgie, comme d'un "c'était mieux avant", sans pour autant que cela verse dans des regrets. Nous sommes dans un constat où est mis en exergue un monde dans lequel le manque de nuances et le choix de ce qui est factuel engage parfois l'esprit humain dans une radicalité où la part d'autrui est bafouée. Le sentiment s'exprime dans la dernière scène comme la raison dans le premier et la révolte dans le deuxième.
Le noir scénique habille la scénographie avec, pour seul accessoire, une fleur courbée de toute sa taille dans un vase long et transparent. Le principal personnage reste la voix avec une présence évidente même quand le personnage physique n'apparaît pas. Dans l'annonciation de la vierge, le costume évolue avec Itsaso Arana couverte d'un habit aux couleurs rougeoyantes et qui se dévêtit le tronc laissant paraître ses seins.
Plus loin, avec un costume plus clair habillé d'une couronne de pointes comme une fleur avec ses pétales, elle apparaît en vierge pour devenir une sorte de crucifix avec ses bras étendus. Elle se fait symboliquement homme, comme le sauveur, qui pardonnait à l'humanité ses pêchés alors qu'elle crie, dans une violence verbale, sa féminité face au monde.
Le dernier tableau où Audrey Bonnet est en cosmonaute se trouve dans une atmosphère lunaire, comme si la protagoniste marchait sur la lune. Ou bien est-ce son costume qui lui donne cette allure d'apesanteur ? Elle se dévêt, comme pour la scène précédente, de son costume jusqu'à la taille. La modernité de cette séquence est étonnante car à rebrousse-poil de tout le spectacle. Dans chacune de ces annonciations, physiques, c'est aussi la revendication féminine d'un sexe qui est montrée par le biais des seins. Le corps de la femme s'y montre à l'évidence comme un étendard.
Même recouverte dans celui du cosmonaute où ne peut se dessiner un genre sexuel, l'habit est un moment abandonné pour le revendiquer. Non pas comme différence, mais comme singularité. Elles sont femmes, non en contraste du sexe opposé mais en autonomie par rapport à celui-ci, comme repères à elles-mêmes. L'acte, non anodin, de se déshabiller la moitié haute du corps devient politique, c'est celui d'une revendication féminine de la place d'un genre dans tout métier et dans tout symbole.
Autant dans celui des anges, qui n'ont pas de sexe, du moins de ce qui se raconte sur eux. Que dans celui de la vierge, qui montre sa sexualité dans le contour de ses seins, sans qu'aucune connotation sexuelle ne s'y mêle. Et dans celui d'un métier scientifique, dans lequel, c'est un homme qui a posé le premier pied sur la lune. Nous retrouvons ici, une femme, fouler un sol dont on ignore la planète. La lune ou autre chose ? Pour ce dernier cas, ce serait marqué un nouveau territoire, libre à chacun de s'imaginer l'une des deux situations.
Le texte est très poétique. Enveloppé et enveloppant de lyrisme et d'une voix restant dans une neutralité lucide, pour la dernière annonciation jouée par Audrey Bonnet, ou être portée par Itsaro Arana dans une conviction revendiquée baignée d'émotions et de colère. L'organe vocal devient aiguillon d'une description, d'une lutte, d'une revendication et d'un constat. Le poing peut être accompagné d'une rose sans ses épines.
Le texte est très poétique. Enveloppé et enveloppant de lyrisme et d'une voix restant dans une neutralité lucide, pour la dernière annonciation jouée par Audrey Bonnet, ou être portée par Itsaro Arana dans une conviction revendiquée baignée d'émotions et de colère. L'organe vocal devient aiguillon d'une description, d'une lutte, d'une revendication et d'un constat. Le poing peut être accompagné d'une rose sans ses épines.
"3 annonciations"
Texte et mise en scène : Pascal Rambert.
Avec : Audrey Bonnet (France), Silvia Costa (Italie), Itsaso Arana (Espagne).
Espace : Pascal Rambert et Yves Godin.
Lumière : Yves Godin.
Costumes : Anaïs Romand.
Musique : Alexandre Meyer.
Collaboratrice artistique : Pauline Roussille.
Traduction espagnole : Coto Adánez Del Hoyo.
Traduction italienne : Chiara Elefante.
Surtitrage : Alessandra Calabi.
Régie générale : Alessandra Calabi.
Régie lumière : Thierry Morin.
Régie son : Chloé Levoy.
Régie vidéo : Charles Lefebvre.
Régie plateau : Antoine Giraud.
Habilleuses : Marion Régnier et Marine Baney.
Production déléguée : structure production.
Coproduction TNB - Théâtre National de Bretagne, Scène nationale du Sud-Aquitain, Théâtre des Bouffes du Nord.
Durée : 1 h 30.
Spectacle créé le 29 septembre 2020, au TNB, Théâtre national de Bretagne, à Rennes.
Le texte "3 Annonciations" est publié aux Éditions Les Solitaires intempestifs.
Spectacle qui s'est joué du 1er au 4 février 2023, Salle Firmin Gémier, Théâtre national de Chaillot, Paris 16e.
Avec : Audrey Bonnet (France), Silvia Costa (Italie), Itsaso Arana (Espagne).
Espace : Pascal Rambert et Yves Godin.
Lumière : Yves Godin.
Costumes : Anaïs Romand.
Musique : Alexandre Meyer.
Collaboratrice artistique : Pauline Roussille.
Traduction espagnole : Coto Adánez Del Hoyo.
Traduction italienne : Chiara Elefante.
Surtitrage : Alessandra Calabi.
Régie générale : Alessandra Calabi.
Régie lumière : Thierry Morin.
Régie son : Chloé Levoy.
Régie vidéo : Charles Lefebvre.
Régie plateau : Antoine Giraud.
Habilleuses : Marion Régnier et Marine Baney.
Production déléguée : structure production.
Coproduction TNB - Théâtre National de Bretagne, Scène nationale du Sud-Aquitain, Théâtre des Bouffes du Nord.
Durée : 1 h 30.
Spectacle créé le 29 septembre 2020, au TNB, Théâtre national de Bretagne, à Rennes.
Le texte "3 Annonciations" est publié aux Éditions Les Solitaires intempestifs.
Spectacle qui s'est joué du 1er au 4 février 2023, Salle Firmin Gémier, Théâtre national de Chaillot, Paris 16e.