La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
RV du Jour

À écouter : Moi… je… et la tour de Babel (Épisode 3)

Intéressons-nous à Daniel Mesguich en tant que directeur et professeur au CNSAD.



À écouter : Moi… je… et la tour de Babel (Épisode 3)
Pour mémoire, sa prise de fonction en 2008 ne s’était pas faite sans heurt. Rappelons-nous du "joli" papier de Jean-Pierre Thibaudat dans Rue 89 et de la réponse de Daniel Mesguich à ce sujet.
Considérer le Conservatoire comme "la tour la plus haute", dans laquelle est délivré le meilleur enseignement de théâtre qui soit, pose problème. Dire aussi que le niveau d’exigence d’autres lieux n’est pas aussi important ("ce n’est pas le cas à l’extérieur") que celui du Conservatoire est difficile à admettre quand on connaît un tant soit peu le beau travail fourni par des écoles tels que Charles Dullin ou Claude Mathieu. Entendons-nous bien, nous ne remettons pas en question que certains cours du CNSAD sont de haute volée. Mais placer le Conservatoire au summum sous-entend que les autres font (de fait !) moins bien. C’est de bonne guerre j’imagine. Toutefois, l’élève de Vitez manque non seulement d’humilité, mais aussi laisse peu de place au "pauvre" apprenti qui n’a pas été pris au Conservatoire et qui va taper à d’autres portes… Voici une conception particulière de l’enseignement théâtral que j’imagine tout le monde ne partage pas et qui aurait de quoi remettre en question 90% du personnel de la profession.

Cette saison, je n’ai vu que le travail de Daniel Mesguich et de Hans Peter Cloos. Pas assez pour donner un avis global sur le Conservatoire. Et ce n’est d’ailleurs même pas la question. Il ne s’agit pas de critiquer l’enseignement qui y est délivré (et qui mériterait une enquête approfondie) ni de douter une seule seconde du degré d’exigence de l’institution. Cependant, ces représentations étaient loin de hisser le jeu des élèves aussi haut que le Directeur le prétend. À l’inverse, il m’est arrivé d’assister à des travaux d’écoles qui étaient à couper le souffle, bien au-delà de ce qu’on peut parfois voir au Conservatoire.

De plus, estimer que cette institution soit plantée dans la tour la plus haute qui soit, c’est aussi admettre qu’il devient alors difficile d’en redescendre. Pire, dire cela, c’est faire bien peu cas de ce qui n’est pas le Conservatoire ou bien de ceux qui n'en sortent pas. C'est aussi réduire l'ensemble du théâtre et de ses acteurs à bien peu. Inacceptable ! Mais après tout, certains tirent la chansonnette et d’autres pratiquent l’opéra. Voyons, ne confondons pas tout, n’est-ce pas ? Nous ne jouons pas dans la même cour. C’est en tout cas ce que disait Daniel Mesguich dans l’épisode précédent.

Toutefois, je vous laisse en juger par vous-même. Bonne écoute.

Musique : Pierre-Yves Plat

À venir : 4e et dernier épisode de l’interview de Daniel Mesguich.
interview_de_daniel_mesguich,_episode_3_1_.mp3 Interview de Daniel Mesguich, épisode 3(1).mp3  (4.81 Mo)


Sheila Louinet
Jeudi 19 Mai 2011

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024