Une table côté jardin, un homme au milieu pour un monologue. Celui de "Boule de Suif" (1880), nouvelle de Maupassant (1850-1892) qui l'a lue la première fois devant ses amis du groupe de Médan dans la demeure de Zola qui réunissait aussi, autour de lui, Paul Alexis, Marius Roux (ami d'enfance de Zola), Léon Hennique, Henri Céard et Joris-Karl Huysmans. C'est par ce chef-d'œuvre, réuni avec d'autres nouvelles dans "Les soirées de Médan", qu'il s'est imposées et a été considéré comme un maître de ce genre littéraire. Il a fallu juste une décennie pour que Maupassant marque de son empreinte la littérature, au travers aussi de ses romans qui sont restés dans la postérité.
Pour cette nouvelle qui est mise en scène par Sylvie Blotnikas et adaptée en compagnie d'André Salzet, il est mêlé des descriptions aux dialogues. Cet aspect est même un élément important. On y retrouve des passages descriptifs autant du contexte que des personnages. Ainsi, la trame est posée avant que ces derniers n'interviennent, à l'inverse du théâtre dit classique où ceux-ci se découvrent d'abord en portant avec eux le contexte et l'action.
Pour cette nouvelle qui est mise en scène par Sylvie Blotnikas et adaptée en compagnie d'André Salzet, il est mêlé des descriptions aux dialogues. Cet aspect est même un élément important. On y retrouve des passages descriptifs autant du contexte que des personnages. Ainsi, la trame est posée avant que ces derniers n'interviennent, à l'inverse du théâtre dit classique où ceux-ci se découvrent d'abord en portant avec eux le contexte et l'action.
Le débit de la voix d'André Salzet est posé, la gestuelle accompagne la narration sans excès. Il y a une vraie présence physique du comédien qui incarne un narrateur pour se glisser ensuite dans chacun des protagonistes, autant féminins que masculins. Autant révolutionnaire que conservateur, bourgeois que noble, républicain que prostituée, athée que croyant, les différents visages qui composent cette galerie prennent une dimension aussi de sous-texte, incarné par les attitudes qui montrent leurs figures, pour beaucoup, hypocrites. Seule Élisabeth Rousset, alias Boule de Suif, est digne, honorable, à l'âme résistante et aussi sacrificielle face à l'ennemi allemand, et ce, afin de sauver ses congénères.
Sur cette ligne de crête, André Salzet bascule d'un personnage à un autre l'espace d'un instant pour s'y plonger et y puiser une voix, une attitude, un comportement. Ainsi, il est dans un rôle omniscient avant même que les événements ne se déroulent. Ces bascules rapides pour revenir ensuite au récit séquencent le monologue dans une narration où se glissent un contexte, celui d'un voyage, puis des lieux, ceux d'une diligence et de l'auberge de Tôtes et enfin une situation, celle d'un enfermement. Ainsi, sur ces trois axes qui mêlent action et contemplation, paix et guerre, passivité et résistance, le jeu d'André Salzet allie toujours le calme du récit, pour par intermittence revêtir l'humeur d'un ou plusieurs personnages.
Nous sommes dans un récit qui devient parlé où le verbe construit les caractères. Ainsi, dans ce théâtre "inversé", même si la présence du comédien plante autant les lieux, le contexte que les situations, il n'y a pas de mouvements créateurs d'événements, car il ne peut y avoir d'interaction physique entre les protagonistes. Ce qui fait l'essence même du monologue.
Cette création est dans un rapport constant à la littéralité de l'œuvre où phrases humoristiques et ironiques sont mises en exergue et fait du style de l'auteur un élément essentiel à la représentation. Comme si Maupassant en était aussi le narrateur sur scène.
Sur cette ligne de crête, André Salzet bascule d'un personnage à un autre l'espace d'un instant pour s'y plonger et y puiser une voix, une attitude, un comportement. Ainsi, il est dans un rôle omniscient avant même que les événements ne se déroulent. Ces bascules rapides pour revenir ensuite au récit séquencent le monologue dans une narration où se glissent un contexte, celui d'un voyage, puis des lieux, ceux d'une diligence et de l'auberge de Tôtes et enfin une situation, celle d'un enfermement. Ainsi, sur ces trois axes qui mêlent action et contemplation, paix et guerre, passivité et résistance, le jeu d'André Salzet allie toujours le calme du récit, pour par intermittence revêtir l'humeur d'un ou plusieurs personnages.
Nous sommes dans un récit qui devient parlé où le verbe construit les caractères. Ainsi, dans ce théâtre "inversé", même si la présence du comédien plante autant les lieux, le contexte que les situations, il n'y a pas de mouvements créateurs d'événements, car il ne peut y avoir d'interaction physique entre les protagonistes. Ce qui fait l'essence même du monologue.
Cette création est dans un rapport constant à la littéralité de l'œuvre où phrases humoristiques et ironiques sont mises en exergue et fait du style de l'auteur un élément essentiel à la représentation. Comme si Maupassant en était aussi le narrateur sur scène.
"Boule de Suif"
Texte : Guy de Maupassant.
Adaptation : André Salzet et Sylvie Blotnikas.
Mise en scène : Sylvie Blotnikas.
Avec : André Salzet.
Création Lumières : Ydir Acef.
Musique : César Franck.
Production : Compagnie Carpe Diem, Argenteuil.
Coréalisation : Théâtre Lucernaire.
Durée : 1 h.
Du 29 juin au 21 août 2022.
Du mercredi au samedi à 19 h, dimanche à 15 h 30.
Théâtre Lucernaire, Paris 6e, 01 45 44 57 34
>> lucernaire.fr
Adaptation : André Salzet et Sylvie Blotnikas.
Mise en scène : Sylvie Blotnikas.
Avec : André Salzet.
Création Lumières : Ydir Acef.
Musique : César Franck.
Production : Compagnie Carpe Diem, Argenteuil.
Coréalisation : Théâtre Lucernaire.
Durée : 1 h.
Du 29 juin au 21 août 2022.
Du mercredi au samedi à 19 h, dimanche à 15 h 30.
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