Dans sa mise en scène, Éric Ruf restitue l'atmosphère d'un palais au plus profond. Là où le monde extérieur entre à peine, où les bruits des événements sont assourdis, voire inexistants. Dans un garde-meuble, une antichambre. Comme au secret, dans une pénombre, un lacis d’armoires vides. Tout un champ du réel est occulté.
L’attention des protagonistes est sollicitée par une série d'incidents qui occupent le devant de la scène. Mus par leur désir, ou de pouvoir ou d'amour, ou simplement de changement, ils sont victimes de leurs illusions, leurs tergiversations qui n'empêchent même pas le déroulement de l'action principale. À peine esquissés, le complot et le mariage sont ratés. D'évidence.
Il n’est question au fond que d’une velléité, d’une hypothèse caressée, d'une manigance, d'une intrigue de couloir, d'un rêve avorté par la cécité, l'impuissance, la médiocrité des protagonistes.
L’attention des protagonistes est sollicitée par une série d'incidents qui occupent le devant de la scène. Mus par leur désir, ou de pouvoir ou d'amour, ou simplement de changement, ils sont victimes de leurs illusions, leurs tergiversations qui n'empêchent même pas le déroulement de l'action principale. À peine esquissés, le complot et le mariage sont ratés. D'évidence.
Il n’est question au fond que d’une velléité, d’une hypothèse caressée, d'une manigance, d'une intrigue de couloir, d'un rêve avorté par la cécité, l'impuissance, la médiocrité des protagonistes.
Cette vision peut paraître aride mais elle montre un profond et scrupuleux respect du texte. Dans ce monde, l'on tâtonne, l'on avance masqué, l'on se laisse aller à ses contradictions, ses incohérences. L'on est travaillé par les interactions des peurs et des espérances. La pièce avance par degrés instables.
Éric Ruf ne s'appuie que sur le texte mais l'effet-théâtre, qui est produit avec parcimonie, se lit sur les corps des comédiens. Tous sont tenus, sans échappatoire aucune, dans la répartition de leurs rôles respectifs. Jusqu'à leur instabilité voire leur discordance. Elle pourrait être un vaudeville pour un regard trop extérieur, une montée au calvaire pour un regard trop intérieur.
Cet aspect peut surprendre le spectateur mais celui-ci découvre une image unique, un instant éphémère. Celui de Clotilde de Bayser donnant corps à Roxane se drapant dans le rôle imaginaire de véritable héroïne de l'histoire, Roxane se rêvant impératrice. Acmé. Avant de disparaître. Moment pur. Bajazet est une œuvre musicale aux modalités complexes pour chaque personnage, avec Roxane au chant pur et le vizir Acomat (Denis Podalydès) à la basse continue.
Éric Ruf ne s'appuie que sur le texte mais l'effet-théâtre, qui est produit avec parcimonie, se lit sur les corps des comédiens. Tous sont tenus, sans échappatoire aucune, dans la répartition de leurs rôles respectifs. Jusqu'à leur instabilité voire leur discordance. Elle pourrait être un vaudeville pour un regard trop extérieur, une montée au calvaire pour un regard trop intérieur.
Cet aspect peut surprendre le spectateur mais celui-ci découvre une image unique, un instant éphémère. Celui de Clotilde de Bayser donnant corps à Roxane se drapant dans le rôle imaginaire de véritable héroïne de l'histoire, Roxane se rêvant impératrice. Acmé. Avant de disparaître. Moment pur. Bajazet est une œuvre musicale aux modalités complexes pour chaque personnage, avec Roxane au chant pur et le vizir Acomat (Denis Podalydès) à la basse continue.
Dans l’espace et le temps de la représentation, les comédiens mettent en valeur une montée chromatique d’ensemble par laquelle s'opère la torsion du corps et de la voix, qui fait du vide un plein propre à recueillir plaisir et sens.
Le spectateur est ainsi pris au filet d’un théâtre subtil. Un presque rien. Une vacuité d'action qui ne cherche qu’à pointer la résonance de l'intime, qu’à montrer la montée du théâtre au point sublime, au point tragique qui est celui du sacrifice du sujet. Quelque chose d’essentiel.
Le spectateur est ainsi pris au filet d’un théâtre subtil. Un presque rien. Une vacuité d'action qui ne cherche qu’à pointer la résonance de l'intime, qu’à montrer la montée du théâtre au point sublime, au point tragique qui est celui du sacrifice du sujet. Quelque chose d’essentiel.
"Bajazet"
Texte : Jean Racine.
Mise en scène et scénographie : Éric Ruf.
Avec : Alain Lenglet, Denis Podalydès, Clotilde de Bayser, Laurent Natrella, Anna Cervinka, Rebecca Marder et Cécile Bouillot.
Collaboration artistique : Claude Mathieu.
Assistanat à la mise en scène : Thomas Gendronneau.
Assistanat à la scénographie : Caroline Frachet, de l'Académie de la Comédie-Française.
Costumes : Renato Bianchi.
Lumières : Franck Thévenon.
Maquillages et coiffures : Catherine Bloquère.
Son : Dominique Bataille.
Du 5 avril au 7 mai 2017.
Mercredi au samedi à 20 h 30, mardi à 19 h, dimanche à 15 h.
Comédie-Française, Théâtre du Vieux-Colombier, Paris 6e, 01 44 58 15 15.
>> comedie-francaise.fr
Mise en scène et scénographie : Éric Ruf.
Avec : Alain Lenglet, Denis Podalydès, Clotilde de Bayser, Laurent Natrella, Anna Cervinka, Rebecca Marder et Cécile Bouillot.
Collaboration artistique : Claude Mathieu.
Assistanat à la mise en scène : Thomas Gendronneau.
Assistanat à la scénographie : Caroline Frachet, de l'Académie de la Comédie-Française.
Costumes : Renato Bianchi.
Lumières : Franck Thévenon.
Maquillages et coiffures : Catherine Bloquère.
Son : Dominique Bataille.
Du 5 avril au 7 mai 2017.
Mercredi au samedi à 20 h 30, mardi à 19 h, dimanche à 15 h.
Comédie-Française, Théâtre du Vieux-Colombier, Paris 6e, 01 44 58 15 15.
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