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Théâtre

Le roi Lear... spectacle pour acteur seul... Quand le récit devient légende !

16 au 25 septembre 2011, Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes, Charlevilles-Mézières, Ardennes

C’était à Charleville-Mézières un des nombreux bijoux théâtraux à découvrir et, pour le spectateur, rendu attentif aux seuls gestes et à l’intonation (le spectacle est en langue turkmène), un des plus puissants "Lear" auquel il lui ait été donné d’assister.



Anna Mele © Eric Didym.
Anna Mele © Eric Didym.
C’est en premier regard un comédien qui entre : un comédien ambulant en cote de maille de coton qui lui sert à la fois de haillons ou d’armure, une louche en bois et un pantin en sautoir. Un tapis pour tout barda. Dans son allure, son physique, il pourrait venir de l’antiquité grecque. Cela est troublant. Cet homme vient du passé et se présente. Confidence directe de l’homme en fuite ? Ou récit d’un témoin de passage ?

Le tapis est déroulé, un fatras de chiffons extirpé, quelques bout de bois… et c’est par le récit de l’homme seul qu’apparaissent tous les rôles, tous les épisodes et péripéties : le royaume divisé en trois parts, le rêve de paradis, la répudiation par les filles indignes, la révolte, l’errance et la fin .Le roi et le bouffon. Tous les rois, tous les bouffons. Il est Lear. Roi déchu roi ou comédien à la recherche de son double de gloire. Fantôme de lui-même ou fantoche à jamais.

Le comédien Anna Mele exprime et incarne avec une intensité et une force troublantes tous les possibles du rôle.

Anna Mele © DR.
Anna Mele © DR.
Son interprétation tout de verbe constituée engendre le conteur, le danseur, le chanteur, l’acteur. Ce théâtre rendu si concret, si simple par le biais de l’objet de l’art "marionnettique" est pourtant d’une complexité de jeu rare...

Il est celui de l’homme avec sa faim d’imaginaire, ses colères, ses lâchetés, ses séductions : sa gloire et son ridicule. II est un enfant perpétuel qui vit la sensation du décalage, déchiré entre la peur de la folie et celle de la mort. Qui dans la solitude éprouve le besoin de pouvoir des talismans et de la parole. Qui en découvre et en vérifie l’impuissance douloureuse dans le monde réel. Leur force pourtant dans le monde imaginaire. Là où les objets de bois ou de chiffons en fonction de l’avancement du récit font le lien, se chargent d’affects positifs ou négatifs installent la représentation. Et sa gloire immédiate.

Royal ? Glorieux ? Lear, par la grâce de ce comédien turkmène, il l’est à coup sûr, il le fut et l’est encore tant qu’il y aura des spectateurs pour accompagner le comédien. Héros habité par la force ou par la ruse, mû toujours par l’énergie et le rythme d’un derviche. Il fait de toute démesure art. Quand le récit devient légende. Art de l’acteur.

Rarement le théâtre de Shakespeare n’aura eu serviteur aussi précis.

"Le Roi Lear"

Anna Mele à Charleville-Mézières. © Jean Grapin.
Anna Mele à Charleville-Mézières. © Jean Grapin.
(Vu le 17 septembre 2011)
Par le Théâtre Awara (Turkménistan).
Texte : William Shakespeare.
Metteur en scène : Ovliakouly Khojakouly.
Avec : Anna Mele.
Durée : 1 heure. Tout public dès 12 ans.
Anna Mele est un acteur du théâtre national du Turkménistan (qui fut longtemps territoire interdit aux étrangers). Il est professeur à l’institut des marionnettes d’Askhabad.
Marionnettes fabriquées sur scène à partir de différents matériaux.
Spectacle en Turkmène, surtitré en français.

>> www.festival-marionnette.com

Jean Grapin
Mardi 20 Septembre 2011

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
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© Philippe Hanula.
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