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Théâtre

"Caverne" Des fresques rupestres, miroirs paléolithiques et originels de nos histoires relationnelles contemporaines

Questionner les liens pouvant exister entre le besoin de se raconter ou dessiner des histoires dans des grottes obscures au paléolithique (Lascaux, Chauvet, etc.) et celui de le faire aujourd'hui dans les boîtes noires que sont les théâtres… À partir de cette interrogation, le Collectif OS'O nous narre, avec "Caverne", des récits familiaux ou professionnels mettant en scène des personnages étant tous liés par un rapport direct avec l'étude de la préhistoire.



© Simon Gosselin.
© Simon Gosselin.
Au début est le noir total. Puis commence la visite de la grotte de Lascaux, en Dordogne, menée par Éliette, parée de son accent du sud-ouest et de sa lampe torche capricieuse. Conférencière dans l'âme, elle entraîne le public dans la caverne de Lascaux durant près d'un quart d'heure, donnant de multiples explications, mais ne pouvant s'empêcher de lancer des piques à des spectateurs non-initiés.

Cette découverte instructive est conçue comme le fil rouge du récit imaginé par le Collectif OS'O qui s'est inspiré de l'émotion que peut susciter les visites de Lascaux et Chauvet et de la sensation de proximité que l'on peut éprouver malgré les dizaines de milliers d’années qui nous séparent du Paléolithique. Ressenti alors comme un théâtre mystérieux, riche en êtres et en mondes disparus, en découvrant les images pariétales, pleines encore de vivacité par les mouvements représentés, il est possible d'inventer et/ou de concevoir les histoires anciennes qui furent racontées dans ces cavernes noires.

© Simon Gosselin.
© Simon Gosselin.
Ce "roman" préhistorique devient ainsi le prétexte pour conter trois récits contemporains qui s'articuleront autour de trois dessins pariétaux : "La licorne", "La scène du puits" et "Les bisons adossés". Ces narrations de la vie contemporaine ont en commun l'obsession pour la préhistoire des personnages modernes convoqués. L'exploration de la "grotte" devient alors un théâtre vivant où sont abordés des sujets sociaux et familiaux (père et fille, frère et sœur), professionnels (artiste et son commanditaire) sous forme de scènettes de la vie quotidienne.

Tout d'abord, pour "La licorne", nous faisons connaissance avec un préhistorien un peu dépassé qui se démène à la fois pour préparer sa conférence et pour sortir son adolescente de fille de la "caverne" qu’est devenue sa chambre. "La scène du puits" est, quant à elle, le théâtre du challenge – celui qui ne se présente qu'une fois dans une vie – auquel doit répondre une copiste et, bien sûr, le réussir : réaliser une reproduction de la fameuse scène du puits, dessin mythique de la grotte de Lascaux. Un défi qui connaît une difficulté imprévue : passer outre des experts bavards, donneurs de conseils, plus perturbateurs que constructifs.

© Simon Gosselin.
© Simon Gosselin.
Enfin, la séquence des "bisons adossés" met en scène une dispute entre un frère et une sœur que tout oppose. Elle, s'estimant spéléologue amatrice, à l'inverse de son frère, archéologue reconnu, à la notoriété avérée, tous deux se retrouvent coincés dans une grotte inconnue, se chicanent, puis finissent par se réconcilier autour de la découverte d’une gravure préhistorique.

À noter l'un des personnages, Martin, ayant l'allure d'un homme venu tout droit du Paléolithique Supérieur, mais parlant de manière contemporaine (pouvant faire penser à "Silex and the City", la bande dessinée créée par Jul). Celui-ci joue avec les idées préconçues sur la préhistoire, égratigne les clichés, intervenant en cassant le déroulement de la pièce à plusieurs reprises. Il fait les liaisons entre les séquences, allant jusqu'à signaler la fin d'un sketch, apportant du coup un certain rythme au texte.

Si cela nous a semblé manquer d'un fil conducteur, avec cette impression que rien n'est vraiment défini, force est de reconnaître que l'onirisme qui émerge, petit à petit, de la pièce donne au spectacle une dimension originale, créant ce lien particulier entre les origines de l'humanité, sa manière de vouloir laisser une trace et celle d'aujourd'hui perpétrant ce désir de récit, de narration, faisant de l'Homo Sapiens un Homo Narrans. Enfin, une distribution réussie, avec une interprétation juste et talentueuse de chaque comédienne et comédien, permet d'accrocher son attention aux thématiques abordées.
◙ Dominique Debeauvais

"Caverne"

© Simon Gosselin.
© Simon Gosselin.
Un spectacle conçu par le Collectif OS’O.
Dramaturgie et écriture : Olivia Barron, Vincent Toujas et Tom Linton.
Assistante mise en scène (en juin 2024) : Marie Tison.
Avec : Elsa Bosc, Roxane Brumachon, Bess Davies, Mathieu Ehrhard, Baptiste Girard, Shanee Krön et Tom Linton.
Scénographie : Hélène Jourdan.
Assistante scénographie et costumes (en septembre 2024) : Salomé Vandendriessche.
Lumières : Jérémie Papin.
Costumes : Aude Desigaux.
Création sonore et musique : Martin Hennart.
Maquillages : Carole Anquetil.
Régie générale et son : Benoit Lepage.
Régie lumière : Véronique Bridier.
Sculpture et décoration : Charlotte Wallet, Marie Maresca et Lisa Porteix.
Construction lit : Loïc Ferrié et Benoit Lepage.
Production : Coralie Harnois et Fabienne Signat.
Production déléguée : Collectif OS’O.
Spectacle conseillé à partir de 15 ans.
Durée : 2 h.

© Simon Gosselin.
© Simon Gosselin.
A été créé les 2 et 3 octobre 2024 à La Passerelle - Scène Nationale de Saint-Brieuc (22).
>> lapasserelle.info

Tournée
8 au 11 octobre 2024 : Le F.A.B., Blanquefort (33).
16 et 17 octobre 2024 : Théâtre de l’Union à Limoges (87).
22 novembre 2024 : Centre Simone Signoret, Canéjan (33).
3 et 4 février 2025 : L'Odyssée, Périgueux (24).
6 février 2025 : Centre Culturel, Sarlat (24).
11 février 2025 : Théâtre Ducourneau, Agen (47).
13 février 2025 : Théâtre Le Liburnia, Libourne (33).
18 février 2025 : Champ de Foire, Saint-André-de-Cubzac (33).
21 février 2025 : M270, Floirac (33).
31 mars et 1er avril 2025 : Théâtre du Champ au Roy, Guingamp (22).
3 et 4 avril ou 24 et 25 septembre 2025 : Méta, Poitiers (86).

Dominique Debeauvais
Jeudi 24 Octobre 2024

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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

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Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
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© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

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Gil Chauveau
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© Philippe Hanula.
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N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024