En milieu de scène, une cage vitrée. À l'intérieur Ayn Rand (1905-1982), Russe, naturalisée Américaine, qui affiche un anticommunisme déclaré et voue une admiration sans failles au capitalisme. Elle s'en est fait le chantre. Peu connue en dehors des États-Unis où le succès de ses livres est époustouflant (de l'ordre de plus du million pour les plus gros tirages) et l'engouement du public jamais démenti, elle est une icône de la vie américaine. Elle a même un timbre à son effigie. Son œuvre, traduite dans une vingtaine de langues, mélange œuvres philosophiques, romans et pièces de théâtre.
"La source vive" ("The fountainhead", 1943) et "La grève" ("Atlas shrugged", 1957) figurent parmi les livres les plus vendus aux États-Unis et, pour le second, pour les sondés, le plus influent après la Bible. Étonnamment peu connue en France, nombreux sont ses fervents admirateurs comme Ronald Reagan, Alan Greenspan, Donald Trump ou Vladimir Poutine. Son œuvre a connu un renouveau de vente juste après l'élection de Barack Obama.
Le portrait qu'en tire Mathieu Bauer est à l'image de sa pensée - appelée "Objectivisme" - qui a surtout été articulée par le biais de la fiction, dans lequel l'égoïsme, affublé de l'adjectif "rationnel", est vu comme une vertu et portée aux nues. L'altruisme, considérée comme un vice, est vilipendé. L'individualisme est une règle de vie où chacun doit vivre pour soi et par soi. La main invisible d'Adam Smith (1723-1790) n'est pas suffisante pour elle et la conception sacrificielle de soi ne trouve pas raison d'être.
Raciste à souhait, sans aucun humanisme dans ses propos, elle, qui est considérée comme la "déesse du capitalisme", a défendu mordicus à partir des années 1955-1960, le capitalisme du "laisser-faire" en lui apportant une "morale", un rationalisme, un habillage philosophique allant jusqu'à considérer les hommes d'affaires comme une population persécutée. Elle se targue d'avoir créé ce qui manquait à ce système économique, à savoir un récit.
Pour l'incarner ? Emma Liégeois. Remarquable, et le mot est bien faible. Dans son jeu, elle habite le personnage comme une main dans un gant. Chaque tressaillement, chaque battement de cils, chaque soupir, chaque sourire, quasi carnassier, respire l'auteure. Sa présence physique et vocale, de toute beauté quand elle chante, sont dans une gamme d'émotions qui oscillent entre abattement, rire nerveux, confidence et mégalomanie. Regard méprisant, de la jouissance transpire à chacun de ses propos quand elle parle, se raconte. Suffisance et morgue se dégagent systématiquement d'elle.
"La source vive" ("The fountainhead", 1943) et "La grève" ("Atlas shrugged", 1957) figurent parmi les livres les plus vendus aux États-Unis et, pour le second, pour les sondés, le plus influent après la Bible. Étonnamment peu connue en France, nombreux sont ses fervents admirateurs comme Ronald Reagan, Alan Greenspan, Donald Trump ou Vladimir Poutine. Son œuvre a connu un renouveau de vente juste après l'élection de Barack Obama.
Le portrait qu'en tire Mathieu Bauer est à l'image de sa pensée - appelée "Objectivisme" - qui a surtout été articulée par le biais de la fiction, dans lequel l'égoïsme, affublé de l'adjectif "rationnel", est vu comme une vertu et portée aux nues. L'altruisme, considérée comme un vice, est vilipendé. L'individualisme est une règle de vie où chacun doit vivre pour soi et par soi. La main invisible d'Adam Smith (1723-1790) n'est pas suffisante pour elle et la conception sacrificielle de soi ne trouve pas raison d'être.
Raciste à souhait, sans aucun humanisme dans ses propos, elle, qui est considérée comme la "déesse du capitalisme", a défendu mordicus à partir des années 1955-1960, le capitalisme du "laisser-faire" en lui apportant une "morale", un rationalisme, un habillage philosophique allant jusqu'à considérer les hommes d'affaires comme une population persécutée. Elle se targue d'avoir créé ce qui manquait à ce système économique, à savoir un récit.
Pour l'incarner ? Emma Liégeois. Remarquable, et le mot est bien faible. Dans son jeu, elle habite le personnage comme une main dans un gant. Chaque tressaillement, chaque battement de cils, chaque soupir, chaque sourire, quasi carnassier, respire l'auteure. Sa présence physique et vocale, de toute beauté quand elle chante, sont dans une gamme d'émotions qui oscillent entre abattement, rire nerveux, confidence et mégalomanie. Regard méprisant, de la jouissance transpire à chacun de ses propos quand elle parle, se raconte. Suffisance et morgue se dégagent systématiquement d'elle.
Un casque est proposé pour suivre le spectacle. Élément central du spectacle, l'organe vocal d'Emma Liégeois devient un média, sans filtre, presque envoûtant. Comme une voix intérieure ou un fantasme idéologique qui se fait entendre en aparté, mais qui disparaît, le casque retiré, à la vue de tous. Sans celui-ci, à dessein, le public entend à peine la comédienne.
Tout tourne autour de cette cage vitrée, en milieu de scène, où se tient, cigarette parfois au bec, Ayn Rand. Une seule fois, elle en sort. Les bras allongés, elle tourne sur elle-même, comme déséquilibrée puis chante avec une voie lyrique à couper le souffle. Autour d'elle, la musique apporte à ses propos du rythme, un souffle frais, agréable qui équilibre une pensée violente, rugueuse comme reflet de notre époque où l'extrémisme s'habille du vêtement du quidam et de propos ordinaires au détour d'une conversation.
Les musiciens, entendables avec ou sans masque, sont assis sur des bancs sur deux étages. Deux batteries sont côté jardin quand la guitare est au centre, les instruments à vent et à corde, de la contrebasse jusqu'au violon se partageant le reste des côtés. La musique accompagne de bout en bout la représentation. Elle est "LE" partenaire de jeu qui, au travers de différents tempos, suit la courbure des humeurs de la principale protagoniste.
Au moment où celle-ci parle de la subjugation qu'elle peut dégager ou du rôle des femmes supérieures devant se soumettre aux hommes d'exception, un interprète se lève pour effectuer avec elle une gestuelle synchronisée. Celle-ci n'est pas assez marquée, restant tiède par rapport aux propos de l'écrivaine. Bien que cela permette de casser une dynamique de jeu pour l'amener dans un deuxième souffle, si soumission, pourquoi une telle harmonie entre les deux ?
Le final est rythmé par le départ de tous les musiciens en file indienne effectuant, sauf pour quatre d'entre eux qui continuer à jouer de leur instrument à vent ou à cordes, une gestuelle des membres supérieurs avec une orientation du visage sur la gauche pour rester fixe ensuite, le regard tendu. Seule dans le noir, avec son mari Frank O'Connor (1897-1979) qui l'a rejoint entre-temps, Ayn Rand reste enfermée dans sa cage, le corps assoupi et la pensée éteinte. Mais pour combien de temps encore ?
Tout tourne autour de cette cage vitrée, en milieu de scène, où se tient, cigarette parfois au bec, Ayn Rand. Une seule fois, elle en sort. Les bras allongés, elle tourne sur elle-même, comme déséquilibrée puis chante avec une voie lyrique à couper le souffle. Autour d'elle, la musique apporte à ses propos du rythme, un souffle frais, agréable qui équilibre une pensée violente, rugueuse comme reflet de notre époque où l'extrémisme s'habille du vêtement du quidam et de propos ordinaires au détour d'une conversation.
Les musiciens, entendables avec ou sans masque, sont assis sur des bancs sur deux étages. Deux batteries sont côté jardin quand la guitare est au centre, les instruments à vent et à corde, de la contrebasse jusqu'au violon se partageant le reste des côtés. La musique accompagne de bout en bout la représentation. Elle est "LE" partenaire de jeu qui, au travers de différents tempos, suit la courbure des humeurs de la principale protagoniste.
Au moment où celle-ci parle de la subjugation qu'elle peut dégager ou du rôle des femmes supérieures devant se soumettre aux hommes d'exception, un interprète se lève pour effectuer avec elle une gestuelle synchronisée. Celle-ci n'est pas assez marquée, restant tiède par rapport aux propos de l'écrivaine. Bien que cela permette de casser une dynamique de jeu pour l'amener dans un deuxième souffle, si soumission, pourquoi une telle harmonie entre les deux ?
Le final est rythmé par le départ de tous les musiciens en file indienne effectuant, sauf pour quatre d'entre eux qui continuer à jouer de leur instrument à vent ou à cordes, une gestuelle des membres supérieurs avec une orientation du visage sur la gauche pour rester fixe ensuite, le regard tendu. Seule dans le noir, avec son mari Frank O'Connor (1897-1979) qui l'a rejoint entre-temps, Ayn Rand reste enfermée dans sa cage, le corps assoupi et la pensée éteinte. Mais pour combien de temps encore ?
"Femme Capital"
D'après "Ayn Rand : Femme Capital" de Stéphane Legrand (aux éditions Nova).
Mise en scène et décors : Mathieu Bauer.
Assistant à la mise en scène : Anne Soisson.
Conception, musique : Sylvain Cartigny.
Avec : Emma Liégeois, Clément Barthelet.
Et l'Orchestre de spectacle du Nouveau théâtre de Montreuil : Blaise Cardon-Mienville, Joseph Cartigny, Orane Culeux, Lili Gomond, Tommy Haullard, Zacharie Hitter, Nils Kassap-Dhelin, Lilli Lacombe, Marc Lebeau, Steve Matingu Nsukami, Fania Morange, Lolita Morange, Jonas Thierry, Bob Voisembert, Nicolas Vouktchevitch.
Création son : Alexis Pawlak.
Création costumes : Nathalie Saulnier.
Création lumière : William Lambert.
Régie générale et vidéo : Florent Fouquet.
Contruction : Julien Joubert.
Production Nouveau théâtre de Montreuil - CDN.
Durée : 1 h.
Du 2 au 10 décembre 2021.
Jeudi à 20 h, vendredi 3 à 21 h, vendredi 10 à 20 h. Relâche du samedi au mercredi.
Nouveau Théâtre de Montreuil, Salle Jean-Pierre Vernant, Montreuil (93), 01 48 70 48 90.
>> nouveau-theatre-montreuil.com
Mise en scène et décors : Mathieu Bauer.
Assistant à la mise en scène : Anne Soisson.
Conception, musique : Sylvain Cartigny.
Avec : Emma Liégeois, Clément Barthelet.
Et l'Orchestre de spectacle du Nouveau théâtre de Montreuil : Blaise Cardon-Mienville, Joseph Cartigny, Orane Culeux, Lili Gomond, Tommy Haullard, Zacharie Hitter, Nils Kassap-Dhelin, Lilli Lacombe, Marc Lebeau, Steve Matingu Nsukami, Fania Morange, Lolita Morange, Jonas Thierry, Bob Voisembert, Nicolas Vouktchevitch.
Création son : Alexis Pawlak.
Création costumes : Nathalie Saulnier.
Création lumière : William Lambert.
Régie générale et vidéo : Florent Fouquet.
Contruction : Julien Joubert.
Production Nouveau théâtre de Montreuil - CDN.
Durée : 1 h.
Du 2 au 10 décembre 2021.
Jeudi à 20 h, vendredi 3 à 21 h, vendredi 10 à 20 h. Relâche du samedi au mercredi.
Nouveau Théâtre de Montreuil, Salle Jean-Pierre Vernant, Montreuil (93), 01 48 70 48 90.
>> nouveau-theatre-montreuil.com