Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.
Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.
Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.
Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.
Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.
Et pourtant, ce monticule, qui peut être obstacle ou estrade, même s'il est peu utilisé, est aussi, par sa matière, lieu de déperdition, d'un ailleurs où ne s'ancre pas une origine bien définie. Sable, terre, ou gravillons, on ne sait précisément et il peut être ainsi perçu dans toutes ses latitudes géographiques. D'une texture dure, molle ou flasque, il peut également être appréhendé de différentes manières selon l'optique que le spectateur veut lui faire prendre.
Certaines scènes montrent notre protagoniste habillé dans un joli costume, comme s'il était dans un autre espace-temps, réel ou fictif, passé ou rêvé. Il y a aussi une vidéo où un pré-adolescent joue en famille au foot et où il en parle comme son fils. Et cependant, ce visage, si jeune, mais qui lui ressemble tant, n'est-ce pas lui également ? Est-ce le père ou le fils qui parle ? Ou les deux ?
C'est aussi et avant tout le lien entre deux rives, la France et l'Algérie, qui est mis en avant. Le texte d'Émilie Frèche est dans un éternel entre-deux avec un caractère dont on ignore son nom, son état civil, l'endroit d'où il parle, l'époque où se déroulent son récit et son statut social. Dans ce réseau d'intersections multiples où tout se recoupe, le spectateur a la liberté de choisir la trajectoire que lui offre un homme qui parle de sa vie sans en définir les contours, comme pour le laisser en être un peu le co-narrateur silencieux.
La mise en scène de Marie-Christine Orry ouvre le récit dans une narration où le théâtre, au-delà de la scénographie, est le tégument visible et omniprésent du jeu. On y découvre ainsi une séquence vidéo et l'action de la régie respectivement commentée et commandée par le personnage qui devient ainsi comédien. Le théâtre dans le théâtre est l'élément important d'un fil narratif qui devient pluriel, oscillant entre plusieurs ruptures de jeu d'un protagoniste qui livre deux visages sociaux, l'un appauvri, l'autre bien établi socialement, à la fois perdu et ayant élu domicile dans un lieu qui ressemble autant à une lande déserte et esseulée qu'à un chantier en construction.
Ainsi, dans ce carrefour où se mêlent passé et présent, fable et vérité, l'ici et l'ailleurs, dénuement et richesse, force et faiblesse, vigueur et hésitations, Sami Bouajila incarne avec talent tous ces visages de vie en donnant à son personnage une force autant intérieure qu'extérieure. Une belle pièce portée par une superbe prestation.
Certaines scènes montrent notre protagoniste habillé dans un joli costume, comme s'il était dans un autre espace-temps, réel ou fictif, passé ou rêvé. Il y a aussi une vidéo où un pré-adolescent joue en famille au foot et où il en parle comme son fils. Et cependant, ce visage, si jeune, mais qui lui ressemble tant, n'est-ce pas lui également ? Est-ce le père ou le fils qui parle ? Ou les deux ?
C'est aussi et avant tout le lien entre deux rives, la France et l'Algérie, qui est mis en avant. Le texte d'Émilie Frèche est dans un éternel entre-deux avec un caractère dont on ignore son nom, son état civil, l'endroit d'où il parle, l'époque où se déroulent son récit et son statut social. Dans ce réseau d'intersections multiples où tout se recoupe, le spectateur a la liberté de choisir la trajectoire que lui offre un homme qui parle de sa vie sans en définir les contours, comme pour le laisser en être un peu le co-narrateur silencieux.
La mise en scène de Marie-Christine Orry ouvre le récit dans une narration où le théâtre, au-delà de la scénographie, est le tégument visible et omniprésent du jeu. On y découvre ainsi une séquence vidéo et l'action de la régie respectivement commentée et commandée par le personnage qui devient ainsi comédien. Le théâtre dans le théâtre est l'élément important d'un fil narratif qui devient pluriel, oscillant entre plusieurs ruptures de jeu d'un protagoniste qui livre deux visages sociaux, l'un appauvri, l'autre bien établi socialement, à la fois perdu et ayant élu domicile dans un lieu qui ressemble autant à une lande déserte et esseulée qu'à un chantier en construction.
Ainsi, dans ce carrefour où se mêlent passé et présent, fable et vérité, l'ici et l'ailleurs, dénuement et richesse, force et faiblesse, vigueur et hésitations, Sami Bouajila incarne avec talent tous ces visages de vie en donnant à son personnage une force autant intérieure qu'extérieure. Une belle pièce portée par une superbe prestation.
"Un Prince"
Texte : Émilie Frèche.
Mise en scène : Marie-Christine Orry, assistée d'Olivier Brillet.
Avec : Sami Bouajila.
Scénographie : Jean-Pierre Laporte.
Costumes : Pascal Vervloet.
Lumières : Zizou.
Son : Richard Stradiotti.
Maquillage : Emma Chicotot.
Durée : 1 h 10.
Du 24 janvier au 28 avril 2024.
Du mercredi au samedi à 20 h 30, dimanche à 16h.
Comédie des Champs Elysées, Paris 8e, 01 53 23 99 19.
>> comediedeschampselysees.com
Mise en scène : Marie-Christine Orry, assistée d'Olivier Brillet.
Avec : Sami Bouajila.
Scénographie : Jean-Pierre Laporte.
Costumes : Pascal Vervloet.
Lumières : Zizou.
Son : Richard Stradiotti.
Maquillage : Emma Chicotot.
Durée : 1 h 10.
Du 24 janvier au 28 avril 2024.
Du mercredi au samedi à 20 h 30, dimanche à 16h.
Comédie des Champs Elysées, Paris 8e, 01 53 23 99 19.
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