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Avignon 2023

•Off 2023• "Braconniers" Tendre délicatement l'oreille pour découvrir ces existences en marche

Au Zimbabwe, dans le sud de l'Afrique, Humba, le rhinocéros de Paul Wright est abattu par des braconniers au sein de sa réserve privée. La lutte contre les braconniers devient pour lui une affaire personnelle. Au même moment, James Ngobo cherche des réponses après le meurtre de son fils. Deux pères, deux cultures, deux générations, quatre destins s'entremêlent sur fond d'apartheid dans cette partie de l'Afrique subsaharienne où règnent l'espoir et le désespoir. La vengeance sera-t-elle un soulagement sur ces pistes des terres rouges et du soleil accablant ?



© Olivier Padre.
© Olivier Padre.
"Tout a commencé par un livre qui raconte l'histoire d'un ranger en Afrique du Sud qui a risqué sa vie pour récupérer le dernier rhinocéros blanc dans la jungle hostile du Congo. Mais, malheureusement, je n'ai jamais réussi à obtenir les droits. Mon désir était de parler de cette espèce menacée et fragile que l'on massacre et de l'exploitation cruelle que l'on en fait. Mais je ne voulais pas que mon spectacle soit à l'image d'"Out of Africa", du "Roi lion", de "Blood Diamon" ou de "Tarzan" parce que ces films-là, ce n'est pas l'Afrique que je connais et où j'ai vécu". Ainsi s'exprime Éric Bouvron, écrivain, metteur en scène, comédien et chorégraphe récompensé du meilleur comédien du Théâtre privé en 2016 pour son adaptation des "Cavaliers" de Joseph Kessel.

Dans cette magnifique scène ouverte du jardin du Théâtre des Halles, nous avons eu la chance immense d'assister à une avant-première du spectacle le 5 juillet. Le festival était encore à ses balbutiements, la nuit était tombée et les rares spectateurs et spectatrices ont été accueillis(es) par une bien jolie mélodie aux accents et aux paroles africaines que les comédiens nous ont invitées à fredonner…

© Olivier Padre.
© Olivier Padre.
En un millième de seconde, les pins du jardin des Halles se transforment en palmeraie et les pelouses en savane africaine. Comment cette magie s'est-elle opérée aussi vite ?
Dès lors, tout commence très vite. Une prise de parole par Yannis Baraban, l'un des comédiens qui, dès les premiers instants, nous fixe droit dans les yeux et, comme une traînée de poudre, le spectateur est embarqué sans répit dans un récit profondément humain et poignant.
"Pour mes créations, j'ai besoin de me rendre sur place, d'aborder les cultures que je découvre pour être le plus authentique possible" (sic).

Ça se sent sur le plateau. Pas d'artifices dans le propos, mais une impression de vécu profond s'installe immédiatement et inonde le spectateur sans le lâcher une seconde. Parce qu'Éric Bouvron sait de quoi il parle dans ce spectacle, lui qui a grandi en Afrique du Sud et pour qui les rencontres et les nombreux voyages nourrissent l'ensemble de ses créations théâtrales.

Avec "Braconniers", on y est au Zimbabwe ! Dans la nuit avignonnaise déjà tombée, on le sent pourtant le soleil accablant sur nos épaules, on est en immersion XXL-3D sur les pistes de sable rouge et l'on roule, on roule en trombe au volant du 4x4 vrombissant que conduit tantôt le personnage principal, Paul Wright, interprété de façon magistrale par Yannis Baraban ou par, Cyntia, sa fille, interprétée par Aurélia Poirier, remarquable comédienne dont on sent déjà un grand professionnalisme malgré son jeune âge. Jouer aux côtés d'Alexis Michalik apporte sans doute beaucoup. Entre autres…

© Olivier Padre.
© Olivier Padre.
Une magnifique composition musicale et sound design réalisée par Romain Trouillet participe encore plus à nous projeter dans la jungle aux côtés des babouins bavards, des rhinocéros, du feu de bois, des pistes défoncées de la savane et du lodge qu'il faut soigner pour les touristes.
À noter ce très très beau moment de spectacle où le temps est suspendu. Celui où Jean-Erns Marie-Louise, le comédien interprétant James Ngobo, évoque la légende de ce dernier et nous explique pourquoi, précisément, les rhinocéros sont gris.

Ou encore celui où Francis Bolela, interprétant Lindelani, le fils révolté, incarne un homme blanc qui craint d'être harcelé par les Noirs. Une mention particulière pour le jeu exceptionnel de ce comédien.

Il en est ainsi parfois du théâtre… Il nous emporte et nous subjugue.
Mais l'écriture d'Éric Bouvron va plus loin, beaucoup plus loin. Derrière l'évocation notoire du problème des tueries cruelles des rhinocéros, elle convoque aussi la question de l'apartheid qui a laissé des séquelles notoires bien présentes, de la société sud-africaine, des relations intergénérationnelles, du racisme, de l'écologie et de la cause animale.

© Éric Bouvron.
© Éric Bouvron.
La présence harmonieusement entraînante et toute en douceur du violon de Raphaël Maillet – le "fiddle" plus exactement, un violon plus traditionnel que le violon classique – participe à faire de ce spectacle un moment de grâce théâtrale malgré la violence des actions et des rapports humains qui nous sont présentés. Il le sublime, tout simplement.

"10 kg de cornes de rhinocéros : 90 000 dollars. C'est un joli pactole, n'est-ce pas !".
Avec simplement quelques caisses rouges de bouteilles vides, une petite roue de vélo faisant office de volant, des changements de vêtements à vue par les comédiens, un mannequin très réaliste représentant le jeune braconnier tué par Paul Wright et une scénographie taillée au cordeau par les comédiens et la comédienne, Éric Bouvron parvient à prendre le public comme confident en lui proposant de tendre l'oreille délicatement vers ce qu'il a à nous transmettre et de découvrir ces existences en marche qui pourraient être les nôtres.

Puisse Éric Bouvron repartir encore et encore vers d'autres contrées pour nous ramener des instants de théâtre semblables et interroger le public sur la nécessité intrinsèque de celui-ci. Après le désert de Nabib avec les Bushmen, la banquise avec les Inuits, les steppes Ouzbek, la Mongolie, la Crète, les USA, la Jordanie et l'Île de la Réunion, où nous emportera t-il prochainement ?
Nous sommes impatients(es) de le découvrir…

"Braconniers"

© Éric Bouvron.
© Éric Bouvron.
Texte : Éric Bouvron en co-écriture avec Benjamin Penamaria.
Mise en scène et scénographie : Éric Bouvron.
Assistante à la mise en scène : Eléna Michielin.
Avec : Yannis Baraban, Mexianu Medenou en alternance avec Francis Bolela, Jean-Erns Marie-Louise, Aurélia Poirier.
Musique en scène : Marie-Anne Favreau.
Lumière : Romain Titinsnaider.
Création musique et effets sonores : Romain Trouillet.
Costumes : Nadège Bulfay.
Une production Barefoot.
À partir de 10 ans.
Durée : 1 h 35.

•Avignon Off 2023•
Du 7 au 26 Juillet 2023.
Tous les jours à 21 h 30. Relâche le jeudi.
Théâtre des Halles, Jardin, 22, rue du Roi René, Avignon.
Réservations : 04 32 76 24 51.
>> theatredeshalles.com

Brigitte Corrigou
Dimanche 9 Juillet 2023

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Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
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© Betül Balkan.
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On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

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