Après dix années de travail à la tête de l'orchestre de l'Opéra de Paris (avec un contrat courant jusqu'à la fin de la saison prochaine), le suisse Philippe Jordan peut être à quarante-cinq ans très satisfait. Fils du chef Armin Jordan mais redevable à lui seul de son irrésistible carrière, le directeur musical de l'Opéra de Paris a plus que démontré, toutes ces années, son énorme talent, son intelligence aiguë des œuvres (il suffit de l'écouter en master-classe), son humanisme serein et sa rare capacité de travail avec les meilleures phalanges du monde.
Également directeur musical des Wiener Symphoniker depuis 2014, il a légitimement gagné le Prix du Meilleur Chef d'Orchestre aux International Opera Awards 2017. Avant son départ à l'Opéra de Vienne comme successeur de Gustav Mahler, Richard Strauss et Herbert von Karajan, il aura construit un beau parcours dans les meilleures maisons d'opéra du monde. Mais c'est à Paris qu'il aura consacré son don exceptionnel.
Également directeur musical des Wiener Symphoniker depuis 2014, il a légitimement gagné le Prix du Meilleur Chef d'Orchestre aux International Opera Awards 2017. Avant son départ à l'Opéra de Vienne comme successeur de Gustav Mahler, Richard Strauss et Herbert von Karajan, il aura construit un beau parcours dans les meilleures maisons d'opéra du monde. Mais c'est à Paris qu'il aura consacré son don exceptionnel.
Il aura, en dix ans, abordé tous les répertoires, obtenu la faveur critique et publique tant dans la fosse qu'avec des enregistrements réalisés avec son orchestre parisien ; il aura fait évoluer ce dernier pour le meilleur en termes de discipline, d'homogénéité et de luxuriance des couleurs. On pouvait d'ailleurs encore le vérifier à la Philharmonie cette semaine dans un concert dédié à Debussy et Prokofiev, compositeurs dont il aura gravé respectivement le "Pelléas" et la Symphonie n°1 avec ladite phalange parisienne - qu'il n'aura eu de cesse de hisser au tout premier rang. Sa recette ? Créer selon ses propres mots "une osmose de travail" sur la durée.
En première partie, le chef suisse a choisi les "Images pour orchestre" de Claude Debussy composées entre 1903 et 1907, faisant preuve de son habituel sens de la précision et de la clarté. L'orchestre montre son sens de la discipline, mais aussi une grande fluidité tant dans les scansions dansantes des "Gigues" que dans la couleur locale évocatrice de "Iberia" - avec ses rythmes à 8/3 typiques de Sévillanne ou encore ceux à 2/4 d'Habanera.
Triptyque remarquable, cette "Iberia" impose sa structure dynamique et rythmique complexe et ses climats variés, permettant de mettre en avant tous les pupitres ainsi que des solos caractéristiques (dont le hautbois d'amour et le violon). Avec les "Rondes de printemps" l'orchestre montre toujours une plaisante alacrité, rendant encore justice à la liberté de la phrase mélodique debussyste. Tout juste regrette-t-on une petite absence d'ivresse, celle d'un matin de printemps renaissant après l'hiver.
En première partie, le chef suisse a choisi les "Images pour orchestre" de Claude Debussy composées entre 1903 et 1907, faisant preuve de son habituel sens de la précision et de la clarté. L'orchestre montre son sens de la discipline, mais aussi une grande fluidité tant dans les scansions dansantes des "Gigues" que dans la couleur locale évocatrice de "Iberia" - avec ses rythmes à 8/3 typiques de Sévillanne ou encore ceux à 2/4 d'Habanera.
Triptyque remarquable, cette "Iberia" impose sa structure dynamique et rythmique complexe et ses climats variés, permettant de mettre en avant tous les pupitres ainsi que des solos caractéristiques (dont le hautbois d'amour et le violon). Avec les "Rondes de printemps" l'orchestre montre toujours une plaisante alacrité, rendant encore justice à la liberté de la phrase mélodique debussyste. Tout juste regrette-t-on une petite absence d'ivresse, celle d'un matin de printemps renaissant après l'hiver.
Avec la musique du ballet "Roméo et Juliette", composée en 1935 par Sergueï Prokofiev, l'orchestre nous offre après l'entracte un théâtre sans pareil. Choisissant un parcours très cohérent parmi les numéros des Suites n°1 et 2 mélangées - et même un extrait de la Suite numéro 3, réécriture et invention plus tardives de 1944 - avec ces scènes formant une grande partition due à la troisième période (soviétique) du compositeur, le chef offre un véritable festin opératique. Les quatorze extraits de cette œuvre, conjuguant retour à la tonalité classique et recours à l'originalité harmonique des partitions antérieures expressionnistes, ravissent en un somptueux voyage.
En effet, dès la célèbre introduction de la 2e Suite "Montaigus et Capulets" choisie pour ouvrir cette deuxième partie de soirée, l'impérieuse et riche vision de Philippe Jordan captive, empoignant le spectateur pour ne plus le lâcher. Dans les treize numéros qui suivront, le raffinement ("Madrigal") le disputera à la noblesse ("Menuet"), l'hédonisme puis l'envolée extatique ("Roméo et Juliette, Scène du balcon") à la fraîcheur ("Juliette, jeune fille"), l'ardente passion à la grâce ("Danse des jeunes filles des Antilles") avec un sens du crescendo dramatique, de la couleur, de l'agogique du récit et de la vitalité mélodique extraordinaires. Une belle soirée donc démontrant une fois de plus l'excellence de cette collaboration, cette alchimie unique entre un orchestre transcendant et un chef aussi élégant que passionné.
9 décembre à 20 h.
Dans la Grande Nef du Musée d'Orsay (même programme).
>> Musée d'Orsay Concerts du soir.
Jusqu'au 26 décembre 2019.
"Le Prince Igor" d'A. Borodine.
À l'Opéra national de Paris (Bastille).
>> operadeparis.fr
>> philippe-jordan.com
En effet, dès la célèbre introduction de la 2e Suite "Montaigus et Capulets" choisie pour ouvrir cette deuxième partie de soirée, l'impérieuse et riche vision de Philippe Jordan captive, empoignant le spectateur pour ne plus le lâcher. Dans les treize numéros qui suivront, le raffinement ("Madrigal") le disputera à la noblesse ("Menuet"), l'hédonisme puis l'envolée extatique ("Roméo et Juliette, Scène du balcon") à la fraîcheur ("Juliette, jeune fille"), l'ardente passion à la grâce ("Danse des jeunes filles des Antilles") avec un sens du crescendo dramatique, de la couleur, de l'agogique du récit et de la vitalité mélodique extraordinaires. Une belle soirée donc démontrant une fois de plus l'excellence de cette collaboration, cette alchimie unique entre un orchestre transcendant et un chef aussi élégant que passionné.
9 décembre à 20 h.
Dans la Grande Nef du Musée d'Orsay (même programme).
>> Musée d'Orsay Concerts du soir.
Jusqu'au 26 décembre 2019.
"Le Prince Igor" d'A. Borodine.
À l'Opéra national de Paris (Bastille).
>> operadeparis.fr
>> philippe-jordan.com