Ce voyage n'aura finalement pas lieu, faute de financement, mais aussi à cause de la chute du mur de Berlin. Cette quête avortée emportera pourtant l'auteur Martin Mongin et il décide de partir à la recherche de ses anciens membres et d'en faire un objet d'enquête. Plus de trente ans après, Simon Gauchet, ses autrices et auteurs partent sur les traces de cette expédition. Ils et elles parcourent aussi bien le réel que le temps et les rêves… Leur quête les rapproche inexorablement de la cité engloutie.
J'étais impatiente de retrouver sur scène les comédiens et comédiennes de l'École Parallèle Imaginaire (EPI) tant leur spectacle précédent, le Beau Monde, m'avait séduite. Il y était question de redécouvrir la beauté de notre XXIe siècle, de sonder sa mémoire sans oublier l'oubli qui y est nécessairement attenant. Ce nouveau spectacle, quant à lui, est un véritable voyage métaphysique au cœur de l'intime, de l'inconscient collectif et de ce qui est enfoui en nous et hors de nous, le tout, à travers le mystère de l'Atlantide et, tout compte fait, de l'idée de mémoire surtout… Au terme de la représentation, il se pourrait bien que le propos de cette dernière se poursuive longtemps dans les rêves des spectatrices et spectateurs…
J'étais impatiente de retrouver sur scène les comédiens et comédiennes de l'École Parallèle Imaginaire (EPI) tant leur spectacle précédent, le Beau Monde, m'avait séduite. Il y était question de redécouvrir la beauté de notre XXIe siècle, de sonder sa mémoire sans oublier l'oubli qui y est nécessairement attenant. Ce nouveau spectacle, quant à lui, est un véritable voyage métaphysique au cœur de l'intime, de l'inconscient collectif et de ce qui est enfoui en nous et hors de nous, le tout, à travers le mystère de l'Atlantide et, tout compte fait, de l'idée de mémoire surtout… Au terme de la représentation, il se pourrait bien que le propos de cette dernière se poursuive longtemps dans les rêves des spectatrices et spectateurs…
"La création "La Grande Marée" est constituée de deux spectacles : le premier a lieu sur la scène avec des actrices et des acteurs bien réels(elles). Le deuxième, le vrai, a lieu la nuit qui suit, dans les rêves du public", EPI.
Pour bâtir ce spectacle, les comédiennes et comédiens ont œuvré à mettre en place sept "immersions" entre janvier 2022 et septembre 2023. Temps de "dramaturgie incarnée", ces immersions résidences ont fait naître des expériences et des souvenirs communs, mais, surtout, une façon d'écrire du théâtre en marchant sur les rochers entre le Cap Fréhel, la baie du Mont-Saint-Michel, le site mégalithique de Saint-Just, la caldeira de Santorin, la barre d'Etel, la grotte de Cougnac ou encore la plaine de Crau.
Un projet ambitieux, à n'en point douter, mais rien ne semble pouvoir arrêter les initiatives de l'EPI dont le processus singulier de création questionne nos capacités d'imagination, nos rituels communs et nos territoires mentaux "géographiques", en faisant s'entrechoquer de façon subtile et hautement créatrice réalité et fiction.
C'est la grande créativité présente dans le spectacle précédent, "Le Beau Monde", qui m'avait déjà séduite et ce nouveau spectacle n'est pas en reste. Il commence par l'évocation de rêves que la troupe aurait fait la nuit précédant le spectacle et dont l'évocation, avant chaque répétition, était devenue un rituel… à moins que ce ne soit ceux de quelques membres du public, car un numéro de téléphone disponible sur le programme permet d'appeler et de les raconter. Démarche originale, s'il en est, mais, encore une fois, avec ces amis de l'EPI, tout est décidément possible dès lors qu'il s'agit de transmission et de partage !
Pour bâtir ce spectacle, les comédiennes et comédiens ont œuvré à mettre en place sept "immersions" entre janvier 2022 et septembre 2023. Temps de "dramaturgie incarnée", ces immersions résidences ont fait naître des expériences et des souvenirs communs, mais, surtout, une façon d'écrire du théâtre en marchant sur les rochers entre le Cap Fréhel, la baie du Mont-Saint-Michel, le site mégalithique de Saint-Just, la caldeira de Santorin, la barre d'Etel, la grotte de Cougnac ou encore la plaine de Crau.
Un projet ambitieux, à n'en point douter, mais rien ne semble pouvoir arrêter les initiatives de l'EPI dont le processus singulier de création questionne nos capacités d'imagination, nos rituels communs et nos territoires mentaux "géographiques", en faisant s'entrechoquer de façon subtile et hautement créatrice réalité et fiction.
C'est la grande créativité présente dans le spectacle précédent, "Le Beau Monde", qui m'avait déjà séduite et ce nouveau spectacle n'est pas en reste. Il commence par l'évocation de rêves que la troupe aurait fait la nuit précédant le spectacle et dont l'évocation, avant chaque répétition, était devenue un rituel… à moins que ce ne soit ceux de quelques membres du public, car un numéro de téléphone disponible sur le programme permet d'appeler et de les raconter. Démarche originale, s'il en est, mais, encore une fois, avec ces amis de l'EPI, tout est décidément possible dès lors qu'il s'agit de transmission et de partage !
Puis, dans un second temps, le spectacle va se centrer sur le mythe de l'Atlantide de façon fragmentée et hautement jouissive pour le public qui prend un plaisir notoire à l'évocation de ce dernier. La scénographie offre des manipulations à vue, fluides et ingénieuses, orchestrées par les quatre comédiennes et comédiens, épaulés(es) aussi par un régisseur machiniste, notamment celles des toiles de décors immenses, hissées telles des voiles de bateaux et flottant de manière très harmonieuses au-dessus du plateau.
C'est exceptionnellement beau et rien n'interrompt le récit pourtant morcelé dans lequel le public pourrait se perdre. Cela aurait pu être le cas tant le spectacle vogue ici et là, à la fois entre cette évocation de la disparition de l'Atlantide, la rencontre entre Dietrich Kamper et la journaliste Brigitte Salino qui aurait écrit un article dans Le Monde autour de l'expédition, le passage interprété avec grande poésie par la comédienne Cléa Laizé dans la plaine de Crau, la bien jolie imagerie d'une exploration souterraine, casques et lampes frontales sur la tête ou, encore, celle hautement remarquable des animaux aquatiques.
Notons ici, la prouesse toute particulière de Rémi Fortin dont j'avais déjà repéré le talent dans les pantomimes des animaux de la jungle du Beau Monde. Ce comédien vit littéralement son art corps et âme, jusqu'au bout des ongles. C'en est impressionnant, mais tellement naturel.
C'est exceptionnellement beau et rien n'interrompt le récit pourtant morcelé dans lequel le public pourrait se perdre. Cela aurait pu être le cas tant le spectacle vogue ici et là, à la fois entre cette évocation de la disparition de l'Atlantide, la rencontre entre Dietrich Kamper et la journaliste Brigitte Salino qui aurait écrit un article dans Le Monde autour de l'expédition, le passage interprété avec grande poésie par la comédienne Cléa Laizé dans la plaine de Crau, la bien jolie imagerie d'une exploration souterraine, casques et lampes frontales sur la tête ou, encore, celle hautement remarquable des animaux aquatiques.
Notons ici, la prouesse toute particulière de Rémi Fortin dont j'avais déjà repéré le talent dans les pantomimes des animaux de la jungle du Beau Monde. Ce comédien vit littéralement son art corps et âme, jusqu'au bout des ongles. C'en est impressionnant, mais tellement naturel.
Au terme du spectacle, comme déjà mentionné plus haut, "La Grande Marée" ne quitte pas la mémoire du spectateur ni de la spectatrice, tant il soulève, par l'écriture brillante de Martin Mongin, la force inébranlable de notre inconscient collectif, notre besoin paradoxal de penser la fin du monde via indirectement le mythe de l'Atlantide, ou encore notre besoin d'imaginaire. "L'Art, c'est l'imaginaire (…). Le Voyage, on peut le faire en deçà, il faut aller le chercher ailleurs et il peut engendrer les rêves. Il y a les livres pour se souvenir et si notre mémoire en disait davantage ?". Ce à quoi, nous pourrions rajouter : "et notre capacité d'oublier ?".
En tout cas, je ne suis pas prête d'oublier cette expédition théâtrale programmée au Théâtre de la Bastille jusqu'au 24 novembre, admirablement pensée et mise en scène par Simon Gauchet. Parions que ses origines bretonnes et son passage au TNB et les Beaux-Arts de Rennes lui ont insufflé un mental de granit et une foi bien assise dans l'idée que nous avons sans doute toutes et tous une Atlantide en nous et que, peut-être, vivre notre petite vie, c'est précisément tenter de le découvrir.
La Grande Marée est, à bien y regarder, une virevoltante allégorie de ce qui peut être enfoui en chacun d'entre nous et "s'il y a des choses qu'on fait dans la vie qui n'ont aucun écho", gageons que ce spectacle exceptionnel à plusieurs niveaux aura de nombreux échos pendant longtemps auprès de ceux et celles qui auront eu la chance de pouvoir y assister !
En tout cas, je ne suis pas prête d'oublier cette expédition théâtrale programmée au Théâtre de la Bastille jusqu'au 24 novembre, admirablement pensée et mise en scène par Simon Gauchet. Parions que ses origines bretonnes et son passage au TNB et les Beaux-Arts de Rennes lui ont insufflé un mental de granit et une foi bien assise dans l'idée que nous avons sans doute toutes et tous une Atlantide en nous et que, peut-être, vivre notre petite vie, c'est précisément tenter de le découvrir.
La Grande Marée est, à bien y regarder, une virevoltante allégorie de ce qui peut être enfoui en chacun d'entre nous et "s'il y a des choses qu'on fait dans la vie qui n'ont aucun écho", gageons que ce spectacle exceptionnel à plusieurs niveaux aura de nombreux échos pendant longtemps auprès de ceux et celles qui auront eu la chance de pouvoir y assister !
"La Grande Marée"
Création 2023.
Texte : Martin Mongin.
Conception : Simon Gauchet.
Assistante à la mise en scène : Nathanaëlle Le Pors.
Avec : Gaël Baron, Yann Boudeau, Rémi Fortin et Cléa Laizé
Collaboration artistique : Éric Didry.
Musique : Joachim Pavy
Scénographie: Olivier Brichet et Simon Gauchet.
Conseil scientifique : Constantin Rauer.
Lumières : Claire Gondrexon
Costumes : Léa Gadbois Lamer.
Accompagnement et conseil : Frédérique Payn.
Par l'École Parallèle Imaginaire.
Durée : environ 2 h.
Du 9 au 24 novembre 2023.
Du lundi au vendredi à 20 h, samedi 18 h.
Théâtre de la Bastille, Paris 11e, 01 43 57 42 14.
>> theatre-bastille.com
Tournées
Du 28 novembre au 1er décembre 2023 : TU (en collaboration avec le Grand T), Nantes (44).
13 et 14 décembre 2023 : La Passerelle, Saint-Brieuc (22).
18 mai 2024 : Le Tangram, Évreux-Louviers (27).
Texte : Martin Mongin.
Conception : Simon Gauchet.
Assistante à la mise en scène : Nathanaëlle Le Pors.
Avec : Gaël Baron, Yann Boudeau, Rémi Fortin et Cléa Laizé
Collaboration artistique : Éric Didry.
Musique : Joachim Pavy
Scénographie: Olivier Brichet et Simon Gauchet.
Conseil scientifique : Constantin Rauer.
Lumières : Claire Gondrexon
Costumes : Léa Gadbois Lamer.
Accompagnement et conseil : Frédérique Payn.
Par l'École Parallèle Imaginaire.
Durée : environ 2 h.
Du 9 au 24 novembre 2023.
Du lundi au vendredi à 20 h, samedi 18 h.
Théâtre de la Bastille, Paris 11e, 01 43 57 42 14.
>> theatre-bastille.com
Tournées
Du 28 novembre au 1er décembre 2023 : TU (en collaboration avec le Grand T), Nantes (44).
13 et 14 décembre 2023 : La Passerelle, Saint-Brieuc (22).
18 mai 2024 : Le Tangram, Évreux-Louviers (27).