Comment parler de la maladie d'Alzheimer ? Surtout quand c'est sa propre mère qui en est atteinte. Art difficile s'il en est… si on veut éviter de tomber dans le pathos ou le tragique total… En fait, pas tout à fait. Car oser l'impensable, ou du moins réaliser l'inattendu spectaculaire consistant à conjuguer l'humour, le burlesque, la fantaisie du music-hall et l'approche sérieuse, empathique et bienveillante, forcément grave, des conséquences du mal et des souffrances qui en découlent, c'est la prouesse que réussissent les frères Jenny.
Si la thématique abordée semble rebutante, il n'en est rien. Faire théâtre de nos maux, physiques ou mentaux, ne les résout pas, certes, mais en donne un angle, en permet une approche offrant la possibilité d'en apercevoir, analyser, découvrir des aspects passés inaperçus lorsque nous sommes dans le réel et d'en dégager des facettes comiques ou du moins humoristiques, avec ainsi un peu de dopamine libérée - ou "molécule du bonheur", qui contribue aux sensations de bien-être et de plaisir -, émission salvatrice pour les personnes concernées par la maladie traitée.
Formant la trame dramatique, les appels et messages de la mère (composés de coq-à-l’âne, de répétitions, d'absurdités) ponctuent le déroulement du spectacle, comme des repères, pour rappeler la dégradation, l'altération progressive de la mémoire, sans affect excessif, de celle qui devient involontairement le personnage central de la pièce qui se joue sous nos yeux. Ces fragments vocaux sont à la fois empreints de désespoir et/ou de détresse (en forme d'appels au secours), mais sont aussi parfois plus "énervés" du fait de l'incommunicabilité latente due à la maladie.
Si la thématique abordée semble rebutante, il n'en est rien. Faire théâtre de nos maux, physiques ou mentaux, ne les résout pas, certes, mais en donne un angle, en permet une approche offrant la possibilité d'en apercevoir, analyser, découvrir des aspects passés inaperçus lorsque nous sommes dans le réel et d'en dégager des facettes comiques ou du moins humoristiques, avec ainsi un peu de dopamine libérée - ou "molécule du bonheur", qui contribue aux sensations de bien-être et de plaisir -, émission salvatrice pour les personnes concernées par la maladie traitée.
Formant la trame dramatique, les appels et messages de la mère (composés de coq-à-l’âne, de répétitions, d'absurdités) ponctuent le déroulement du spectacle, comme des repères, pour rappeler la dégradation, l'altération progressive de la mémoire, sans affect excessif, de celle qui devient involontairement le personnage central de la pièce qui se joue sous nos yeux. Ces fragments vocaux sont à la fois empreints de désespoir et/ou de détresse (en forme d'appels au secours), mais sont aussi parfois plus "énervés" du fait de l'incommunicabilité latente due à la maladie.
Ainsi se mettent en place, dans ce séquençage, les étapes d'un grand voyage dans un univers parallèle, absurde et imaginaire, fait de numéros poétiques tout autant que clownesque, empruntés à la fois au cirque et au music-hall. De la loupe grossissante déformant de manière burlesque le visage de François Jenny à l'excellent numéro de playback (à deux) sur des chants lyriques - seulement vocal au départ puis avec l'utilisation de marionnettes à l'aide de mains gantées -, en passant par un joli numéro sous la pluie (imaginée) avec des parapluies scintillant de leds. Toutes les scènes créées par les deux artistes convoquent des artifices mystérieux, lumineux, poétiques, irréels, verbaux ou chorégraphiques, inspirée de l'univers du spectacle vivant, riche de toutes ses expressions artistiques.
Complétant ces propositions "légères" mais salutaires, François et Luc Jenny usent de digressions, empruntent des sentiers d'évasion pour parler d'Alzheimer. D'une référence au médecin allemand Alois Alzheimer, liée à la description neuronale qu'il en fit, au constat des conséquences concrètes de la "dégénérescence" de la mémoire, c'est également la perte des souvenirs de l'enfance qui est évoquée. Une partie de ceux-ci n'appartient qu'à la mère et, avec leur disparition, tout partage devient impossible. Il s'agit donc aussi pour les deux frères de se réapproprier cette mémoire, une façon de dire aux spectateurs de pas omettre de partager quand il est encore temps... et devenir alors possesseur des souvenirs de ceux qui ne les possèdent plus.
Et, sans mot fin, mais pour finir, se joue une très courte vidéo de la maman, en boucle. Petite danse finale et retour aux postures artistiques, car le spectacle, la scène, les illusions du music-hall, les échappées burlesques peuvent guérir ou du moins panser certains maux, accompagner l'inéluctable disparition de l'être cher et de sa conscience mémorielle. Le clown a la maîtrise de cet art si particulier, si exceptionnelle, qui consiste à nous faire croire que ce qui est impossible peut devenir possible... Et n'oublions pas que François Jenny est un clown blanc et son frère Luc, pour l'occasion, est devenu son Auguste... excellant tous deux dans cette fantaisie burlesque.
Complétant ces propositions "légères" mais salutaires, François et Luc Jenny usent de digressions, empruntent des sentiers d'évasion pour parler d'Alzheimer. D'une référence au médecin allemand Alois Alzheimer, liée à la description neuronale qu'il en fit, au constat des conséquences concrètes de la "dégénérescence" de la mémoire, c'est également la perte des souvenirs de l'enfance qui est évoquée. Une partie de ceux-ci n'appartient qu'à la mère et, avec leur disparition, tout partage devient impossible. Il s'agit donc aussi pour les deux frères de se réapproprier cette mémoire, une façon de dire aux spectateurs de pas omettre de partager quand il est encore temps... et devenir alors possesseur des souvenirs de ceux qui ne les possèdent plus.
Et, sans mot fin, mais pour finir, se joue une très courte vidéo de la maman, en boucle. Petite danse finale et retour aux postures artistiques, car le spectacle, la scène, les illusions du music-hall, les échappées burlesques peuvent guérir ou du moins panser certains maux, accompagner l'inéluctable disparition de l'être cher et de sa conscience mémorielle. Le clown a la maîtrise de cet art si particulier, si exceptionnelle, qui consiste à nous faire croire que ce qui est impossible peut devenir possible... Et n'oublions pas que François Jenny est un clown blanc et son frère Luc, pour l'occasion, est devenu son Auguste... excellant tous deux dans cette fantaisie burlesque.
"Alzheimère et fils"
Texte : François Jenny, Luc Jenny.
Mise en scène : François Jenny, Luc Jenny.
Avec : François Jenny, Luc Jenny.
Collaboration artistique : Vincent Kuentz.
Soutien chorégraphique : Francesca Lattuada.
Lumières : Luc Jenny.
Décors : Luc Jenny, Samuel Misslen.
Musique originale : Léo Grise.
Avec la voix de Gilles Charmant.
Conseil artistique,costumes : Barbara Wagner.
Durée : 1 h 15.
Du 5 au 29 octobre 2022.
Du mercredi au samedi à 21 h.
Théâtre Les Déchargeurs, Salle Vicky Messica,
>> lesdechargeurs.fr
Mise en scène : François Jenny, Luc Jenny.
Avec : François Jenny, Luc Jenny.
Collaboration artistique : Vincent Kuentz.
Soutien chorégraphique : Francesca Lattuada.
Lumières : Luc Jenny.
Décors : Luc Jenny, Samuel Misslen.
Musique originale : Léo Grise.
Avec la voix de Gilles Charmant.
Conseil artistique,costumes : Barbara Wagner.
Durée : 1 h 15.
Du 5 au 29 octobre 2022.
Du mercredi au samedi à 21 h.
Théâtre Les Déchargeurs, Salle Vicky Messica,
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