Au rythme du crépitement silencieux de leurs doigts sur le clavier de leurs ordinateurs reliés en réseau à un vidéo projecteur, le texte projeté en live sur les écrans tendus sur les quatre murs du studio du Glob Théâtre donnera lieu à une improvisation de haut vol… un comédien et une comédienne s'en saisissant avec un plaisir lui aussi décuplé par le défi de l'improvisation.
Si on ajoute que le thème proposé est différent chaque soir - sujet connu depuis la veille mais distribution des écritures (didascalies et personnages, il et elle) tirée au sort par un membre innocent du public - et que deux virtuoses lumière et son mixent sous nos yeux les ingrédients pour créer l'illusion théâtrale, on donne idée de la recette du dispositif à l'œuvre.
Ce soir-là, le thème de la "métamorphose" va soumettre l'imaginaire des autrices à un remue-méninges dont celle qui aura en mains la rédaction des didascalies pourrait faire figure de deus ex machina… si ce n'était la liberté prise par les comédiens pour échapper - volontairement ou pas - à ce diktat "imprimé". La performance débridée accouchera en une petite heure d'un objet dont la valeur tiendra nécessairement plus aux circonstances de sa venue au monde qu'à son contenu improvisé "de toutes pièces".
Si on ajoute que le thème proposé est différent chaque soir - sujet connu depuis la veille mais distribution des écritures (didascalies et personnages, il et elle) tirée au sort par un membre innocent du public - et que deux virtuoses lumière et son mixent sous nos yeux les ingrédients pour créer l'illusion théâtrale, on donne idée de la recette du dispositif à l'œuvre.
Ce soir-là, le thème de la "métamorphose" va soumettre l'imaginaire des autrices à un remue-méninges dont celle qui aura en mains la rédaction des didascalies pourrait faire figure de deus ex machina… si ce n'était la liberté prise par les comédiens pour échapper - volontairement ou pas - à ce diktat "imprimé". La performance débridée accouchera en une petite heure d'un objet dont la valeur tiendra nécessairement plus aux circonstances de sa venue au monde qu'à son contenu improvisé "de toutes pièces".
Une fois Gregor Samsa cité - avec un tel sujet, on ne pouvait raisonnablement pas échapper au héros de Franz Kafka, pas plus qu'à la princesse-cygne de Tchaïkovski, et encore moins au changement de genre agitant les esprits de 2021-, la métamorphose de ce soir est abordée. Il s'agira d'une dystopie en marche, celle de l'hybridation de l'humain et de la machine en vue d'accroitre la productivité, et donc les profits qui lui sont consubstantiels, d'un géant de l'agroalimentaire (toute ressemblance, etc., ne pouvant être évidemment que fortuite). L'héroïne, jeune cadre sympathique, mais non sans ambition, accepte (a-t-elle le choix ?) de se faire greffer une puce propre à booster ses circuits neuronaux…
Elle, qui se révèle être "une putain de Ferrari, vroom, vroom", connaîtra ainsi l'extase d'être une super woman XXL d'une incroyable efficacité… jusqu'à se sentir connectée à l'univers et ses galaxies, ressentant l'amour du végétal et celui de l'animal, hennissant et rugissant… Là le professeur, maître ès sciences, sent que quelque chose est en train d'échapper aux objectifs, d'échapper à sa maîtrise…
Docteur Frankenstein effrayé par sa création, il n'aura alors de cesse que de "se rapprocher" d'elle, "sa merveilleuse erreur", pour fuir ensemble afin d'organiser le rhizome souterrain capable de subvertir l'ordre du monde ancien. Les usines d'élevage industriel dynamitées, les compagnies d'assurance brûlées, etc., adviendra un ordre nouveau aux antipodes du nôtre : un monde où la nature et le vivant ne feront qu'un, la promesse de lendemains qui chantent… lui et elle poussant à gorges déployées des hurlements… de loup !
Elle, qui se révèle être "une putain de Ferrari, vroom, vroom", connaîtra ainsi l'extase d'être une super woman XXL d'une incroyable efficacité… jusqu'à se sentir connectée à l'univers et ses galaxies, ressentant l'amour du végétal et celui de l'animal, hennissant et rugissant… Là le professeur, maître ès sciences, sent que quelque chose est en train d'échapper aux objectifs, d'échapper à sa maîtrise…
Docteur Frankenstein effrayé par sa création, il n'aura alors de cesse que de "se rapprocher" d'elle, "sa merveilleuse erreur", pour fuir ensemble afin d'organiser le rhizome souterrain capable de subvertir l'ordre du monde ancien. Les usines d'élevage industriel dynamitées, les compagnies d'assurance brûlées, etc., adviendra un ordre nouveau aux antipodes du nôtre : un monde où la nature et le vivant ne feront qu'un, la promesse de lendemains qui chantent… lui et elle poussant à gorges déployées des hurlements… de loup !
On pourrait voir là les limites d'un récit de dystopie avec happy-end à la clé, s'approchant d'un remake de roman de gare écrit à la va-vite… Bien évidemment, on l'aura compris, l'intérêt de la performance ne peut tenir à son canevas cousu de fil blanc (principalement par celle qui avait en charge ce soir-là les nombreuses didascalies), mais aux coutures mêmes du récit en train de s'écrire en direct. En effet, pénétrant de plain-pied dans la petite fabrique d'un théâtre d'improvisation, on se sent comme investi d'un privilège, celui d'accompagner les démiurges dans leur antre secret dévoilant les complications de toute création. Comment dire des choses nouvelles après des millénaires d'écriture ?
L'intérêt tient aussi, et de beaucoup, à l'interprétation des deux comédiens qui, avec promptitude, inventivité et humour, s'emparent des situations et des dialogues que les autrices leur attribuent pour créer des improvisations enjouées. À de nombreuses reprises, comme des personnages de BD s'évadant de leur vignette, ils s'octroient l'heureuse liberté de pousser l'action vers d'autres voies que celles tracées par leur démiurge.
Finalement, après que le texte se fut effacé lettre par lettre en commençant par la fin comme si l'illusion théâtrale n'avait été que mirage partagé, il reste la belle impression de "s'être pris au jeu" de ces artistes osant travailler sans filet. Une performance, au sens plein du terme.
Vu le jeudi 25 novembre au Studio du Glob Théâtre de Bordeaux.
L'intérêt tient aussi, et de beaucoup, à l'interprétation des deux comédiens qui, avec promptitude, inventivité et humour, s'emparent des situations et des dialogues que les autrices leur attribuent pour créer des improvisations enjouées. À de nombreuses reprises, comme des personnages de BD s'évadant de leur vignette, ils s'octroient l'heureuse liberté de pousser l'action vers d'autres voies que celles tracées par leur démiurge.
Finalement, après que le texte se fut effacé lettre par lettre en commençant par la fin comme si l'illusion théâtrale n'avait été que mirage partagé, il reste la belle impression de "s'être pris au jeu" de ces artistes osant travailler sans filet. Une performance, au sens plein du terme.
Vu le jeudi 25 novembre au Studio du Glob Théâtre de Bordeaux.
"Puissance 3"
Création 2021 - Le Denysiak, Solenn Denis & Erwan Daouphars.
Texte : Solenn Denis, Aurore Jacob, Julie Ménard et parfois une autrice mystère que fut Sonia Ristic à Bordeaux.
Avec : Erwan Daouphars, Vanessa Amaral.
Création lumière et régie : Fabrice Barbotin.
Régisseur vidé : David Dours.
Scénographie numérique : Yves Kuperberg.
Durée : 1 h.
Pour découvrir la saison 2021-2022 du Glob Théâtre.
>> globtheatre.net
Texte : Solenn Denis, Aurore Jacob, Julie Ménard et parfois une autrice mystère que fut Sonia Ristic à Bordeaux.
Avec : Erwan Daouphars, Vanessa Amaral.
Création lumière et régie : Fabrice Barbotin.
Régisseur vidé : David Dours.
Scénographie numérique : Yves Kuperberg.
Durée : 1 h.
Pour découvrir la saison 2021-2022 du Glob Théâtre.
>> globtheatre.net