Marieluise Fleisser est louée pour son théâtre des "petites gens" dans une communauté fermée. Tel est le cas de sa plus célèbre pièce, "Ingolstadt", qui fait du village allemand un purgatoire dont ses habitants se détruisent sous le couvert de la religion et la moralité. D'une part, l'institution, et de l'autre, la défaillance de la nature humaine. Olga est enceinte de Paps, qui ne l'aime pas. Personne dans sa famille ne connaît sa grossesse, sauf Roelle, bouc émissaire du village. Lorsqu'il sait qu'Olga veut se faire avorter, il lui fait un chantage pour gagner son affection. Olga le repousse et Roelle prétend invoquer un ange pour se faire respecter par les habitants du village et Olga. Le plan échoue et se retourne contre lui ; les soldats le jettent dans un étang.
Quand Olga confesse enfin sa grossesse à son père, ce dernier la repousse et Roelle tente sa dernière chance pour se faire aimer d'Olga en revendiquant que l'enfant est le sien. Olga le déteste encore plus et l'accuse qu'il la "tire vers le bas". Autour du couple Olga-Roelle, le drame représente un écosystème fermé dans laquelle les gens ne s'amusent que dans la négativité et la souffrance d'autrui. Les soldats, qui devraient maintenir l'ordre, deviennent des agents de violence qui s'abusent entre eux et abusent Berta et Alma, servantes qui rêvent d'une vie meilleure. Marieluise Fleisser met l'accent sur la perspective féminine pour présenter un tableau des "petites gens" dans toute sa cruauté.
Quand Olga confesse enfin sa grossesse à son père, ce dernier la repousse et Roelle tente sa dernière chance pour se faire aimer d'Olga en revendiquant que l'enfant est le sien. Olga le déteste encore plus et l'accuse qu'il la "tire vers le bas". Autour du couple Olga-Roelle, le drame représente un écosystème fermé dans laquelle les gens ne s'amusent que dans la négativité et la souffrance d'autrui. Les soldats, qui devraient maintenir l'ordre, deviennent des agents de violence qui s'abusent entre eux et abusent Berta et Alma, servantes qui rêvent d'une vie meilleure. Marieluise Fleisser met l'accent sur la perspective féminine pour présenter un tableau des "petites gens" dans toute sa cruauté.
La création d'Ivo van Hove, transportée du Festival de Salzbourg (Salzburger Festspiele) au Burgtheater pour le public viennois, représente le village comme une chambre d'expérimentation métaphorique pour tirer et montrer le pire des gens qui sont liés à l'endroit par une sorte de fatalité. Le texte est adapté du "Fegefeuer in Ingolstadt" (Purgatoire à Ingolstadt) et "Pioniere in Ingolstadt" (Les pionniers à Ingolstadt) par le dramaturge Koen Tachelet. C'est un travail intelligent et méticuleux qui maintient avec réussite l'équilibre entre les riches aspects de la représentation qui confrontent le monde extérieur et le monde intérieur, l'individualité et la société, la vérité et l'hypocrisie. Cette confrontation se manifeste sur le plan visuel par les lectures du crédo chrétien (accompagnées de la projection vidéo signée Julia Várkonyi) qui ponctuent le drame dans son évolution vers le point culminant.
Les décors de Jan Versweyveld profitent d'une illusion d'espace établie par des miroirs des trois côtes de la scène et montrent un coin marécageux du village, décoré d'ampoules lumineuses colorées et des tours de diffusion desquelles sortent de temps en temps des commandes absurdes propres à une école militaire. L'éclairage, également de Versweyveld, est dramatiquement puissant. On apprécie les jeux d'ombres pendant la lecture du crédo et des changements subtils au sein des nuances naturelles pour signaler les épisodes décisifs qui marquent des étapes de plus en plus profondes dans la descente vers l'abîme humain. Au profit du monde intérieur, la musique d'Eric Schleichim, couvrant un large éventail des genres, du hard rock à la cantate baroque, saisit les sentiments en fonction des différents aspects de l'amour présents dans le drame : romantique, violent, amical, manipulateur et corrosif.
La distribution, composée de l'ensemble du Burgtheater de Vienne, est menée par Marie-Luise Stockinger (Olga) et Jan Bülow (Roelle) qui livrent tous deux une performance poignante. Bülow, si jeune et d'une présence scénique si éblouissante, réunit habilement le tragique, le pathétique et le ridicule du bouc émissaire du village avec un peu d'humour noir et d'auto-ironie. Il sonde l'abîme et la défaillance de son personnage avec courage et une bonne compréhension.
Stockinger, froide et distanciée, incarne le paradoxe intérieur d'Olga qui est, dans un même temps, forte et fragile à la plénitude. Le lien émotionnel qui surgit entre les deux protagonistes principaux maintient une certaine ambiguïté, celle du dégoût mêlé de tendresse, comme il le faut.
Les décors de Jan Versweyveld profitent d'une illusion d'espace établie par des miroirs des trois côtes de la scène et montrent un coin marécageux du village, décoré d'ampoules lumineuses colorées et des tours de diffusion desquelles sortent de temps en temps des commandes absurdes propres à une école militaire. L'éclairage, également de Versweyveld, est dramatiquement puissant. On apprécie les jeux d'ombres pendant la lecture du crédo et des changements subtils au sein des nuances naturelles pour signaler les épisodes décisifs qui marquent des étapes de plus en plus profondes dans la descente vers l'abîme humain. Au profit du monde intérieur, la musique d'Eric Schleichim, couvrant un large éventail des genres, du hard rock à la cantate baroque, saisit les sentiments en fonction des différents aspects de l'amour présents dans le drame : romantique, violent, amical, manipulateur et corrosif.
La distribution, composée de l'ensemble du Burgtheater de Vienne, est menée par Marie-Luise Stockinger (Olga) et Jan Bülow (Roelle) qui livrent tous deux une performance poignante. Bülow, si jeune et d'une présence scénique si éblouissante, réunit habilement le tragique, le pathétique et le ridicule du bouc émissaire du village avec un peu d'humour noir et d'auto-ironie. Il sonde l'abîme et la défaillance de son personnage avec courage et une bonne compréhension.
Stockinger, froide et distanciée, incarne le paradoxe intérieur d'Olga qui est, dans un même temps, forte et fragile à la plénitude. Le lien émotionnel qui surgit entre les deux protagonistes principaux maintient une certaine ambiguïté, celle du dégoût mêlé de tendresse, comme il le faut.
Aussi poignante est la performance de Lilith Hässle (Berta, une des servantes abusées par des soldats) qui parvient à faire entrer une riche profondeur psychologique dans les contraintes de son personnage. Lili Winderlich (Clementine, sœur d'Olga), belle et acide, est un contrepoint fort pour Olga et une force essentielle dans le développement des dynamiques toxiques qui séparent le couple principal du reste du village.
Tilman Tuppy (Peps, compagnon d'Olga qui ne l'aime pas et de qui elle est enceinte) campe une figure grossière et impitoyable qui reflète dans un même temps la mentalité du village et fournit une justification causale de la rudesse et du renfermement d'Olga. Parmi les soldats, Gunther Eckes (Münsterer) sort du lot en livrant une interprétation brutale qui n'épargne rien de la défaillance mentale et morale de son personnage.
En somme, une soirée bien marquante ; sans aucun doute l'un des points forts de la maison cette saison.
Tilman Tuppy (Peps, compagnon d'Olga qui ne l'aime pas et de qui elle est enceinte) campe une figure grossière et impitoyable qui reflète dans un même temps la mentalité du village et fournit une justification causale de la rudesse et du renfermement d'Olga. Parmi les soldats, Gunther Eckes (Münsterer) sort du lot en livrant une interprétation brutale qui n'épargne rien de la défaillance mentale et morale de son personnage.
En somme, une soirée bien marquante ; sans aucun doute l'un des points forts de la maison cette saison.
"Ingolstadt"
Spectacle an allemand.
D'après "Purgatoire à Ingolstadt" et "Les pionniers à Ingolstadt" de Marieluise Fleisser.
Texte : Marieluise Fleisser.
Mise en scène : Ivo van Hove.
Avec : Marie-Luise Stockinger, Jan Bülow, Lilith Hässle, Lili Winderlich, Tilman Tuppy, Gunther Eckes, Dagna Litzenberger Vinet, Maximilian Pulst, Johan Hackman, Lucas Vogelsang, Julian von Hansemann, Oliver Nägele, Rainer Galke, Elisabeth Augustin, Etienne Halsdorf.
Décors et éclairage : Jan Versweyveld.
Assistant pour les décors : Dimitrij Muraschov.
Costumes : An D'Huys.
Musique : Eric Schleichim.
Vidéo : Julia Várkonyi.
Dramaturgie : Koen Tachelet, Sebastian Huber.
Prochaines représentations
18 et 27 octobre 2022 ; 3, 10 et 14 novembre 2022,.
Burgtheater de Vienne, Universitätsring 1, Vienne, 1er district.
Achat et réservations des billets sur >> burgtheater.at
Tél. : +43 (0)151 444 4545.
info@burgtheater.at
D'après "Purgatoire à Ingolstadt" et "Les pionniers à Ingolstadt" de Marieluise Fleisser.
Texte : Marieluise Fleisser.
Mise en scène : Ivo van Hove.
Avec : Marie-Luise Stockinger, Jan Bülow, Lilith Hässle, Lili Winderlich, Tilman Tuppy, Gunther Eckes, Dagna Litzenberger Vinet, Maximilian Pulst, Johan Hackman, Lucas Vogelsang, Julian von Hansemann, Oliver Nägele, Rainer Galke, Elisabeth Augustin, Etienne Halsdorf.
Décors et éclairage : Jan Versweyveld.
Assistant pour les décors : Dimitrij Muraschov.
Costumes : An D'Huys.
Musique : Eric Schleichim.
Vidéo : Julia Várkonyi.
Dramaturgie : Koen Tachelet, Sebastian Huber.
Prochaines représentations
18 et 27 octobre 2022 ; 3, 10 et 14 novembre 2022,.
Burgtheater de Vienne, Universitätsring 1, Vienne, 1er district.
Achat et réservations des billets sur >> burgtheater.at
Tél. : +43 (0)151 444 4545.
info@burgtheater.at