Dans la mise en scène de Bernard Lévy jouée par Emmanuelle Grangé et Thierry Bosc (et Michel Fouquet dans un rôle silencieux), la pièce apparaît comme transfigurée, immédiate et sensible.
Soutenue par un parti pris de réalisme épuré, elle apparaît comme figée dans les années cinquante-soixante. Encore présent. Le plateau est recouvert d'un parquet en frise de Hongrie, une commode, deux fauteuils bridge, des piles de journaux, un couloir au lointain au papier peint vieilli. La pièce est vue à travers une grande baie vitrée. Il y a pour les acteurs, les spectateurs un intérieur, un extérieur. Et comme flottant dans le par-deçà et le par-delà la paroi vitrée un vide, une absence.
Que le jeu des réfractions et des diffractions de la lumière vient animer. Du reflet du miroir au reflet des personnes piégées dans le clin. Comme fantômes, retournement de l'avatar. Le spectacle avance vers ces échappées libres des rêves où l'on se perd.
Soutenue par un parti pris de réalisme épuré, elle apparaît comme figée dans les années cinquante-soixante. Encore présent. Le plateau est recouvert d'un parquet en frise de Hongrie, une commode, deux fauteuils bridge, des piles de journaux, un couloir au lointain au papier peint vieilli. La pièce est vue à travers une grande baie vitrée. Il y a pour les acteurs, les spectateurs un intérieur, un extérieur. Et comme flottant dans le par-deçà et le par-delà la paroi vitrée un vide, une absence.
Que le jeu des réfractions et des diffractions de la lumière vient animer. Du reflet du miroir au reflet des personnes piégées dans le clin. Comme fantômes, retournement de l'avatar. Le spectacle avance vers ces échappées libres des rêves où l'on se perd.
Par cette manière du théâtre, la scénographie installe une vérité du réel et ses mouvances de perception. Une hésitation dans la fragilité des réalités par laquelle le texte révèle ses sous-entendus, développe sa densité dramatique et libère le jeu. Portés par les comédiens, les personnages deviennent alors des personnes. Tout le dispositif installe un mouvement d'empathie.
À l'encontre d'une théorie sur le théâtre de l'absurde toujours un peu mécaniste, cette mise en scène parle d'elle-même, suscite un théâtre où s'exprime le désir de vivre en dépit de la connaissance de la mort. La forme est cohérente, elle est comme un miracle de concision, claire et lisible.
Dans "Les Chaises", il est question de deux personnes réunies à jamais. Le temps travaille contre eux de manière inéluctable mais n'a pas prise sur eux tant la répétition de jours et des gestes au quotidien a suscité une forme de durée indifférenciée. Dans les trous de mémoire, les vides, elles font "couple". L'un crée la dynamique pour l'autre et réciproquement. Et s'appuyant simultanément, concomitamment, parent les défaillances. Et l'amnésique n'est pas forcément celui qu'on croit.
Cette pièce décrivant l'évaporation de la mémoire lors du vieillissement diffuse une humeur qui charge d'humour les anecdotes, les paroles anodines. Elles convergent vers un moment ultime, de tact et de tendresse qui efface le drame. Comme pour rire encore, comme pour rire ensemble et atteindre un équilibre avant de… pourrir ensemble : forcément sublime.
Le spectateur est ému. Le public ovationne.
À l'encontre d'une théorie sur le théâtre de l'absurde toujours un peu mécaniste, cette mise en scène parle d'elle-même, suscite un théâtre où s'exprime le désir de vivre en dépit de la connaissance de la mort. La forme est cohérente, elle est comme un miracle de concision, claire et lisible.
Dans "Les Chaises", il est question de deux personnes réunies à jamais. Le temps travaille contre eux de manière inéluctable mais n'a pas prise sur eux tant la répétition de jours et des gestes au quotidien a suscité une forme de durée indifférenciée. Dans les trous de mémoire, les vides, elles font "couple". L'un crée la dynamique pour l'autre et réciproquement. Et s'appuyant simultanément, concomitamment, parent les défaillances. Et l'amnésique n'est pas forcément celui qu'on croit.
Cette pièce décrivant l'évaporation de la mémoire lors du vieillissement diffuse une humeur qui charge d'humour les anecdotes, les paroles anodines. Elles convergent vers un moment ultime, de tact et de tendresse qui efface le drame. Comme pour rire encore, comme pour rire ensemble et atteindre un équilibre avant de… pourrir ensemble : forcément sublime.
Le spectateur est ému. Le public ovationne.
"Les Chaises"
Texte : Eugène Ionesco (Éditions Gallimard - collection Folio théâtre).
Mise en scène : Bernard Levy.
Avec : Thierry Bosc, Emmanuelle Grangé, Michel Fouquet.
Collaboration artistique : Jean-Luc Vincent.
Scénographie : Alain Lagarde.
Lumière : Christian Pinaud.
Création son : Xavier Jacquot.
Costumes : Claudia Jenatsch.
Maquillage/coiffure : Agnès Gourin Fayn.
Durée : 1 h 30.
Du 19 mars au 14 avril 2019.
Du mardi au samedi à 20 h, dimanche à 16 h.
Théâtre de l'Aquarium, La Cartoucherie, Paris 12e, 01 43 74 99 61.
>> theatredelaquarium.net
Tournée
Du 24 au 27 avril 2019 : Théâtre de la Manufacture - Centre Dramatique National, Nancy (54).
Mise en scène : Bernard Levy.
Avec : Thierry Bosc, Emmanuelle Grangé, Michel Fouquet.
Collaboration artistique : Jean-Luc Vincent.
Scénographie : Alain Lagarde.
Lumière : Christian Pinaud.
Création son : Xavier Jacquot.
Costumes : Claudia Jenatsch.
Maquillage/coiffure : Agnès Gourin Fayn.
Durée : 1 h 30.
Du 19 mars au 14 avril 2019.
Du mardi au samedi à 20 h, dimanche à 16 h.
Théâtre de l'Aquarium, La Cartoucherie, Paris 12e, 01 43 74 99 61.
>> theatredelaquarium.net
Tournée
Du 24 au 27 avril 2019 : Théâtre de la Manufacture - Centre Dramatique National, Nancy (54).