Macbeth est mort mais Malcolm, être veule et débauché, est là pour lui succéder. La reine sorcière, prisonnière, fait montre d'une ensorcelante résistance et d'à propos stratégiques. Les jeunes troupes anglaises sont aux portes du château. Siward, leur chef, à l'allure guerrière mais aux interrogations contradictoires poursuit une quête singulière, en vertu d'honnêteté, associant l'application de la volonté royale, la préservation de ses juvéniles soldats et une résolution "démocratique" par la réconciliation des clans... Mais aujourd'hui comme hier, les pratiques politiques, la nécessité du pouvoir, le désir de contraindre les peuples sont devenus d'étranges perversions.
Sortant de la tragédie shakespearienne, David Greig dépeint l'absurdité de la guerre, d'un hypothétique maintien de l'ordre dans un pays occupé, de l'imposition d'une démocratie dans des pays qui n'en veulent pas (l'actualité du Moyen Orient frappe ici à la porte). Il ajoute un humour moderne, presque burlesque, dans des réunions claniques caricaturales que l'on pourrait voir tout droit sorties de confrontations tribales en terre d'Émirats ou libanaises… sans oublier, un positionnement quelque peu plus actuel (vs Shakespeare 1606) de l'insoumission féminine, de celle émanant de femmes qui se lèvent et échappent enfin à la domination masculine.
Sortant de la tragédie shakespearienne, David Greig dépeint l'absurdité de la guerre, d'un hypothétique maintien de l'ordre dans un pays occupé, de l'imposition d'une démocratie dans des pays qui n'en veulent pas (l'actualité du Moyen Orient frappe ici à la porte). Il ajoute un humour moderne, presque burlesque, dans des réunions claniques caricaturales que l'on pourrait voir tout droit sorties de confrontations tribales en terre d'Émirats ou libanaises… sans oublier, un positionnement quelque peu plus actuel (vs Shakespeare 1606) de l'insoumission féminine, de celle émanant de femmes qui se lèvent et échappent enfin à la domination masculine.
Et Baptiste Guiton s'empare de ces propositions revendicatrices (à tout le moins objets de nos souhaits), dans une cohérence de travail avérée (cf. ses précédentes créations dont "Après la fin"*), pour convier le public à "questionner notre société sur l'égalité entre les femmes et les hommes, sur l'éthique et la morale, les rapports de domination, les bouleversements sociaux, la démocratie"… Mais aussi sur les armées composées de gosses ignorants, sur les exactions perpétrées dans des conflits sans justification réelle si ce n'est une domination despotique, et son insupportable permanence d'une suprématie mâle !
Sa mise en scène joue entre une expression dramatique forte, composée de séquences où renaissent les effets de chœur, de foule ou de confrontations duales, et un jeu plus provocateur, plus ludique… et comique, donnant la dérision, la distanciation nécessaire à des situations monstrueuses ou grotesques. Dans ce séquençage, la création sonore et musicale amène aussi une perception plus importante de l'intelligible et du sensoriel. Complément essentiel, le décor procure également un apport visuel sensible, architecturant d'une certaine manière la narration.
Sa mise en scène joue entre une expression dramatique forte, composée de séquences où renaissent les effets de chœur, de foule ou de confrontations duales, et un jeu plus provocateur, plus ludique… et comique, donnant la dérision, la distanciation nécessaire à des situations monstrueuses ou grotesques. Dans ce séquençage, la création sonore et musicale amène aussi une perception plus importante de l'intelligible et du sensoriel. Complément essentiel, le décor procure également un apport visuel sensible, architecturant d'une certaine manière la narration.
Élément central de celui-ci, la forteresse, squelettique armature de fer et d'acier (réalisation du talentueux Quentin Lugnier), dont seules les lourdes portes métalliques semblent pouvoir offrir une résistance au vent du Nord, glacial et glaçant, et à la jeunesse soldatesque impatiente, est posée sur un ingénieux dispositif circulaire de rails, proposant ainsi au public, alternativement, sa face extérieure ou intérieure, voire une vue de trois quarts, où peuvent se dévoiler des cages grillagées.
Ce château refuge, perché sur la colline de Dunsinane, baigne dans une ambiance sombre, limite sidérurgique, où s'immiscent parfois d'inquiétantes brumes, en nuances de gris et de brun. Mais les jeux de lumière, monochromes, tranchées - tons bleu, vert, jaune ou rouge sanguinaire -, apportent différentes alternatives, déplaçant le tragique sur un terrain plus léger. Baptiste Guiton a ici fait clairement le choix de naviguer entre la noirceur dramatique et sanguinaire, aux allants contemporains, et l'étrange clarté des ruptures, respirations, générées, amplifiées, par les répliques, les séquences plus comiques émanant du texte de David Greig.
En confirmation de tout cela, le jeu des comédiens est souple, intense et tout en fluidité, vivacité. Que ce soit Gabriel Dufay (Siward), Vincent Portal (Macduff), Pierre Germain (Egham), Luca Fiorello (l'Enfant soldat), Clara Simpson (Gruach, la reine), Tiphaine Rabaud-Fournier (la fille des poules), Tommy Luminet (Malcolm) - et nous pourrions tous les nommer -, ils sont au diapason, créant chacun leur personnage avec conviction et un enthousiasme qui enflamme le plateau. Et la présence sur scène, en supplément de distribution, des élèves de seconde année d'Arts en Scène nous confirme, si besoin était, que Baptiste Guidon est véritablement un homme passionné de troupe, de compagnie.
* >> Lire "Après la fin"
Ce château refuge, perché sur la colline de Dunsinane, baigne dans une ambiance sombre, limite sidérurgique, où s'immiscent parfois d'inquiétantes brumes, en nuances de gris et de brun. Mais les jeux de lumière, monochromes, tranchées - tons bleu, vert, jaune ou rouge sanguinaire -, apportent différentes alternatives, déplaçant le tragique sur un terrain plus léger. Baptiste Guiton a ici fait clairement le choix de naviguer entre la noirceur dramatique et sanguinaire, aux allants contemporains, et l'étrange clarté des ruptures, respirations, générées, amplifiées, par les répliques, les séquences plus comiques émanant du texte de David Greig.
En confirmation de tout cela, le jeu des comédiens est souple, intense et tout en fluidité, vivacité. Que ce soit Gabriel Dufay (Siward), Vincent Portal (Macduff), Pierre Germain (Egham), Luca Fiorello (l'Enfant soldat), Clara Simpson (Gruach, la reine), Tiphaine Rabaud-Fournier (la fille des poules), Tommy Luminet (Malcolm) - et nous pourrions tous les nommer -, ils sont au diapason, créant chacun leur personnage avec conviction et un enthousiasme qui enflamme le plateau. Et la présence sur scène, en supplément de distribution, des élèves de seconde année d'Arts en Scène nous confirme, si besoin était, que Baptiste Guidon est véritablement un homme passionné de troupe, de compagnie.
* >> Lire "Après la fin"
"Dunsinane"
Résidence de création.
Texte : David Greig.
Le texte est édité aux PUM (Presses Universitaires du Midi).
Traduction : Pascale Drouet.
Mise en scène : Baptiste Guiton.
Stagiaire assistant à la mise en scène : Sylvain Macia.
Avec : Logan De Carvalho, Gabriel Dufay, Luca Fiorello, Pierre Germain, Tommy Luminet, Vincent Portal, Tiphaine Rabaud Fournier, Clara Simpson.
Et les élèves comédiens de seconde année d'Arts en Scène : Clément Bigot, William Burnod, Tom Da Sylva, Ludovic Payen, Léo-Paul Zaffran.
Scénographie : Quentin Lugnier.
Lumières : Sébastien Marc.
Création sonore : Sébastien Quencez.
Costumes : Aude Desigaux.
Régie générale et régie son : Cédric Chaumeron.
Production L'Exalté - Cie Baptiste Guiton.
Durée : 2 h.
Texte : David Greig.
Le texte est édité aux PUM (Presses Universitaires du Midi).
Traduction : Pascale Drouet.
Mise en scène : Baptiste Guiton.
Stagiaire assistant à la mise en scène : Sylvain Macia.
Avec : Logan De Carvalho, Gabriel Dufay, Luca Fiorello, Pierre Germain, Tommy Luminet, Vincent Portal, Tiphaine Rabaud Fournier, Clara Simpson.
Et les élèves comédiens de seconde année d'Arts en Scène : Clément Bigot, William Burnod, Tom Da Sylva, Ludovic Payen, Léo-Paul Zaffran.
Scénographie : Quentin Lugnier.
Lumières : Sébastien Marc.
Création sonore : Sébastien Quencez.
Costumes : Aude Desigaux.
Régie générale et régie son : Cédric Chaumeron.
Production L'Exalté - Cie Baptiste Guiton.
Durée : 2 h.
Du 23 janvier au 8 février 2020.
Mardi, mercredi et vendredi à 20 h 30, jeudi à 20 h, samedi à 18 h 30, dimanche à 16 h.
TNP Villeurbanne, Petit théâtre, salle Jean-Bouise, Villeurbanne (69), 04 78 03 30 00.
>> tnp-villeurbanne.com
Mardi, mercredi et vendredi à 20 h 30, jeudi à 20 h, samedi à 18 h 30, dimanche à 16 h.
TNP Villeurbanne, Petit théâtre, salle Jean-Bouise, Villeurbanne (69), 04 78 03 30 00.
>> tnp-villeurbanne.com