Composé en 2013 pour la soprano Barbara Hannigan et le Philharmonique de Berlin, et créé la même année dans la capitale allemande, le cycle de chants "Let's me tell you" (et la première œuvre vocale) de Hans Abrahamsen, né en 1952, a été largement inspiré par le roman éponyme de Paul Griffiths ; un roman qui donne la parole à Ophélie - l'héroïne shakespearienne évidemment - pour faire le récit de son histoire. Avec le défi pour le romancier comme pour le "librettiste" malgré lui du cycle de n'utiliser que les quatre-cent quatre-vingts mots que lui assigne le dramaturge élisabéthain dans son "Hamlet". Trois parties et sept chansons pour tester les limites de la tessiture de la soprano canadienne (dédicataire de l'œuvre), sa maestria à varier les modes de chant et sa capacité impressionnante d'incarnation.
Précédé d'une flatteuse réputation et couronné de prix prestigieux, le cycle dans la performance de l'Orchestre de Paris donne à entendre à la Philharmonie de Paris pour sa création française une œuvre séduisante mais qui ne brille guère par son originalité dans le paysage de la création de la génération des compositeurs nés dans les années cinquante.
Précédé d'une flatteuse réputation et couronné de prix prestigieux, le cycle dans la performance de l'Orchestre de Paris donne à entendre à la Philharmonie de Paris pour sa création française une œuvre séduisante mais qui ne brille guère par son originalité dans le paysage de la création de la génération des compositeurs nés dans les années cinquante.
On y reconnaît cette écriture caractéristique d'une époque avec son extrême difficulté vocale pour une chanteuse parfois sommée de parcourir des intervalles acrobatiques, son orchestration mettant à l'honneur des mariages de timbres raffinés en écho aux lignes de chant ou les explosions bruitistes, ses événements musicaux confiés à différents pupitres en de labyrinthiques chemins - ceux d'une conscience éclatée menacée par la folie. Les rapprochements et tutti se feront plus nombreux dans les parties deux et trois pour une texture fine (dans les aigus en de longues phrases suspendues) roulant en vague jusqu'aux rechutes dans les graves. Une dramaturgie qui fait la part belle à la suavité et à l'acidité évoquant parfois l'héritage d'un Benjamin Britten.
Les solistes de l'Orchestre de Paris sont admirables comme la soprano canadienne (pour ses débuts avec l'orchestre) : sa subtilité ne fait pas défaut dans les jeux prosodiques comme dans la mélancolie habitée du personnage. L'émotion très intériorisée - que ne méprise pas le compositeur dans ses effets, c'est sa force - point de loin en loin dans un climat à la lisière du fantastique. Climat et personnage mélancolique sont sans doute un des points de rencontre avec la deuxième symphonie de Berlioz donnée après l'entracte, outre l'alliage de timbres inédits (au XIXe siècle) faisant naître d'originales possibilités acoustiques.
Cet opus 16, conçu en 1834 par un compositeur alors trentenaire, pour alto solo et orchestre, est une commande de Paganini que l'interprète vedette ne créa pas (déçu de la place laissée à l'instrument) mais auquel il finit par rendre hommage. Berlioz compose, nous dira-t-il, "une suite de scènes auxquelles l'alto solo se trouve mêlé comme un personnage (…) mélancolique dans le genre de Childe Harold de Byron". L'instrument se voit ainsi confier une "idée fixe" (un thème cyclique) qui parcourt la symphonie au sein d'un orchestre développant son propre discours. Avec ses quatre parties aux titres évocateurs l'œuvre exige du soliste un solide talent, celui de faire exister son romantique personnage au sein de l'ensemble. L'altiste Antoine Tamestit y est passé maître.
Apparaissant et disparaissant sur la scène en une dramaturgie étudiée, l'altiste expose d'abord le thème d'Harold dans le climat mystérieux que le chef Daniel Harding sait installer avec une belle conviction dans l'adagio initial ("Harold aux montagnes"). Les "scènes de bonheur et de joie" qui suivent montrent une belle maîtrise des contrastes. Les effets d'approche puis d'éloignement de la "Marche des Pélerins" ravissent tandis que l'altiste impressionne avec l'émouvante reprise de son thème.
Les solistes de l'Orchestre de Paris sont admirables comme la soprano canadienne (pour ses débuts avec l'orchestre) : sa subtilité ne fait pas défaut dans les jeux prosodiques comme dans la mélancolie habitée du personnage. L'émotion très intériorisée - que ne méprise pas le compositeur dans ses effets, c'est sa force - point de loin en loin dans un climat à la lisière du fantastique. Climat et personnage mélancolique sont sans doute un des points de rencontre avec la deuxième symphonie de Berlioz donnée après l'entracte, outre l'alliage de timbres inédits (au XIXe siècle) faisant naître d'originales possibilités acoustiques.
Cet opus 16, conçu en 1834 par un compositeur alors trentenaire, pour alto solo et orchestre, est une commande de Paganini que l'interprète vedette ne créa pas (déçu de la place laissée à l'instrument) mais auquel il finit par rendre hommage. Berlioz compose, nous dira-t-il, "une suite de scènes auxquelles l'alto solo se trouve mêlé comme un personnage (…) mélancolique dans le genre de Childe Harold de Byron". L'instrument se voit ainsi confier une "idée fixe" (un thème cyclique) qui parcourt la symphonie au sein d'un orchestre développant son propre discours. Avec ses quatre parties aux titres évocateurs l'œuvre exige du soliste un solide talent, celui de faire exister son romantique personnage au sein de l'ensemble. L'altiste Antoine Tamestit y est passé maître.
Apparaissant et disparaissant sur la scène en une dramaturgie étudiée, l'altiste expose d'abord le thème d'Harold dans le climat mystérieux que le chef Daniel Harding sait installer avec une belle conviction dans l'adagio initial ("Harold aux montagnes"). Les "scènes de bonheur et de joie" qui suivent montrent une belle maîtrise des contrastes. Les effets d'approche puis d'éloignement de la "Marche des Pélerins" ravissent tandis que l'altiste impressionne avec l'émouvante reprise de son thème.
Dans la troisième partie, le "Mahler" riche de sonorité d'Antoine Tamestit (un Stradivarius de 1672) se fond dans une Sérénade enjouée. On aurait aimé plus de clarté dans les plans sonores que dessine le chef anglais, mais ce dernier tire les plus beaux effets des pupitres - comme celui des bois rappelant un motif populaire italien.
Pour "l'Orgie" finale, l'altiste solo en formation de quatuor ira se placer en haut des gradins (côté cour) mais sa mélodie devra céder le pas à un orchestre déchaîné (qui aurait peut-être pu rugir avec plus de sauvagerie, quoique tranchant) jusqu'à une conclusion explosive dont l'entrain laissera en joie le cœur de l'auditoire. Rivalisant de couleurs, l'Orchestre de Paris et l'altiste n'auront pas économisé leurs efforts dans ce beau concert - un des plus intéressants de la saison.
Concert entendu le 28 février 2019.
Orchestre de Paris.
Philharmonie de Paris.
Avenue Jean Jaurès Paris (19e).
>> orchestredeparis.com
Pour "l'Orgie" finale, l'altiste solo en formation de quatuor ira se placer en haut des gradins (côté cour) mais sa mélodie devra céder le pas à un orchestre déchaîné (qui aurait peut-être pu rugir avec plus de sauvagerie, quoique tranchant) jusqu'à une conclusion explosive dont l'entrain laissera en joie le cœur de l'auditoire. Rivalisant de couleurs, l'Orchestre de Paris et l'altiste n'auront pas économisé leurs efforts dans ce beau concert - un des plus intéressants de la saison.
Concert entendu le 28 février 2019.
Orchestre de Paris.
Philharmonie de Paris.
Avenue Jean Jaurès Paris (19e).
>> orchestredeparis.com